Alors que son pétaradant live Baionarena vient de sortir, Manu Chao et Radio Bemba achèvent ce vendredi à Nice un triomphal Tombola Tour. Dimanche soir, la tonitruante troupe a offert au Zénith d’Amiens un concert de trois heures.
Il n’est pas loin de deux heures du matin lorsque Manu Chao nous invite dans sa loge du Zénith. Plus pour une rencontre informelle qu’une interview traditionnelle. Ce n’est pas le genre de la maison. Et d’entrée de jeu avouer « devoir faire gaffe à ma voix parce qu’en jouant chaque soirs, trois heures, je ne la ménage pas». On l’avait quitté quinze jours plus tôt, à Calais. Le même soir où, avant « Clandestino », il avait offert une tribune libre à des associations de sans papiers. Depuis la fermeture de Sangatte, les « clandestinos » de tous les pays habitent (où habitaient puisque les autorités françaises ont fait le ménage la semaine dernière) dans une zone de non droit baptisée la Jungle. « Le lendemain du concert, j’y suis effectivement allé, j’ai rencontré des gens dignes qui vivent dans des conditions indécentes, indignes» concède Manu Chao. « Franchement, j’ai honte d’être français. Ce qui me révolte le plus, c’est que la fermeture ne va rien résoudre. Où sont les passeurs qui demandent des sommes de dingue en promettant n’importe quoi ? » s’insurge l’artiste.
Quelques heures auparavant, le plus généreux des chanteurs montait sur la scène d’un Zénith plein à craquer pour un tsunami de bonnes vibrations.
« Toute la tournée est très belle, ça restera un bon souvenir. On sent très bien sur scène que les gens sont chauds et qu’ils ont vraiment besoin de se lâcher». Les 180 minutes de concert font écho aux propos de l’ancienne figure de la Mano Negra. À peine Radio Bemba sur les planches, plus personne ne tient en place. Autant sur les morceaux extraits des trois albums de Manu que sur ceux de la Mano, la sauce prend. Il faut dire que la machine est rodée plus que jamais. Le son chaud et festif de la trompette s’invite dans les morceaux. Bien sûr, un concert de Manu Chao restera toujours un concert de Manu Chao mais les versions sont ici retravaillées, reliftées et parfois transcendées.
Comme ce riff de trompette dans « Peligro». Par contre, contrairement à sa dernière tournée, Manu offre consacre un bon moment (une bonne demie heure) à Sibérie m’était contée. Disque né de sa rencontre avec le dessinateur Wozniak et qui sert de bande son aux poèmes croqués par l’ami polonais du chanteur et guitariste. Et de rappeler que l’album est téléchargeable gratuitement sur le site manuchao.net. Ambiances fifties et plus posées, le registre convient parfaitement à Manu et à un groupe très inspiré ce dimanche. L’instrumental « Pinocchio » sera joué plusieurs fois dans une ambiance de folie. Folie douce mais folie quand même.
PHILIPPE MANCHE
Album Baionarena (Because Music) – 2 cd + 1 dvd.
dom
2 octobre 2009 à 9 h 17 min
et en belgique,on les revois quand?