Les belles histoires de Dominique A

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Dans la foulée de « La musique », Dominique A sera ce mardi soir au Botanique et mercredi au Parc, à Liège. Retour sur un artiste à la discographie aussi exigeante qu’impeccable.Comment aborder cette tentative de portrait sans tomber dans le convenu ? Redire combien Dominique Ané a décomplexé la chanson française comme son contemporain (breton lui aussi) Miossec ? Insister une nouvelle fois sur l’exigence qui habite une œuvre d’une richesse inouïe ? Vous bassiner, chers lecteurs et lectrices, sur la faculté qu’a cet artiste – qui s’apparente à une tête chercheuse – à explorer sans cesse les chemins de traverse ? Redire que Dominique A est le chef de file d’une certaine chanson française minimaliste qui n’en finit pas de faire des petits (voir ci-dessous) ? Et qu’à ce titre, son influence est aussi importante que celle de Noir Désir pour la scène rock hexagonale ?

Qu’il navigue sans cesse entre ombre et lumière ? Qu’il a sorti huit albums dont La musique, dernier en date, qui renoue 17 ans après avec La Fossette ? Qu’on lui a timidement envoyé un mail à la sortie de L’horizon pour lui dire qu’il nous a fallu une semaine avant d’écouter le reste de son avant-dernier disque tant le lecteur CD restait bloqué sur la magnifique chanson éponyme ? Que c’est chaque fois la même chose avec ses albums où il y a toujours une chanson qui nous brise l’âme comme l’émouvant « Il ne dansera qu’avec elle » ? Ou qu’à la sortie de La Fossette, la rédaction de feu Rock This Town en était toute retournée ?

Hugues Henry, rédacteur en chef du mensuel rock, s’en souvient : « La Fossette agissait comme un véritable lifting musical ; tout était repensé à l’état d’épure, les lignes mélodiques étirées sans doubles croches, pour qu’elle soit belle, cette fossette ! Je me souviens aussi de ma première interview de Dominique Ané, par téléphone. Il était encore dans sa France natale. Si timide au téléphone (comme étonné de ce qui lui arrivait, hésitant sur l’attitude à adopter), et moi tout autant, comme si je craignais de le déranger dans son univers intimiste alors que je n’avais qu’un souhait : qu’il ne cesse d’en repousser les limites. »

Dominique A n’a fait que cela en presque vingt ans de carrière. Repousser les limites. À grands coups de forces motrices. Sur disque, bien sûr. Et sur scène aussi. Où seul ou en groupe il « repousse les limites ».

L’ancien programmateur des Halles de Schaerbeek Philippe Kauffman – les concerts mythiques des 25 et 26 avril 1999 sont gravés dans nos mémoires – n’a pas raté une seule prestation de l’auteur d’« Antonia » et du « Courage des oiseaux ». « Cette tournée 2009 est sans doute une des formules les plus terriennes, avance Philippe Kauffman. Il s’y dégage un sentiment de maturité. Les pieds sur terre. Une voix adoucie et profonde. Sans effets. Rock, quoi ! »

Dominique A en concert ce mardi au Botanique (tout est complet) et demain mercredi 21 au cinéma Le Parc à Liège. Infos et réservations au 04-222.27.78. Album La Musique (Wagram ; distr. PIAS). http://www.dominiquea.com/ http://www.myspace.com/dominiquea

Les enfants de Dominique A

BabX

David Babin aime (entre autres) David Lynch. Comme Dominique dont le premier groupe s’appelait John Merrick, le héros d’Elephant Man. Musicien depuis l’âge de 17 ans où il quitte le domicile familial pour : « Vivre la grande histoire d’amour qui finit toujours et faire de la musique en autodidacte », BabX a enregistré deux albums dont le récent Cristal Ballroom (Warner). Le jeune homme (24 ans) a son propre label. Et un talent fou. Qui rappelle celui de Léo Ferré. Rien que ça. Infos : www.myspace.com/babx

Bertrand Belin

C’est le petit « chouchou » de l’auteur du remuant Remué. Qui nous disait en 2007 : « Qu’il serait bon que les chanteurs français se rappellent que Thomas Edison a existé pour autre chose que faire marcher le frigo. Par ailleurs, il y en a qui s’en sortent très bien. Comme Bertrand Belin. Parce que l’acoustique est intégrée à la composition même. » Si sa voix peut faire songer à celle de Dominique, son ouverture d’esprit (musiques de spectacles…) l’est tout autant. infos : www.myspace.com/bertrandbelin

Carl

Dans l’entretien à paraître dans le MAD de ce mercredi 21 octobre, Carl revendique l’influence de Dominique A autant que celle de Ferré (ben tiens !) parce que : «Son écriture m’emmène loin. J’aime bien ce genre d’écriture où on y va à tâtons.» On retrouve également à travers les treize chansons de son remarquable premier album Où poser des yeux ? une tension retenue comme dans les plus belles chansons du Nantais. Infos : www.myspace.com/carlclebard

Pierre Castor

Il y a des détails qui ne trompent pas. Le premier album démo de cet auteur-compositeur-interprète s’appelle La sourde oreille. En référence revendiquée au Disque sourd de Dominique A. Pierre Castor se targue d’être l’un des 150 heureux détenteurs du premier album de Dominique. Et poursuit la correspondance en chantant en duo le très beau En défiant la glace avec Françoiz Breut, ancienne amoureuse de monsieur Ané. Infos : www.myspace.com/pierrecastor

PHILIPPE MANCHE


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