Le chanteur de Louise Attaque et de Tarmac, complice de Bashung, de Rachid et de Vanessa, sort son premier disque solo : géant !
Treize ans après être apparu au sein de Louise Attaque, qui détient toujours le record national du premier album le plus vendu de l’histoire de l’industrie française (2,5 millions d’exemplaires !), Gaëtan Roussel n’a cessé de multiplier les projets, apparaissant là où on ne l’attendait pas nécessairement.
Il a d’abord mis Louise Attaque entre parenthèses. Le quatuor s’est divisé en deux : Tarmac d’un côté (le violoniste Arnaud Samuel restant avec Gaëtan) et Ali Dragon de l’autre, formé par Alexandre et Robin. Le groupe se retrouve en 2005 pour un troisième album mais chacun retrouve sa liberté ensuite.
Gaëtan la met à profit pour collaborer avec Alain Bashung sur Bleu pétrole dont il écrit et réalise la moitié des titres. Il compose également la musique du film Louise-Michel de Kervern et Delépine (dont il vient de signer également la B.O. du nouveau Mammouth). C’est ensuite l’album de Rachid Taha, Bonjour, qu’il supervise, écrivant l’excellente plage titulaire qui lui ressemble, tout comme le « Il y a » offert à Vanessa Paradis. Un parcours sans fautes…
« Ce sont tous des artistes Barclay, avec qui j’ai signé, mais c’est un pur hasard, nous a raconté Gaëtan, plus souriant et détendu que jamais. Bashung, c’est grâce à ma manager, Clarisse, qui a organisé un dîner car Alain était fan de Matt Ward et du label Beggars Banquet dont elle s’occupait à l’époque. On a passé une chouette soirée et le lendemain, Alain me rappelait pour papoter et me demander si j’avais des idées de chansons. J’ai envoyé des maquettes et coup de bol, il a aimé. Rachid, je l’ai croisé dans un bar du quartier où on vit tous les deux. Vanessa m’a demandé un titre pour son Best of. Ce que j’aime dans ces rencontres, c’est qu’on me laisse aller jusqu’au bout de la réalisation des chansons. On ne me demande pas juste de les écrire. »
C’est bien sûr l’éblouissant Bleu pétrole qui lui apporte une reconnaissance définitive dans le métier et une visibilité publique qui le sert pour la sortie de ce premier album solo : « Je travaillais déjà sur mon disque quand Rachid et Vanessa m’ont sollicité. J’ai beaucoup appris avec Bashung. Si mes chansons sont des réussites, c’est parce qu’il les interprète. Ce sont ses chansons au final. Quand il chante “Les mots bleus” de Christophe, ça devient sa chanson. »
Entre New York et Paris
Il est vrai que le « style » Roussel (cette guitare sautillante, cette petite musique toute simple qui a fait la gloire et l’essence de Louise Attaque…) s’entend davantage sur « Bonjour » et « Il y a » que sur Bleu pétrole. Et tout l’intérêt de Ginger est justement qu’il est très différent de ce que Gaëtan a pu faire jusqu’ici. Enregistré entre New York et Paris, il balance entre le français et l’anglais, gorgé de chœurs soul et funky, d’incursions dance, le tout sous la houlette de Joseph Dahan (ex-bassiste de la Mano Negra et de Tarmac) avec lequel il a tout écrit, et de Gordon Gano, Mister Violent Femmes qui avait déjà produit le premier Louise Attaque : « Je savais où je voulais aller pour me décaler par rapport à mes réflexes naturels. Je voulais éviter la recette qui consiste à prendre mon ukulélé ou ma guitare et chanter ma petite chanson dans mon coin. Je voulais un disque hospitalier, qui allait à la rencontre de gens avec qui je voulais travailler, à New York comme à Paris. Ce qui donne un disque très ouvert. Je n’ai pas envie de me répéter. Mais plus d’aller vers les autres. C’est ça l’intérêt d’un disque solo. C’est ouvrir le cercle fermé constitué par un groupe comme Louise Attaque qui se retrouvera sans doute un jour mais pour le moment, ce n’est pas à l’agenda. »
Le disque Ginger est à ce point bon et fort qu’on peut sans trop se tromper pronostiquer son succès. Pour Gaëtan, ce projet a bien évidemment priorité. Il part d’ailleurs tout de suite en tournée avec son nouveau groupe (ils seront huit sur scène, dont Joseph Dahan à la basse). On le verra au Printemps de Bourges et aux Nuits Botanique avant les festivals d’été et, sans aucun doute, une suite automnale.
THIERRY COLJON
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