C’est Pâques et quelque chose cloche : le duo suédois JJ vient de publier un second album labellisé « n°3 ». Fausse erreur de calcul pour libérer du froid un vent d’electro-pop éthéré qui fait chaud au cœur.
Les voies du succès sont impénétrables. Été 2009, un tube addictif s’empare de la blogosphère. D’un timbre diaphane, presque irréel, une voix féminine se couche sur une ritournelle chipée au « Lollipop » du rappeur Lil’ Wayne. Ce tube en or, c’est « Ecstasy ». Rapidement, le buzz enfle : JJ, l’auteur de cette douce ode droguée, n’existe pas pour le commun des surfeurs. Pas de site web, pas de MySpace. Face à l’inexistence virtuelle du projet, la toile s’affole, relaie le clip vidéo du single et alimente les rumeurs les plus folles.
Quelques semaines plus tard, JJ sort de l’ombre. Ou plutôt de Göteborg où Joakim Benon et Elin Kastlander secouent leur deux consonnes en hommage à Truffaut (JJ pour « Jules et Jim ») et publient un premier album baptisé « n°2 » – le « n°1 » étant attribué à un maxi distribué sous le manteau. Dopés par une production hyper léchée, leurs morceaux réinventent l’electro-pop par une fusion des antipodes de la bibliothèque iPod : Enya rencontre Lil’ Wayne, Ennio Morricone danse sur Everything But The Girl, et c’est toute la planète pop qui palpite.
Neuf mois plus tard, le nouveau bébé de JJ s’appelle « n°3 ». Écrit et enregistré au cours de la même session que l’album précédent, l’ouvrage réactive une pop d’apparence glaciale qui, en germes, renferme une forêt tropicale. Car chez JJ, il y a du sable sous la neige et des palmiers sur la banquise. Langoureuse, énamourée, la mélodie y carbure à la mélancolie. Le duo excelle un peu plus encore dans la séduction : l’art de poser ses mots et de charmer l’auditeur. Les singles s’annoncent (« My Life », « You Know », « Let Go », etc.) et le groupe vient juste d’entamer sa tournée : quelques dates américaines où JJ accompagne XX. Histoire d’écrire les lettres de noblesse d’une musique qui n’hésite pas à fredonner des airs polaires pour se tailler une place au soleil.
Nicolas Alsteen
JJ « n°3 »
Le clip de ‘Let Go’
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