The Tallest Man On Earth : saveurs et traditions

Le Suédois Jens Kristian Mattson embarque sa guitare, part sur les routes du folk et, pour seul fringue, revêt un patronyme qui, déjà, côtoie la légende : The Tallest Man On Earth. Petit par la taille, grand par le talent, le garçon signe ‘The Wild Hunt’, un des meilleurs albums de l’année.

Depuis que Bob Dylan veut prêter sa voix à un système de guidage GPS, on ne sait plus trop à quel saint se vouer, sur quelle route s’aventurer. Pour se remettre dans le droit chemin, on a choisi d’écouter les histoires codées du Tallest Man On Earth, un bel homme, haut comme trois pommes. Pour s’exprimer, il opte naturellement pour le plus petit dénominateur commun : une voix et une guitare. Car il ne lui en faut pas plus pour déposer quelques hymnes intemporels aux pieds de l’histoire, là où résonnent encore les accords de Skip James, Son House et Robert Johnson. « C’est à leur contact que j’ai appris à jouer de la guitare, je ne peux pas le nier », reconnaît-il. « Mais ce sont juste des influences. Rien de plus. J’essaie toujours de dépasser cette conception bipolaire de la musique : ce n’est pas simplement le passé et le présent. De ce point de vue, on vit une période exceptionnelle. Aujourd’hui, si tu aimes la musique, tout est à portée de mains. Sur la toile, via les blogs et les sites de référence, on ne cesse de nous conseiller des trucs géniaux. Dans la minute, tu peux l’écouter. Si tu aimes, tu peux acheter l’album. Désormais, tout est accessible : tu n’es plus obligé d’attendre que la radio te passe quelque chose de potable. »

Dans son temps, The Tallest Man l’est indéniablement. Ses chansons racontent l’époque. Pourtant, elles entretiennent un lien, sincère et inextricable, avec la tradition et toutes ses formes d’expression. En cela, certains voient en lui la figure d’un enfant prodige, celle du fils spirituel de Dylan. « Cette analogie entre lui et moi, c’est essentiellement une vision journalistique. J’aime Bob Dylan depuis toujours. Mais voilà longtemps que je suis passé au-dessus de ces questions de comparaison. N’empêche, il y a un truc avec Dylan… Il suffit de se procurer un best of et de l’écouter en boucle. C’est inaltérable, inusable. À mes yeux, ça reste une des meilleures manières de tomber amoureux de la « bonne » musique. » La sienne, il ne la doit à personne. Jens Kristian Mattson enregistre ses chansons en solo, se livre seul sur scène et, toujours, fait front. « Je ne veux absolument pas savoir à quoi pourrait ressembler ma musique si j’étais accompagné d’un groupe ou d’un orchestre. Là, dans l’instant, je suis seul, je laisse libre cours à mes fantasmes. Par exemple, j’adore jouer de la batterie dans ma tête, frapper mon pied sur le sol pour simuler une rythmique. Ça m’aide à garder le bon tempo, mon bon tempo ! » Sur ‘The Wild Hunt’, il ne le lâche jamais, à aucun instant. Comme une bonne soupe, la mélodie tient au corps. Du début à la fin du disque, on est estomaqué par la force, la puissance, de ces airs éraillés. Là, face à ce flot d’émotions, on hésite : sourire ou pleurer, rester ou tout claquer. Certain d’avoir rencontré un fidèle compagnon d’aventure, on s’élance sur la route en compagnie du Tallest Man. Prochaine étape, le Pukkelpop. Et après ? Peu importe, on lui fait entièrement confiance.

Nicolas Alsteen

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‘The Wild Hunt’

[youtube fJfhaayOAy0]


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1 commentaire

  1. chasseur immobilier toulouse

    4 mai 2010 à 10 h 22 min

    Très belle découverte…pour moi :o)

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