La formation de rock américaine basée à
Brooklyn publie, avec « High violet », un cinquième album à la beauté complexe.
Entretien
En une petite dizaine d’années, le groupe emmené par le hanté Matt Berninger s’est taillé une solide place sur l’échiquier de la planète « indie rock ». Le quintet de Cincinnati, aujourd’hui, installée à Brooklyn, la Mecque du rock à New York, va encore plus loin avec High violet. Un cinquième album dont nous parle l’affable, pas plus tard que tout de suite.
Vous avez consacré quasi la totalité de vos deux dernières années à ce nouvel album. Aujourd’hui, vous enchaînez les interviews à travers le monde. Parfois une bonne question peut-elle déclencher un nouvel éclairage sur votre travail ?
Bien sûr, cela arrive. Nous sommes de toute façon des gens ouverts par nature. Ce qui nous plaît, ces jours-ci, c’est justement de parler de ce nouvel album. Nous avons eu le nez dans le guidon suffisamment longtemps. Alors, oui, nous sommes ravis de rencontrer la presse. Ravis aussi de la réaction de tes confrères. C’est rassurant parce que, si les journalistes sont sincères – et j’ai le sentiment qu’ils le sont –, ça veut dire que nous n’avons pas fait du si mauvais travail. À mon tour de te poser une question. As-tu déjà rencontré un artiste dont tu n’appréciais pas spécialement l’album ?
Bien sûr, et plus d’une fois. C’est humain, on ne peut pas tout aimer. Je me souviens d’une rencontre avec Lindsey Buckingham, le guitariste de Fleetwood Mac, à l’occasion d’un de ses albums solo. Il a vite perçu que je n’étais pas spécialement fan et l’interview était plutôt froide et un peu tendue…
C’est marrant que tu mentionnes cela parce que nous aussi, on perçoit très vite, peut-être pas à la première question, mais assez vite, si la personne a bien écouté l’album et si elle aime The National.
La première chose qui frappe à l’écoute de « High violet », c’est sa complexité et sa noirceur. C’est dû au fait que vous avez terminé votre dernière tournée sur les rotules ?
Je ne sais pas. Par contre, très vite dans le processus de création, nous nous sommes rendu compte que ça allait déboucher sur un album plus tordu, plus barré. Il est plus agressif que Boxer, qui n’était pas non plus un album joyeux.
Vous souhaitiez des compositions plus troubles ?
Si ta définition de « trouble » s’apparente à des compositions plus nuancées, je suis d’accord. L’eau est moins claire, elle serait boueuse. C’est un disque plus musclé et plus fort, au niveau du son en tout cas. Et, à côté de cela, les arrangements sont plus complexes et plus sophistiqués. Nous avons utilisé des instruments comme la flûte, du violoncelle, des cuivres, des violons. Nous voulions vraiment arriver à quelque chose de particulier.
C’est tellement vrai que « High violet » ne s’impose pas d’emblée. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour mesurer et apprécier toute sa complexité…
C’est parce que nous avons passé énormément de temps à fignoler les arrangements. Si le disque est aussi costaud, en termes de textures sonores, c’est parce que nous n’avons pas eu peur de nous perdre, quitte à y glisser des incursions classiques en termes d’harmonies. Nous avons d’ailleurs l’intention d’avoir des musiciens additionnels en tournée. Et comme nous avons enregistré chez nous, dans notre studio de Brooklyn, nous étions totalement détendus. Sans pression extérieure.
The National sera à l’affiche du Pukkelpop Festival, à Kiewit (Hasselt), le samedi 21 août 2010. Infos sur pukkelpop.be.
PHILIPPE MANCHE
High violet
Enregistré dans le garage d’Aaron Dessner à Brooklyn, le compositeur de The National, High violet est non seulement audacieux par la qualité de ses compositions mais aussi par l’ampleur globale de ce formidable disque. Si « Terrible love » peut évoquer Mogwai par son approche postrock, l’ensemble – très sombre, à l’image de ce « Terrible love » ou encore du désespéré « Sorrow »- respire d’arrangements subtils et riches. Les cordes qui achèvent « Little faith » rappelleraient presque les Bad Seeds de Nick Cave. Ces fervents supporters de Barack Obama viennent de sortir un grand disque, tout court. En se fichant des étiquettes et en défiant les genres musicaux.
4AD – Bertus.
TheNational
6 mai 2010 à 10 h 30 min
Superbe nouvel album !!! Vivement qu’on nous annonce une date en (petite) salle qui se prête bien mieux à leur musique qu’un Pukkelpop(Et je n’ai rien contre le Pukkelpop j’y vais d’ailleurs.)
chasseur immobilier toulouse
6 mai 2010 à 13 h 11 min
Très bel album, j’aime beaucoup ce groupe !