Le retour de la vieille école

t-20100512-00wrtu-11.jpgMêlant années 50 et 80, les New-yorkais du groupe The Drums ont trouvé leur home sweet home.

En un an à peine, dans la foulée d’un concert chroniqué au superlatif par le blog Brooklyn Vegan, voilà The Drums parachuté par les chroniqueurs en tête de liste des groupes à suivre. Celui-ci allie le soleil de Floride, où ont été écrits les titres d’un premier album emballant, collant à la grisaille voire la noirceur de l’époque. Un morceau comme « Best friend » renvoie aux heures de gloire de Factory en même temps que le clip qui l’illustre s’articule autour d’une chorégraphie où se croisent Michael Jackson et Monsieur Hulot. Bref, très old school dans les références. Et, dixit Jonathan Pierce, le chanteur de la formation, c’est pareil pour l’attitude !

Vous diriez que c’est votre touche personnelle, ce mélange de mélodies pétillantes et de textes plus tristes ?

C’est en tout cas ce que j’aime en matière de musique. The Smiths, voilà un bon exemple de ces groupes qui ont écrit des chansons au son « joyeux » mais dont le contenu est neuf fois sur dix désespéré. Nombreux sont les gens qui peuvent s’y reconnaître : tout le monde veut se sentir heureux, mais là-dessous, il y a la misère qu’on sent très bien quand on écoute les textes. On peut relier ça d’une certaine manière à l’Amérique des années 50, à sa perfection de façade : la mère de famille parfaite, le mari parfait qui allait travailler, les enfants parfaits… Alors qu’en réalité, en profondeur, tout était bien plus difficile, plus glauque.

L’immédiateté des refrains et l’expression sur le vif, c’est très pop…

Oui, ça doit être immédiat. C’est ce qui est tellement excitant car il y a là une gratification instantanée. Et c’est ce que nous essayons de faire : écrire des chansons simples qui tombent tout de suite dans l’oreille. Sans que l’auditeur ne s’en rende compte, les trois minutes sont passées et il est pris. Ce sont les restrictions, les limites que nous nous fixons et à l’intérieur desquelles nous essayons d’être créatifs, de créer quelque chose de dynamique.

Avec le risque, aussi, de vous retrouver enfermés dans un style ?

Pourquoi faudrait-il changer ce qui nous pousse depuis le départ ? Si les choses se passent bien pour nous, c’est parce qu’il y a notre musique. Je ne suis pas contre le fait d’affiner mais bien de changer. Nous voulons que The Drums soit un groupe comme les Strokes, les Smiths ou les Ramones, dont le premier album sonne comme le dernier et tous les autres écrits entre-temps. Être un groupe fiable.

Fiable ?

Neuf fois sur dix, c’est comme si les groupes devenaient tout le temps autre chose. Quand on me dit que je dois écouter le nouvel album d’Untel parce que c’est « tellement différent », ça me donne juste envie de ne pas le faire. Pourquoi changer ? Qu’est-il arrivé à votre vision ? Notre deuxième album sera dans la même ligne, le troisième aussi… Nous avons refusé pas mal de choses. Travailler en studio avec une « idole », ferait une belle histoire, mais… Non.

Vous mentionnez souvent les Smiths !

J’ai écouté beaucoup de groupes dans cette veine, mais j’imagine que ce nom-là sera plus parlant que celui de Durutti Column, par exemple…

La jeune génération connaît les Smiths ?

En Angleterre et en Europe, oui, je pense. Aux Etats-Unis, peut-être pas autant : les Smiths n’y ont jamais été un groupe important, plutôt underground, disons un tout petit peu plus que culte. Mais si vous posez la question à n’importe lequel de mes amis qui a grandi dans la petite ville où Adam et moi avons vécu (NDLR : Adam Kessler le guitariste, et Horseheads, Etat de New York), ils ne savent pas vraiment qui sont les Smiths. Cela dit, je pense qu’à leur exemple, on recommence à faire de la bonne musique !

Didier Stiers

En concert le 17 mai aux Nuits Botanique, le 21 août au Pukkelpop.

www.myspace.com/thedrumsforever


The drums

Ah, ces harmonies vocales débridées et ces refrains éminemment pop, chantés à tue-tête, c’est un vrai petit coup de soleil ! Façon Beach Boys, ou Shangri-Las… Plus vintage que « Book of stories », il n’y a pas. Mais dans la grisaille du début des années 80 alors. Une époque dont on retrouve ce son dépouillé, ces rythmiques syncopées qui claquent sèchement. Et côté look, une petite pincée d’ambiguïté sexuelle. « Let’s go surfing » et « Best friend » sont des hits en puissance, à écouter sur la route des vacances. Mais pas seulement…

Moshi Moshi/Coop/V2 (Sortie le 7 juin)

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