A défaut d’être la plus fréquentée des Nuits, la soirée de mercredi était sans aucun doute l’une des plus intéressantes en terme de programmation. C’est bien simple. Sur le coup de 20 heures, on se serait volontiers couper en… quatre pour ne pas devoir choisir entre les déclamations habitées du vétéran Gil Scott-Heron au Cirque, la charmante pop xylophonée de Broadcast 2000 au Grand Salon, le rap de ISWHAT?! à l’Orangerie et Sunny Day in Glasgow sous chapiteau (que nous soit ici permis une petite parenthèse sur les libertés prises par les musiciens en matière la géographie : on connaissait déjà les Allemands de Tokio Hotel, les Australiens d’Architecture in Helsinki, les Suédois I’m From Barcelona, A Sunny in Glasgow nous vient des Etats-Unis). Résultat, on a choisi d’aller voir Male Bonding à la Rotonde. Male Bonding, c’est l’un des rares groupes british du label Sub Pop (celui qui a découvert Nirvana). « Quand on est anglais et qu’on veut figurer sur Sub Pop, il faut mouiller le maillot, entend-on dans la salle. Un peu comme un footballeur belge qui veut jouer à Arsenal. » Male Bonding est titulaire indiscutable.Avec son chanteur qui ressemble à Steve Albini, son bassiste qui pourrait être le frère de Kurt Cobain et son batteur dont les fûts doivent se prendre pour Rodney King un soir de rencontre avec la police (elle est omniprésente mais pas trop envahissante au Botanique), Male Bonding en balance plein les oreilles. « Je n’aime pas les chansons longues, dixit John Arthur Webb. Je m’ennuie quand je les écoute et je m’ennuie quand je les écris. » C’est court. Urgent. Il y a du Shellac, du Sonic Youth, du grunge et des voix éthérées aux relents shoegaze chez ces trois-là. Comme quoi, ca peut-être bien une première fois…Pour la plupart des artistes présents aux Nuits, le Botanique n’est plus une terre vierge. 50% des artistes à l’affiche du festival sont déjà passés par le Bota. Les Dodos, par exemple, ont déjà fait le tour du propriétaire. Confirmation de la tendance, c’est le jour des batteurs. L’hallucinant percussionniste de Broadcast 2000 avait d’emblée placé la barre très haut en jonglant avec sa caisse à moitié recouverte d’un essuie, quelques boîtes en carton et grosso modo tout ce qui lui tombait sous la main. Logan Kroeber se la joue plus viril. Quand on y réfléchit, les Dodos, c’est un peu la même formule. Un chanteur qui joue de la guitare acoustique, un batteur hyper doué et un mec qui s’amuse avec un vibraphone (un gros xylophone dans le fond). Leur troisième album, Time to die, nous avait laissés sur notre faim mais ça vaut toujours la peine un concert des Californiens. Les chansons sont tirées en longueur, partent dans des solos de batterie, commencent pop pour s’achever psychédéliques.Les mecs de San Francisco travaillent actuellement sur un quatrième album et en proposent l’un ou l’autre nouveau titre mais rien a priori d’aussi convaincant que les Fools et Red and purple de Visiter.Pour terminer la soirée, on a rendez-vous avec le tourmenté Bradford Cox. Pas sous l’étiquette Atlas Sound comme il sera d’ici quinze jours à l’affiche du Primavera barcelonais mais à la tête de Deerhunter (oui, comme le titre anglais de Voyage au bout de l’enfer). Si tant est qu’il faut une bonne raison pour tourner, Deerhunter est censé défendre son Rainwater Cassette Exchange EP, sa dernière sortie. Bradford, atteint d’une maladie génétique rare (le syndrome de Marfan), n’a comme d’habitude pas vraiment l’air dans son assiette mais le set est impressionnant et habité. A la fois noisy et mélancolique. Pop et hypnotique. Extrait de Microcastle, Calvary Scars, qui conte l’histoire d’un gamin désirant sa propre crucifixion publique (on vous a dit que Bradford n’était pas un joyeux luron), bluffe en guise de final. Ne faites jamais de croix sur un concert de Deerhunter…J.B.
mf
17 mai 2010 à 14 h 24 min
Déception quant à la qualité du son dans le chapiteau (Dodos, Deerhunter, ..)
Les basses avaient une telle puissance que le reste était ..noyé. Il fallait deviner les chants et les guitares, ou alors être sourd comme un ingé son. Par contre, la batterie et la basse, on les entendait, que dis-je, on les ressentait, surtout par des douleurs dans les tympans, à moins de se tenir dans la moitié arrière de la salle.
C’est dommage, pourtant les salles à l’intérieur sont toujours très sonorisées.