Il était une fois CocoRosie

Le Cirque Royal a refait le plein à l’occasion de la venue des Danois d’Efterklang mais surtout de CocoRosie. Bianca et Sierra pourraient parfois être prises pour les rejetonnes allumées de Björk et Tim Burton ; elles furent plutôt sages, ce samedi soir.

Les sœurs Casady, elles aussi proposant un tout récent nouvel album (Grey oceans), sont accompagnées sur la présente tournée par un trio auquel les fans eux-mêmes ont pris goût. Mais entre le pianiste, le percussionniste et le beatboxer, y’a pas vraiment photo : c’est ce dernier qui met le feu. Quand ces dames vont souffler quelques instants en backstage, c’est d’ailleurs le formidable Tez qui a droit à son solo, soit une impro étourdissante qui vous transporte sur un dancefloor secoué par les basses et les scratches d’une sono… logée nulle part ailleurs que dans la gorge et les cordes vocales de l’intéressé.Bref, tout ça pour dire que c’est le même Tez et les (vraies) percus qui impriment au concert de CocoRosie ses rythmes les plus appuyés. Car les deux frangines, parties l’après-midi faire un petit tour à la Gay Pride, ont manifestement opté pour un répertoire plus planant qu’autre chose. Débutant avec « RIP burn face », extrait de ce récent CD dont 8 des 11 titres qu’il compte seront joués, elles occupent paisiblement la scène, habillées presque sobrement d’une sorte de grande chemise de nuit blanche pour l’une, et d’une espèce de manteau à jabot et capuche pour l’autre.

La sonorisation est soignée, ce qui permet d’apprécier la diction des chanteuses. Les envolées lyriques de l’une, notamment quand elle se glisse à la harpe pour « K-hole », répondent au ton de gamine de l’autre. Sierra et Bianca dessinent une nouvelle fois cet univers qui les fascine tant. Un monde de fées sur lequel plane l’ombre du loup-garou, un monde où les petites filles jouent sous l’œil d’un clown au sourire cruel, un monde, enfin, où apparaissent des champignons et des croix qui n’attendent pas grand-chose pour s’enflammer : les projections, en fond de scène, parlent d’elles-mêmes. Surtout qu’en plus de 90 minutes de concert, on verra passer plusieurs fois ces séquences.

Quand Coco et Rosie s’adonnent à une partie de jeu de mains (« Hopscotch »), font chalouper la salle (« Promise ») ou accueillent la moitié du duo de Brooklyn Light Asylum en rappel (pour « Tranny power »), les bruitages (ici et là un brin envahissants) nés de jouets en plastique, ou les interventions parfois même rigolotes du beatboxer, finissent toujours par se mélanger aux notes dramatiques du piano à queue. Fantasmagorique quasi en permanence. Lugubre parfois. Assez en tout cas que pour ne plus jamais le dire avec insouciance, le traditionnel… « bonne nuit, les petits » !

Didier Stiers

Setlist
– RIP burn face
– Black rainbow
– Undertaker
– Fatherhood
– Happy eyes
– The moon asked the crow
– Black poppies
– K-hole
– Smokey taboo

Interlude Tez

– Turn me on
– Hopscotch
– Animals
– Lemonade
– Grey oceans
– Promise
– Afterlife party
– Fairy paradise

Rappels
– Bear hides and buffalo
– Tranny power


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1 commentaire

  1. Joe

    17 mai 2010 à 17 h 17 min

    Quand on sait que K-hole fait référence à un bad-trip sur Kétamine, pas étonnant qu’elles chantent de clown, loup-garou, fées, champignons (!) et autres.
    Pour apprécier à fond un de leurs concerts, il faut se mettre au même niveau qu’elles, et sniffer!

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