Pendant toutes les Nuits, le Museum du Botanique s’est mué en Grand Salon. Dimanche, la salle reprenait ses prérogatives exhibitionnistes avec The Books et Avi Buffalo, deux commissaires d’expo pour lesquels la pop peut encore se décliner autrement.
Les fesses pieusement posées sur les confortables fauteuils rouges du Grand Salon, le public observe une toile gigantesque, tendue sur toute la largeur de la scène. Soudain, l’écran s’illumine. Le nom de The Books apparaît sur le tissu. Les deux New-yorkais font une timide entrée en scène. Nick Zammuto prend les commandes des samples, de la basse et de la guitare. Son compère, le violoniste Paul de Jong, lui emboîte le pas. Pendant près de quarante minutes, le duo explose le cadre musical et livre un set impressionnant où folk, jazz et electronica font leur cinéma. Sous ses contours complexes, la musique de The Books est simple et accessible, belle et visuelle. Etonnamment synchronisées avec les ritournelles acoustiques du duo, les vidéos projetées dans leur dos renvoient au quotidien. Un trafic journalier fait de petits riens auxquels chacun, dans l’assistance, peut se rattacher : un vol de mouettes, des images familiales, petits souvenirs heureux d’enfances paisibles, un duel d’appeaux entre chasseurs de canards sauvages, des scènes de réjouissance, des congrès politiques grandiloquents, des compétitions de bouffeurs de pastèques… Dans le public, des sourires fleurissent sur les visages. The Books captive son audience. Leur univers intrigue. Les images, les sons, les bruits, ici, tout est bidouillé pour façonner un espace douillet (mention spéciale au magnifique ‘Take Time’). On songe parfois à Notwist et on voyage énormément. Dans le temps, aussi, quand The Books reprend le ‘Cello Song’ de Nick Drake (un morceau joué en compagnie de José Gonzales sur la fameuse compilation caritative ‘Dark Was the Night’). Après quarante minutes, les histoires du groupe se referment. Une belle page des Nuits Botanique se tourne.
Dans la foulée, les quatre Californiens d’Avi Buffalo proposent des mélodies pop pur jus. Les musiciens de Long Beach passent en revue les titres de leur premier album éponyme (‘Avi Buffalo’) : des chansons gorgées de soleil où les chœurs se partagent entre les filles et les garçons. Au chant et à la guitare, Avi Zahner-Isenberg guide sa troupe sous un flot d’harmonies réjouissantes. Fraîche et passionnée, la pop du quatuor se loge dans une cavité déjà explorée par The Shins. D’ici, on voit bien la musique d’Avi Buffalo galoper sur la bande son d’un prochain ‘Juno’ ou d’un autre ‘Little Miss Sunshine’. En attendant, le groupe livre ses hymnes (‘What’s In It For?’, ‘Where’s Your Dirty Mind’) et monte dans les tours (‘Rember Last Time’) le temps de quelques décharges électriques à peine secouées des rythmiques d’une batteuse courageuse mais pas fougueuse. Les quatre ados quittent finalement la scène sous une nuée d’applaudissement. Quelques minutes après le concert, on siffle encore leurs chaudes mélodies au vent, froid et glacé, du mois de mai. Joli contraste.
Nicolas Alsteen
michel
17 mai 2010 à 19 h 42 min
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