Home / LES FESTIVALS / Spanish bombs

Spanish bombs

par le 2 juin 2010

Primavera (3/3). Primavera, ce n’est pas que le Parc Del Forum. Etendue de béton située en bord de mer où se déroule la majeure partie des concerts. C’est aussi de petits showcases dans le parc Joan Miro au centre de Barcelone. L’occasion de sauver les sacrifiés. Comme ce samedi après-midi, les Américains de Thee Oh Sees. La veille, le groupe de San Francisco se produisait en même temps que Scout Niblett et Low (venu interpréter l’intégralité de son album The Great Destroyer).Thee Oh Sees, c’est rock’n’roll, primitif, psychédélique. Une gratte à douze cordes, un chanteur qui gobe son micro et un mec bizarre qui joue de la basse avec sa guitare… Créé en 1997, le gang de John Dwyer voit sa cote de popularité grimper et semble enfin pouvoir dépasser les bonnes critiques et le statut d’outsiders. Le public est lymphatique. Reste assis bien sagement. On aurait presque envie de retourner les tables et de balancer les chaises en plastique pour secouer l’assemblée.
Dans la foulée, minés par des problèmes de sons, les Ganglians incitent surtout à se barrer. Leur acid pop naïve (c’est eux qui le disent) attise tout de même la curiosité. Les gars de Sacramento seront à Gand le 24 juin.
Retour sur le quartier général… Ambiance krautrock. Michael Rother est venu présenter la musique de Neu ! à tous les petites jeunes qui adorent Beak et Fujiya et Miyagi. Steve Shelley de Sonic Youth est à la batterie. C’est tellement bien foutu qu’on se laisse hypnotiser, entre en lévitation. Mais pas au point de totalement brosser Atlas Sound. Entre le Primavera d’été et celui d’hiver, avec Atlas Sound ou Deerhunter, Bradford Cox est un habitué du festival barcelonais. Il est même en train de nous battre des records à la Federer.
Quand on débarque, le bonhomme, seul en scène, a déjà joué Walkabout (cet incroyable morceau bâti sur un sample des Dovers ). Mais ça nous console : Noah « Panda Bear » Lennox qui donne de la voix sur le disque et se produisait la veille n’est pas venu lui prêter son concours. C’est un peu déconcertant mais Cox assure avec sa guitare acoustique, son harmonica et ses boucles. « C’est la mer ou l’océan juste derrière vous ? Ah, la Méditerranée alors ? Désolé, j’ai jamais été très fort en géographie. » Vaut mieux entendre ça que d’être sourd.
En attendant, cette année, la mer on peut la voir de près. Le site a été réaménagé et la scène Adidas essentiellement consacrée aux groupes espagnols longe la côte. Sympa. On n’en écrira pas autant de The Bundles. Le projet de Jeffrey Lewis et Kymia Dawson. Mais sans Kymia Dawson. Anecdotique.

Liquid Liquid met dans le bain

On aurait préféré les voir à l’Auditorium que du côté de la Ray Ban, trop grande et parfois balayée par les vents maritimes, mais les Grizzly Bear ont, en ce qui nous concerne, pris une belle revanche sur leur concert du Cirque royal. La voix d’Ed Droste est plus sobre. Beaucoup moins maniérée. Et c’est tout le groupe new-yorkais qui en sort gagnant. On ne retrouve pas encore totalement la magie des disques (est-ce tout simplement possible ?) mais on s’en approche. Les harmonies vocales ont de la gueule et les fins de chansons sont toujours exceptionnelles. La classe.
No Age, c’est plutôt la hargne. Pensionnaires du Smell comme Health, Abe Vigoda ou les défunts Mika Miko, les Angelenos font dans le rock noisy qui décoiffe. C’est la toute grosse ambiance. Tout en puissance. Les gamins se marchent dessus, se volent dans les plumes. On attend le nouvel album avec impatience. « Un son mature. Pas plus ennuyeux. Mais plus riche, » annoncent les Californiens. On se demande déjà combien lui filera Pitchfork. Le Webzine, réputé radin, a accordé un 8/10 à Weirdo Rippers. Et 9,2/10 à Nouns, son successeur. Pas étonnant que le concert ait lieu sur sa scène « primaverienne ».
On brosse tout ce qu’il y a de plus volontairement The Drums, Matt & Kim et Gary Numan. On regrette cependant de n’avoir pas vu davantage des Charlatans qui portent pour l’occasion mal leur nom et interprètent avec brio Some Friendly leur premier album sorti il y a vingt ans déjà. On pense forcément aux Stone Roses. Mais aussi aux meilleurs concerts qu’on ait vu de Primal Scream. Ca sonne. Tim Burgess a de l’allure. Pour peu, on se croirait à Manchester dans sa période complètement Mad.
A peine le temps de dire ouf qu’on se retrouve catapulté à New York. Fin 70, début 80. Et autant vous dire que ça devait être la fête quand on entend les restes de Liquid Liquid. « Padre » post punk/no wave bien conservé de !!!, LCD Soundsystem et de toute l’écurie DFA. C’est dansant à souhait. Plein de percus. Avec une énergie de dingue. Grosse claque. Comme ce Cavern entre autres pompé par Grandmaster Flash. Idéal contre le coup de pompe.

Chanson pour le pape

En 2009, ils avaient foutu un fameux bocson. Même endroit et plus ou moins même heure. Cette fois, les Black Lips suscitent moins d’enthousiasme. Les flower punks sont flanqués de King Khan et de BBQ et jouent l’album qu’ils ont enregistré ensemble en deux jours à Berlin sous le nom de The Almighty Defenders. Une récréation en somme. Les trublions chantent chacun à leur tour. Dédient une reprise d’Elvis au pape (He Touched Me) pendant laquelle King Khan simule une fellation sous la soutane de Cole Alexander. Les spectateurs rigolent. Font la farandole. Capital sympathie maximum.
L’heure tourne. Notre avion part dans cinq heures (c’est vrai, c’était une mauvaise idée le retour du dimanche matin, surtout si c’était pour rater le Doudou) mais on n’allait pas abandonner Health à son triste sort. Petite déception. On n’a jamais entendu les Californiens jouer moins fort. En attendant, Die Slow fait toujours plaisir et visuellement, ça en jette. Sans fioriture. A l’énergie. « Je me demande à quoi ça ressemblera une fois que l’Asiatique aura coupé ses cheveux, » nous glisse-t-on dans l’oreille. Bonne question. Pour l’heure, ce qui est à l’ordre du jour, c’est la sortie le 22 juin de Disco 2. Remix de son album Get Color. Soyons honnêtes. Nous, on est un peu pâle au moment de reprendre la route et les airs.
Julien Broquet

Nos précédentes chroniques du festival Primavera:

Primavera: planet of sound 

Rock Cerveza Barcelona

aussi

commenter par facebook

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *