Soirée hip-hop à Bruxelles : les vétérans au poste

dsc_0218.JPGOn ne vieillit pas tous de la même façon. C’est bien connu. Après avoir vu deux groupes de vétérans américains au VK Concerts de Bruxelles, je vous le confirme, c’est une banale généralité qui s’applique aussi au hip-hop. Critique.


J’arrive en retard. Je me rends dans la salle du fonds, d’où proviennent des airs de soul, de hip-hop, de jazz. Le Bruxellois DJ Lefto est seul derrière les platines. La foule est peu nombreuse, mais il se donne à fond. Et ça groove. Dangereusement.

Un Kev Brown discret vient installer son déclencheur de samples (aidez-moi, quelqu’un, je n’ai aucune idée comment ça s’appelle), salue discrètement les quelques spectateurs. Il retourne derrière les rideaux. Quelques minutes passent, DJ Lefto laisse sa place au DJ X Rated.

Le MC vient finalement sur scène, explique que Masta Ace n’est malheureusement pas de la partie (soucis de passeport), mais qu’il est là d’esprit.

LMNO, plonge en premier. Son style est direct, sérieux. Vient ensuite Kev Brown, qui reste effacé en premier lieu, avant d’éclore et d’occuper la scène comme un maître de l’art. Il n’est plus le même qu’il y a quelques minutes à peine, alors qu’il installait ses trucs à côté du DJ. Serviette sur l’épaule, son style est sobre, tant visuellement que lyriquement.

Au programme, quelques chansons des projets solo des deux artistes et (c’est ce qui m’intéresse le plus) des pièces tirées de leur dernière collaboration, l’album Selective Hearing Part 2, construit à partir de sons tirés de la musique du parrain de la soul, James Brown.

Il n’y a certes pas grand chose d’original dans ce concept. James Brown est énormément utilisé, des centaines de chansons contiennent des extraits de ses pièces. C’est le traitement qui est original dans le cas de l’album de LMNO et Kev Brown. Les sons sont parfois méconnaissables, le rap du duo apporte un brin de fraicheur, de modernité. Et c’est funky, tellement funky.

Un bel exemple de deux rappeurs actifs et renommés dans les années 1990 qui ont su évoluer, renouveler leur style et produire de la bonne musique après des hits éphémères et un bref flirt avec les palmarès.

Leur performance terminée, DJ Lefto prend le relais encore une fois, en attendant l’arrivée de Camp Lo. Il y reste d’ailleurs afin d’accompagner le duo.

Les deux immenses New-Yorkais débarquent chargés à bloc. Énergie, interaction avec la foule, (gros) bras dans les airs, tout est là.

Ah, non, j’oubliais, la musique n’y est pas. Avec des rythmes anachroniques et des paroles sans intérêt, on comprend mieux pourquoi la critique a passé leurs deux derniers albums à la déchiqueteuse.

La performance scénique est super et la foule semble apprécier, mais que vaut de l’énergie si les chansons que l’on défend sont nulles ? Et que dire des bottes de cowboy de Geechi Suede. Fashion crime !

Pascal Raiche-Nogue (st.)


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