Chez Biolay, tout est beau !

Finalement, le concert reporté de trois mois, jeudi à l’AB, de Benjamin Biolay, a fait le plein le soir même alors qu’il avait été prévu en version ABFlex plus réduite.

Et cela valait la peine d’attendre car Benjamin a livré un des concerts les plus forts de l’année. Brillamment entouré d’un groupe de stars (Pierre Jaconelli à la guitare, Denis Benarrosh à la batterie, « notre » Nicolas Fiszman à la basse), d’une violoncelliste harpiste choriste et d’un pianiste jonglant avec tout, notamment les ondes Martenot, Benjamin s’est donné à fond. Assumant pleinement dorénavant son statut de chanteur, il tient la scène comme jamais. Ne tenant pas en place, il bouge comme un Nick Cave, voire un Miossec, le micro collé aux lèvres et la cigarette jamais très loin. Le public le porte littéralement. Et il est le premier à rappeler qu’il est peut-être le plus Belge des Français. « Lyon presqu’île », c’est à l’Archiduc de la rue Antoine Dansaert qu’il l’a écrite, comme beaucoup d’autres chansons. Lui qui enregistre tous ses disques à l’ICP où il se sent chez lui.

Biolay habite véritablement ses tourments chantés, ses peines de cœur, ses histoires de chair tendre, d’amours tristes et d’espoir qui fait vivre malgré tout. Chez Biolay, tout est beau, même le désespoir. Et quand il se retrouve seul au piano, c’est pour chanter « Ton héritage », la chanson écrite pour sa fille Anna qui s’est rendue compte, ce jour-là, un peu déçue, que son père n’était ni Lady Gaga ni Zac Efron.

Et puis il y a cette chanson, « Nuits blanches », qu’il avait envoyée, à sa demande, à Jacques Dutronc. N’ayant pas de réponse, il l’a mise sur son album Négatif. Entendant le disque, Jacques lui dit qu’il y a dessus une chanson qu’il aurait pu lui donner… Sacré Jacques qui est comme on le pense et même que c’est pour ça qu’on l’aime.
En plus de deux heures de concert, Benjamin ne perd jamais sa « Superbe », même quand il tombe la veste et, sur « A l’origine », tombe à genoux, cloué au sol, nous fait vraiment penser à Nick Cave hurlant sa peine. Des « Cerfs-volants » à cette géniale « Brandt rhapsodie » reprise avec sa harpiste, Benjamin émeut de bout en bout. Funky à mort. Quand il chante : « J’attendais en vain/ Que le monde entier m’acclame/ Qu’il me déclare sa flamme/ Dans une orgie haut de gamme » (« Padam »), on se dit là que ça y est : l’Artiste est à son sommet, qu’il a livré le meilleur de lui-même et de son Art. Et qu’il doit à tout prix nous revenir avant la fin de l’année.

Thierry Coljon


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18 Comments

  1. dubuisson vincent

    4 juin 2010 à 9 h 11 min

    Quel beau compte rendu!

  2. john John

    4 juin 2010 à 9 h 42 min

    Pour info, ce n’était pas des ondes Martenot mais un Terremin

  3. jacques

    4 juin 2010 à 10 h 06 min

    concert très chouette en effet mais le son était tout simplement abominable , vraiment dommage sur les balcons on comprenait à peine un mot sur 5 de ce qu’il chantait..

    le volume de certain instru était bien trop élevé et mal répartis …
    vraiment dommage de tenir un beau moment

  4. Leo

    4 juin 2010 à 10 h 52 min

    Très bon concert et magistral interprétation de “la superbe” et “à l’origine”. Encore Meilleure que la version studio.

    Mais contrairement à l’article, je n’ai entendu ni les “Cerfs-volants”, ni “Brandt rhapsodie”.

  5. Matdewas

    4 juin 2010 à 11 h 20 min

    Pour les curieux, l’instrument utilisé par le claviériste est un Theremin (parfois francisé en Thérémine), du nom de son inventeur.

    Excpetionnel concert en effet. Tout l’art de Biolay avec un très gros son, souvent rock, avec des pointes d’électro. Rien à redire.

  6. lesoir

    4 juin 2010 à 11 h 23 min

    @John John: l’un comme l’autre sont des instruments électroniques fonctionnant avec des ondes. Martenot est le nom de l’inventeur.
    @leo: et pourtant, et pourtant… il les a bien chantées

  7. Marien

    4 juin 2010 à 12 h 43 min

    Quelques bémols quand même dont je m’étonne que Thierry Coljon, excellent connaisseur, ne se soit pas fait l’écho.

    Le son d’abord. L’AB n’est pourtant pas coutumière du fait, mais là c’était franchement proche de la bouillie sonore par moment. Et moi, je n’étais pas au balcon mais au milieu (certains en ont donc perdu les “Cerfs-volants”, et “Brandt rhapsodie”!). Le plus grave est que l’on peut soupçonner notre ami Ben de s’être complu dans la saturation …

    Lui-même n’était pas au summum de sa forme vocalement (c’était la dernière date de la tournée), parfois à contre-temps, il a ainsi bafouillé sa “Superbe” (et entraîné les musiciens avec lui dans ce presque ratage) et carrément massacré la première partie de “Jardin d’hiver”. Lio en aurait sorti le rouge …

    Enfin, comme souvent avec les chanteurs français (le comble étant atteint par Murat), Biolay s’est installé lui aussi dans la posture de l’Artiste avec un grand “A”. Pauvre Springsteen qui n’est malheureusement pour lui qu’un mec avec une guitare …

    Reste un bonhomme que j’ai découvert sur scène, loin des clichés hautains, réellement chaleureux et reconnaissant.

  8. Marc

    4 juin 2010 à 13 h 11 min

    Très beau concert en effet. Je ne l’avais jamais vu en concert et c’était une brillante confirmation.

    Il y a plus de mots ici: http://mescritiques.be/spip.php?article1104. Et les images arrivont aussi…

  9. Jonathan

    4 juin 2010 à 13 h 29 min

    Biolay: Bof, bof…..
    Moi qui ne connaissait pas (ou très peu), j’ai trouvé le show très Bof. Un manque de présence scénique, des samples repompé sur des morceaux ultra connus,…. Pour le contenus, je ne permettrait pas de donner mon avis…..
    Alors Biolay,….certains l on comparé à Gainsbourg, à part une voie grave et un fichu caractère, la comparaison s’arréte la.

  10. jacques

    4 juin 2010 à 13 h 36 min

    Son vraiment catastrophique en effet …
    Comment est ce possible ans une salle de cette renommée ???

    L’homme est reste class, humble et chaleureux avec son public

  11. dim

    4 juin 2010 à 13 h 37 min

    @ lesoir. Si si, c’est bien un Theremin et non Ondes Martenot.

  12. C-A

    4 juin 2010 à 14 h 57 min

    Enfin, il s’amuse sur scène ! Quelle évolution par rapport à ses précédentes pestations scéniques … Cela faisait plaisir de le voir bouger et même esquisser quelques pas de danse. Un bémol tout de même : la version de “A l’origine” était inécoutable, c’était du bruit pas de la musique. Sinon, la version de “La Superbe” m’a donné des frissons.

  13. corto

    4 juin 2010 à 15 h 28 min

    Un bon concert mais pas un grand concert. Tout d’abord un peu gaché par un son trop aggressif, quelques beaux ratés, “jardin d’hiver”, Keren Ann en fait une version bien plus émouvante en concert, “ton héritage” aurait été bien meilleure avec un seul accompagnement au piano, “à l’origine” en final tape à l’oeil.
    Finalement, ce qui me plait chez Biolay, c’est qu’il n’a pas encore atteint ses limites, ses excellents albums devraient être mieux produits, il pourrait travailler sa voix pour y apporter plus de nuances. Il est évidemment tout devant dans la chanson française mais pas encore loin devant comme l’était Bashung.

  14. Rikaï Zaza

    4 juin 2010 à 23 h 51 min

    Je pensais que les liens vers d’autres sites étaient interdits, ou au moins “modérables”… 2 poids, 2 mesures ?

  15. Elisabeth

    5 juin 2010 à 5 h 51 min

    Merci Monsieur Coljon pour ce très juste compte rendu.
    C’est exactement comme cela que j’ai ressenti le concert magique de ce très généreux Benjamin Biolay. Que d’émotions ressenties tout au long de ce fabuleux spectacle.

  16. Elisabeth

    5 juin 2010 à 6 h 07 min

    Et sinon, je n’ai rien à reprocher niveau son, j’ai peut-être de meilleures oreilles 🙂
    Je trouve certaines critiques tellement négatives et non justifiées… soit, nous vivons dans un monde où certaines personnes ont tellement difficile de reconnaître lorsque quelque chose est beau, magique.
    Et il me semble qu’il est précieux d’avoir du respect pour un artiste complet et intelligent tel que Monsieur Biolay.

  17. Rikaï Zaza

    5 juin 2010 à 22 h 19 min

    Amen

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