L’acoustique fantôme de The Acorn

Deux percussionnistes, une tournée hâtive et un peu de Neil Young. Entrevue avec Rolf Klausener, de The Acorn.

The Acorn publiait lundi son nouvel album, “No Ghost”, en Europe. Lors du passage de la formation canadienne au Botanique de Bruxelles vendredi dernier, Frontstage s’est entretenu avec son chanteur, Rolf Klausener. Interview.

Le lancement de No Ghost survient à un drôle de moment pour The Acorn, qui termine en Allemagne cette semaine une minitournée européenne.

« Nous voulions vraiment partir en tournée dès que possible, donc ça ne nous dérangeait pas que l’album ne soit pas sorti encore. Nous avons décidé de faire une petite tournée et essayer les nouvelles chansons. De toute façon, ce n’est pas possible de faire une grande tournée en Europe à ce temps de l’année à cause du grand nombre de festivals, les clubs ne programment presque pas de groupes. »

Les pièces tirées de “No Ghost” ont occupé une très grande place dans le spectacle au Botanique. Une approche qui étonne, puisque ce n’est ni le premier album du groupe, ni sa première tournée européenne. Certaines personnes devaient donc s’attendre à entendre des pièces des albums précédents, notamment de “Glory Hope Mountain”, lancé en 2007.

« Nous avons tourné avec Glory Hope Mountain pendant 26 mois. C’est long. On est heureux d’avoir un nouvel album, on est contents de jouer de nouvelles chansons. »

Difficile à décrire, la musique de The Acorn. Parfois folk, d’une finesse lyrique, pop par moments, ses éléments sont particulièrement bien dosés. Difficile également de définir où elle se situe à l’échelle canadienne et même européenne. Un peu comme Plants and Animals, un groupe de compatriotes.

« Nous connaissons les gars de Plants and Animals, ce sont de bons amis. Je ne sais pas, je ne sens pas que nous sommes un nouveau groupe « Pitchfork », cela fait cinq ans que nous jouons, nous accordons une grande importance à nos paroles. Les chansons sont importantes pour tout le monde, mais nous sommes un peu plus vieux que la moyenne des nouveaux groupes composés de jeunes, nous passons beaucoup de temps à travailler nos paroles, c’est une facette très importante de notre musique. Ça ne cadre pas nécessairement avec le indie-punk par exemple. »

Nous ne sommes visiblement pas les seuls à avoir de la difficulté à cerner la finesse de The Acorn. Si le chanteur ne peut l’expliquer sans faire des détours à nous en donner le vertige, c’est peut-être qu’on a affaire à de l’originalité à l’état pur. Ou à de la pop. Tout dépend du point de vue.

« Plusieurs personnes trouvent que The Acorn est très folk, et ils pensent que l’on ne joue que de la guitare acoustique. Il y en a, nous aimons la guitare acoustique, les instruments acoustiques. Les albums précédents étaient plus folk. Mais je ne sais pas où nous nous situons, parce que nous aimons explorer plusieurs genres et instrumentations. Nous pouvons être très forts et très doux. Au final, on peut dire que l’on est un groupe pop. »

Vient ensuite une comparaison imprévue avec un intouchable de la musique canadienne, tous genres confondus, un certain Neil Young.

« On aime explorer divers sons, diverses dynamiques. Nous aimons beaucoup Talk Talk et s’il est question de folk, nous respectons beaucoup Neil Young. J’aime les artistes qui peuvent passer d’un genre à l’autre. Nous avons des chansons qui sont expérimentales, calmes et bizarres, puis nous avons des pièces pop, d’autres qui sont folk, rock. D’album en album, nous écrivons de la musique qui nous inspire. »

Sur scène, comme sur No Ghost, les percussions sont omniprésentes.

« Depuis quatre ans, nous avons un percussionniste et un batteur. C’est en partie à cause de Glory Hole Mountain, un album qui compte beaucoup de percussions multiples. Jeffrey, le batteur principal, est plus jazz, et Pat, le percussionniste, était dans des groupes hardcore quand il était plus jeune. Ça donne une dynamique incroyable. »

Pendant que nous discutons dans le corridor non loin de la salle, trois jeunes femmes viennent se présenter au chanteur barbu. Une Finlandaise, une Allemande et une Américaine en quête d’autographes. Même si ce n’est que la deuxième fois qu’une tournée de The Acorn s’arrête en Belgique, la réputation du groupe semble le précéder. L’interlude passé, Klausener poursuit son explication.

« On a des chansons qui ont des percussions doubles, mais qui sont extrêmement douces. J’aime les percussions polyrythmiques, mais on a aussi des chansons qui n’en ont pas. J’aime avoir le choix. »

No Ghost est disponible en Europe depuis hier (lundi) sur le label anglais Bella Union.

Pascal Raiche-Nogue (st.)


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