La 22e édition du festival hainuyer a débuté ce jeudi. Rock, reggae, électro, rap… Tous les chemins mènent à Dour. Même ceux de la convivialité. Si les concerts commencent ce jeudi vers 13h30, le camping a ouvert ses portes mercredi après-midi à 15.000 festivaliers qui ont forcément eu le temps de se chauffer. Il y a donc pas mal de public, et un public très enthousiaste, dès les premiers concerts de cette 22e édition. Pas encore sold out, une fois n’est pas coutume. Entre le Dance Hall et la Magic Tent, un groupe passe, armé d’une… vuvuzela du plus beau rose. On n’est pas à Werchter. Les ramasseurs de gobelets ne sont pas encore entrés en action. On les compte par dizaines (les gobelets, pas les ramasseurs) entre les chapiteaux autant que dessous.
D’accord, Playboy’s Bend, Lucy Lucy, Piano Club et Eiffel, tous programmés en cette première après-midi, ont joué aux Ardentes la semaine passée.Mais pour nous, Dour, c’est surtout l’occasion de découvertes.Découverte déjà de ce qui se fait de l’autre côté de la frontière linguistique. Et par exemple de Kapitan Korsakov. Grâce à leur single « When we were hookers », les Flandriens ont reçu le prix du riff le plus foudroyant de 2009 dans l’émission Select sur Studio Brussel.Qualifiés de Fucked Up belge, le trio se situe plutôt entre les Queens Of The Stone Age et Drums Are For Parades. Stoner, noisy. Le chanteur essuie son tee-shirt Jesus Lizard sur la tête des premiers rangs en balançant les derniers riffs de guitare. Dour démarre au quart de tour !
Découverte, ensuite, sur scène de ce qu’on a récemment adoré sur disque. En l’occurrence le premier album de Louis Warynski, alias Chapelier Fou. Le Lorrain, avec son nom de scène emprunté à Alice au pays des merveilles (c’est le nom du personnage incarné par Johnny Depp dans le film de Burton) aime autant les violons (d’où les comparaisons à Yann Tiersen) que les claviers et les ordinateurs. Seul en scène, il jongle et bluffe littéralement un Dance Hall comble et conquis. Une fameuse surprise.
Sélection hardcore
Dour, c’est aussi découvrir ses propres limites. Eprouver sa capacité de résistance (fin des concerts à 5 heures du matin). Ou tester le seuil toléré par ses oreilles. Ce qu’essaient de nous révéler Hoods et son chanteur, peur de rien, vêtu d’un maillot des diables rouges. Une centaine de fêlés se rentrent dans le lard sur du hardcore bourrin.
Ambiance. Dans la même catégorie des garçons qui auront eu du mal à trouver un local de répétitions en milieu urbain, les quatre de Todd font également très fort. Ces Anglais-là donnent dans le noise hardcore apocalyptique teinté de blues. Et d’humour. Du moins, c’est ce qu’on déduit quand on voit le chanteur (croisement entre un trachéotomisé et un Darth Vader sans son costume) se jeter par terre tout en continuant à éructer. Ou quand on constate que sur leur album Big, la plage 11 s’intitule French and in France, et la 13, French and out of France.
Dour, c’est enfin découvrir de projets exceptionnels, des collaborations inattendues. Se faire surprendre par Saule qui monte sur scène pendant le concert de KomaH, une formation métal wallonne. Ou, juste avant Faith No More, jauger Wovenhand & Muzsikas, soit le groupe de David Eugene Edwards et un collectif de musiciens folkloriques hongrois. On vous en parle dans nos éditions samedi. Et sur Frontstage, bien sûr.
Didier Stiers et Julien Broquet