Les organisateurs du Pukkel savent comme personne pratiquer l’art du contre-pied. Puisqu’ils célèbrent le 25e anniversaire du festival, il était logique de s’attendre à de ronflantes surprises, dans le cadre d’un événement qui a contribué à écrire l’histoire de la pop et du rock en Belgique. Mais non… Voilà qu’ils nous balancent des têtes d’affiche à faire froncer quelques sourcils.
Iron Maiden et Placebo (pour la énième fois en festival au Plat Pays) ce jeudi, The Prodigy et Snow Patrol ce vendredi. Par exemple. On s’attendait à de l’inédit ; on croise sur cette affiche pas mal d’habitués ou presque.
Cela dit, pas question de se plaindre. D’abord parce qu’en tant que dernier gros festival de l’été, sold out qui plus est, le Pukkel semble toujours plus festif que ses concurrents. Et puis, avec un tel line-up pléthorique, on passera forcément de bons moments musicaux, que ce soit en compagnie de découvertes ou de l’un ou l’autre vieux de la vieille qui arrivera encore à nous séduire. Les paris sont ouverts.
Des noms ? Dans la foulée des Queens of the Stone Age et d’Alain Johannes, John Garcia viendra ainsi chanter du Kyuss, le groupe qu’il a contribué à lancer en 89. Les Flaming Lips ne sont pas du genre à décevoir en live. L’électronique Richie Hawtin se retournera sur son riche parcours en tant que Plastikman. Gonjasufi et Flying Lotus comptent parmi les pensionnaires les plus excitants du label Warp. Quant aux Belges, certains sont attendus au tournant… Soulwax, qui n’a plus rien proposé de vraiment neuf depuis un moment. Les Tellers version 2.0 : feront-ils bouger un public plus large que celui du Bota ? Et ces Drums Are For Parades, castés par John de Ghinzu pour la prochaine Nuit du Soir ? On dit d’eux qu’ils sont ce que notre terroir a produit de mieux depuis longtemps en matière de rock aux accents métalliques. Nous pourrions poursuivre… Voyez ci-contre quelques-uns de nos coups de cœur, mais d’autres feront probablement partie du lot à l’heure du feu d’artifice. Une chose est sûre : anniversaire ou pas, nous y serions allés quand même !
Des Muslims au Soft Pack
Ils semblent sortis d’une école de commerce. Sont aussi remuants sur scène que les Strokes. Et viennent de changer de nom après trois ans d’existence. Sur papier, il y a plus vendeur que The Soft Pack. Mais dans les années 2000, il ne faisait quand même pas très bon s’appeler The Muslims. Même pour un groupe de rock. « On était vraiment fatigués et dégoûtés par tous les commentaires ignorants voire racistes qui sortaient de la bouche des gens. Que ce soit lors de concerts ou en interviews d’ailleurs… Ca allait de vilains jeux de mots à de mauvaises blagues, » racontent les quatre jeunes gens dans leur loge de l’Ancienne Belgique tandis que l’un sifflote sous la douche et que l’autre se refait une beauté devant le miroir.
Il y a du Modern Lovers dans la musique des lascars et cet album, sobrement intitulé The Soft Pack, enregistré à Brooklyn au Saltlands studio. Un disque produit par Eli Janney, le bassiste/claviériste des Girls Against Boys, sacrément efficace dans le genre pop vintage, étouffée et racée. 32 minutes et des caouettes pour dix titres urgents qui font apparaître les Californiens dans le rétroviseur de Julian Casablancas et compagnie avec des titres accrocheurs genre « Down on loving », « Answer to yourself », « Move Along » ou « Pull Out »…
Originaire de San Diego, The Soft Pack (un emballage plus doux que The Muslims) est monté à Los Angeles. Il ne répète pas dans les énormes studios de Dave Mustaine (Megadeth) où a notamment trouvé refuge toute la scène du Smell (Abe Vigoda, Health…). Il s’entraîne tout simplement dans le garage de son guitariste. « Ca n’a pas l’air d’emmerder les voisins.
D’un autre côté, on ne partage pas un mur mitoyen avec Brad Pitt et Angelina Jolie… »
Les mecs ont par contre déjà tourné avec les Black Lips dont ils semblent partager l’acharnement au travail à en juger par leurs dix concerts donnés en un seul jour à Los Angeles le 30 janvier dernier, lors du FYF, The Fuck Yeah Fest… « Ca allait du barbier au magasin de vêtements en passant par la maison d’un Crystal Antlers… ». Ils ont aussi, grand honneur, été invités par les sœurs Deal à jouer au festival All Tomorrow’s Parties quand la programmation fut confiée aux Breeders. « T’imagines ça, mec ? Choisis par la bassiste des Pixies… »
Post punk et poppy, les Californiens, collectionneurs de disques, reconnaissent sans sourciller l’influence de Jonathan Richman, apprécient les Monks et s’intéressent autant au rock, qu’au funk, à la soul et au hip hop… Ils peuvent ramener des disques. Les souvenirs de tournées ne prennent pas encore trop de place dans leurs valises. « On a peu d’anecdotes. Si ce n’est qu’un chien s’est emballé un jour lors d’un contrôle à un poste frontière. Les flics nous ont enfermé dans leur fourgonnette. Ont longuement fouillé notre véhicule. N’ont rien trouvé. Et quand ils nous ont laissé sortir, leur clébard avait bouffé nos burritos. Il crevait juste la dalle. » Peut-être aussi avait-il flairé le talent…
Vendredi, de 15h10 à 15h50, au Club.
Queens of the Stone Age
Vous voyez le beau spécimen de mâle photographié ci-contre ? À l’heure où ressort en version luxe l’halluciné « Rated R », pierre angulaire du stoner rock, Josh Homme se repointe après avoir inauguré à Werchter notre été festivalier au son du blues tendu de Them Crooked Vultures. Là, il le boucle avec ces Queens nées sur les cendres de Kyuss. Si les incontournables de leur répertoire secoueront 25e édition, espérons aussi quelques nouvelles compos. Cerise sur le gâteau : il y aura du bonus sous les riffs de ces rockeurs du désert : Alain Johannes, guitariste de TCV et de QOTSA dont le premier CD perso vient de sortir s’offrira à Kiewit un passage en solo « pas que rock »…
Samedi, de 21h20 à 22h30, Main Stage.
Tame Impala
Le buzz qui annonce leur arrivée sur les scènes européennes est né comme un bruit lointain. Normal : Kevin Parker, Dom Simper et Jay Watson sont issus de Down Under. De Perth, pour être géographiquement précis. Leur patte ? Un mélange pop rock marqué par de belles harmonies vocales et un penchant clair pour les envolées psychédéliques. La bio officielle ajoute d’autres ingrédients encore, genre poésie beat et le prog rock… turc ! Innerspeaker, leur premier album, a été enregistré face à l’Océan Indien et est distribué en Belgique à un prix plus décent que celui de l’import. En plus de les apprécier à Hasselt, vous pourrez dès lors vous aussi faire le trip qu’il propose, que ce soit au casque, face à la jetée d’Ostende ou ailleurs.
Jeudi, de 14h20 à 15h, au Club.
Broken Bells
Il est quand même fort ce Danger Mouse. Sans doute l’une des personnalités les plus importantes, libres et futées du music business. Capable de se réinventer. De tourner le dos au succès pour des projets plus indés… Après le raz-de-marée Gnarls Barkley, la production du premier Gorillaz, de The Good, The Bad and the Queen, Brian Burton (son vrai nom) avait déjà pris la tangente avec feu Sparklehorse et David Lynch. Malgré moult péripéties, l’album Dark night of the soul, depuis longtemps disponible sur internet, vient d’ailleurs, enfin, de sortir chez EMI. Mais cette fois, c’est avec James Mercer (le leader de The Shins) et sous le nom de Broken Bells qu’on retrouve Super souris. Dans le juke-box de son vaisseau : pop spatiale et vintage. Bell, bell, bell… Samedi, de 20h25 à 21h15, au Marquee
The Tallest Man on earth
Il y a des conditions plus propices à un concert du Tallest Man on earth qu’un festival d’été. Le troubadour suédois Kristian Mattson n’en a pas moins sorti au printemps dernier un deuxième album exceptionnel à ranger, si tant est que vous ayez abandonné le classement alphabétique, à côté des disques de Bob Dylan. The Wild Wunt, soyons fou, c’est un peu le Blonde on blonde scandinave des années 2000. Et comme le garçon s’est en plus taillé une solide réputation scénique avec ses concerts habités, on oublie vite l’indigestion folk. Le fait d’avoir été gavé ces deux dernières années comme des oies du Périgord. Sa voix à la Robert Zimmerman en fera fuir plus d’un mais The Tallest Man on earth a tout d’un grand. D’un très grand.
Vendredi, de 20h45 à 21h35, au Château.
STIERS,DIDIER,BROQUET,JULIEN
MoriArty
19 août 2010 à 12 h 14 min
Enfin un article qui ose dire qu’on n’en peut plus de voir les mêmes tronches aux festivals ! 😉
Placebo comme tête d’affiche d’une soi-disant édition anniversaire, quelle (mauvaise) blague !
‘Fin bon, ce n’est pas ça qui empêchera les festivaliers de bien se marrer… Bon Pukkel à eux !
corto
19 août 2010 à 12 h 54 min
Effectivement, le Pukkel se mord la queue cette année, beaucoup de déjà vu et pas d’exclu excitante, mis à part le grandiose Richie Hawtin. Je voulais Arcade Fire, Gorillaz et LCDSS et me retrouve avec Placebo et Iron Maiden…. Evidemment, avec 150 groupes présents, il est toujours possible de se faire un paquet de concerts intéressants, mais la plupart d’entre-eux sont passés ou passeront par BXL cette année. Alors, un effort pour l’année prochaine svp and guys, let’s have fun anyway.
OL
19 août 2010 à 13 h 10 min
Même pas un petit mot pour The National (juste avant QOTSA) ???
eaulivier
21 août 2010 à 7 h 32 min
Un peu has been leurs têtes d’affiches quand même : Placebo, Limp bizkit, Prodigy, Blink 182…
Quelle pitié.
Mais effectivement il y a d’excellents noms pour le reste, comme d’habitude.