C’est un peu l’OMNI de cet été : M comme “Musique” et comme “Monáe”, puisque c’est son nom. Janelle. Janelle Monáe. Retenez bien ces quelques lettres, parce qu’elles risquent bien de briller cet hiver, sur les podiums et sous le sapin. Cette jeune fille de 25 ans, petite protégée d’Outkast et de Sean « Puff Daddy » Combs, a sorti en mai dernier un disque tout simplement irrésistible, « The ArchAndroid ».
Dix-huit titres qui lorgnent autant du côté de la Philly Soul que du hip hop rétro-futuriste de Big Boi et d’André « 3000 » Benjamin, de la pop d’Of Montréal (Kevin Barnes est un pote) que de l’électro cinétique de Broadcast. Construit comme un authentique voyage sonore au scénario plus qu’improbable (une histoire d’androïdes, donc), ce disque mille-feuilles est l’une des claques de l’année. C’est bien simple : les sept premiers titres se révèlent tous des tubes, qui s’enchaînent sans blanc ni temps mort, avec une classe folle. Aux Etats-Unis, la belle cartonne déjà, et on comprend vraiment pourquoi…
Parce qu’en plus d’être clairement talentueuse et fort bien entourée, Janelle est belle comme un cœur : il suffit de visionner le clip de « Cold War » (http://www.youtube.com/watch?v=lqmORiHNtN4) pour s’en rendre compte, sorte de clin d’œil au « Nothing Compares 2 U » de Sinead O’Connor, dans lequel Janelle s’invite en gros plan sur votre écran d’ordinateur, pour ne plus le lâcher. Janelle le matin, le midi et le soir. Janelle qui verse une larme, sa jolie bouche tremblante, quand elle se trompe dans son playback. Janelle qui swingue comme une Michael période Jackson 5, au show de David Letterman, devant un Puff Daddy subjugué (http://www.youtube.com/watch?v=vMyc148Do_Q).
[youtube vMyc148Do_Q]
Si le King of Pop avait eu un gosse avec Lauryn Hill, il l’aurait sans doute appelée Janelle. Nous sommes en 2010, et cette petite Américaine à la moue si taquine nous rappelle, avec son disque, le meilleur du hip hop, de la pop et de la soul de ces quinze dernières années. Autant dire qu’à l’annonce du showcase de la demoiselle au Botanique, l’excitation s’est vite emparée de nous : Janelle Monáe à la Rotonde ! C’est maintenant ou jamais, parce que demain le monde se jettera à ses pieds, pour sûr.
Malgré une bonne heure de retard (obligations promotionnelles oblige sur les plateaux du « Laatste Show » de la VRT…), la chanteuse finit par débouler sur scène sous une cape croquemitaine : entourée de danseuses et d’un groupe bien funky (clavier, guitare, batterie, et quelques bandes pour pallier le reste), elle entonne tout de go « Dance Or Die », qui ouvre son album. Ca swingue à mort, et c’est vraiment réglé comme du papier à musique. « Faster » et « Locked Inside », dans l’ordre (comme sur le disque), enfonce le clou et nous laisse rêveur : c’est donc ça, l’entertainment à l’Américaine, ce vieux rêve fou qu’ont déjà titillé, avant elle, les « minstrel shows », le Rat Pack, les artistes Motown, Prince et ce modèle assumé qu’est donc Michael Jackson.
D’où cet hommage direct qui succède à cette trinité de tubes : une cover de « Smile », de Charlie Chaplin, le morceau préféré de Bambi. Tout cela (le chant, le groove, l’esthétique) semble même trop beau, trop parfait, pour être vrai : si l’envie nous prenait de jouer les blasés, on écrirait que ce showcase manquait de ce supplément d’âme, d’émotion, qui fait vraiment la différence. A force de concept fumeux (Metropolis, Philip K. Dick, etc.) et de maîtrise presque inhumaine, on peut se demander si ce petit bout de femme n’est pas, de fait, une sorte de « réplicante » imaginée par sa maison de disque. Puis on se prend « Cold War » et « Tightrope » (ses deux singles) dans les mirettes et les oreilles, et là on capitule : si Janelle Monáe n’existait pas, il aurait fallu, de toute façon, l’inventer… Surveillez bien cette chanteuse promise à un destin hors normes : elle va vous en faire voir de toutes les couleurs.
Grégory Escouflaire
philips
7 septembre 2010 à 22 h 57 min
Incroyable, la vidéo du Letterman Show.