Le duo électronique anglais Underworld revient aux affaires avec « Barking ». Un nouvel album mélancolique et organique, évoqué ici pour vous avec Karl Hyde.
Plus de vingt ans après leurs débuts, les « Parrains » de la scène électronique anglaise sont toujours dans la course avec un Barking de nouvel album. L’occasion de se poser, avec Karl Hyde, la pertinente moitié du duo. Karl, avant d’être musicien au sein de Underworld, vous êtes artiste peintre/plasticien au sein du collectif Tomato. Une galerie d’art à Tokyo vous consacre une exposition jusqu’au 15 septembre. C’est une consécration ?
Un accomplissement, oui. Ça m’a énormément manqué de peindre. C’est dans mes gènes. J’ai toujours peint. Bien avant de faire la musique, je peignais déjà. C’est mon mode d’expression. Le moyen que j’ai trouvé pour m’évader de ce monde de dingues.
Quelle est la connexion entre la musique d’Underworld et cette exposition ?
Dans ce cas-ci, c’est particulier parce que l’expo s’intitule What goes on in your head when you’re dancing. J’ai collectionné des notes ou dessins sur des papiers de chambres d’hôtel au Japon. De prime abord, je ne voyais pas vraiment la connexion. J’ai ensuite réalisé plusieurs dizaines de photos dans les rues de Tokyo. J’étais intéressé par les enseignes des magasins. Ca n’a rien à voir avec ce qu’on peut trouver à Bruxelles, par exemple. Je me suis rendu compte que ces enseignes correspondaient aux formes que je voyais dans ma tête lorsque je suis sur scène et que je danse avec Underworld. Je vois de l’espace, un immense espace rempli de formes diverses. J’ai exploré cela avec les tableaux que j’ai peint expressément pour cette exposition. C’est une exploration, une façon de capturer des mouvements, et nous avons une espèce de conversation. C’est très sain parce que même si ça peut être interprété comme une sorte de combat avec ma toile, ça me donne encore plus envie de faire de la musique avec Underworld. Je me suis rendu compte que je voulais retourner en studio. Et en sachant que dans la foulée, il y aurait de la scène.
Quelles sont les conséquences de votre travail pictural sur « Barking » ?
En général, je résous mes problèmes musicaux en peignant. Cela peut vous paraître abstrait, j’en conviens, mais si je suis dans une impasse en composant, je peins et je trouve une solution que j’applique ensuite à ma musique. Désormais, ce n’est plus vraiment comme cela. C’est devenu presque comme un état d’esprit, comme une espèce de liberté, un dialogue avec le médium. En gros, qu’est-ce que je fais lorsque je me retrouve face à un ordinateur alors que c’est juste de l’électronique ? Ce n’est pas du papier, c’est une machine quoi. Et c’est ça le challenge. Alors, bien sûr, lorsque Rick arrive, la machine devient plus organique et animale.
L’esprit, la « vibe » de ce nouvel album est assurément organique…
J’espère. C’est un processus volontairement ouvert. Nous avons délibérément ouvert un maximum de portes afin de voir ce qui se passe lorsqu’un dialogue s’installe avec d’autres musiciens et ce, avant que le disque ne soit enregistré.
C’est sans doute la première fois ou une des premières fois où vous laissez votre musique respirer autant. Il y a énormément d’espace au sein de la musique d’Underworld…
Rick a senti que c’était la meilleure chose à faire. Un autre élément important, c’est que la majorité de ces nouveaux morceaux ont été écrits à l’occasion de la tournée précédente. On jouait ces morceaux lors de nos concerts et l’espace, au sein d’un morceau, permet beaucoup plus de souplesse en live. C’est un processus finalement très contemporain.
Si on retrouve le son typique d’Underworld avec ses nappes de claviers, il y a quelques réminiscences années 80. Un petit coup de nostalgie ?
C’est intéressant parce que les gens qui nous connaissent bien nous ont avoué que le disque avait des sonorités allemandes à l’image de Neu. C’est cool parce que cela veut dire que nous revisitons quelque chose que nous aimons en l’intégrant avec la musique que Rick et moi écoutions avant de fonder Underworld. On adorait Soft Cell, Human League, Vince Clark, les premiers Ultravox… Je me répète : écrire la musique en tournée te permet d’avoir le meilleur juge possible, le public. Ça n’a rien à voir avec l’avis d’un mec de la firme de disques qui va te dire que le morceau n’est pas assez « ceci » et beaucoup trop « cela ». Notre travail reste identique. Faire partager notre musique à un maximum de gens. Et si le public n’aime pas notre morceau, à quoi bon insister ? On le dégage. Par contre, si la sauce prend, le dialogue s’installe et c’est magique. La beauté de la dance music, c’est qu’elle se moque des âges et des générations. C’est beaucoup plus libre que le rock ou la pop. Moins formaté, en tout cas.
Parlez-nous du morceau « Scribble », un mot qui signifie « gribouiller », « griffonner » en français…
C’est rigolo que tu mentionnes ce morceau-là parce que lorsque je peins à la maison, je suis assez démonstratif. Je fais des grands mouvements avec ma main et un jour, un de mes gamins arrive et me dis : « Papa, tu fais des gribouillis ». Dans la foulée, le téléphone sonne et nous évoquons un morceau sans titre avec Rick. Le titre en question est devenu « Gribble ». Comme quoi, ça tient à peu de choses.
Vous aviez une petite vingtaine d’années lorsque les Clash et les Sex Pistols ont tout retourné en Angleterre. Vingt ans plus tard, avec Underworld, Orbital, The Chemical Brothers ou Leftfield, vous participez à la naissance d’un nouveau mouvement musical qui réconcilie les fans de rock et ceux de musique électronique. Peut-on, aujourd’hui, comparez les années punk et les années « rave » ?
Les premières raves en plein milieu des champs aux alentours de 1986, 1987 avec des milliers de personnes défoncées dansant toute la nuit, c’était vraiment… punk. La première fois que j’ai vu des punks en rue faire un doigt d’honneur, je trouvais cela agressif et je me disais qu’on ne pouvait pas faire pire. Mais en même temps, c’était en parfaite adéquation avec leur musique. C’est-à-dire une musique nouvelle chargée de balayer la musique d’avant et d’apporter de la fraîcheur et de l’énergie. Je pense que c’est le rôle de chaque nouveau genre musical. La grosse différence, c’est que nous, avec nos ordinateurs et un groupe électrogène étions capables de faire danser des milliers de personnes et non une centaine de personnes comme un groupe punk qui joue dans un pub. C’était secret, et aussi excitant qu’illégal. On mélangeait Kraftwerk et Tangerine Dream avec un gros beat, et tout le monde dansait les bras en l’air. C’était notre « summer of love ».
Underworld sera en tête d’affiche de I Love Techno, au Flanders Expo, à Gand, le samedi 13 novembre 2010.
http://www.myspace.com/underworld
Infos : www.ilovetechno.be
PHILIPPE MANCHE
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Chasseur Immobilier Toulouse
15 septembre 2010 à 2 h 18 min
Un peu de mal à comparer l’époque “punk” et l’époque “rave” mais bon…..
chasseur immobilier Toulouse
19 septembre 2010 à 16 h 54 min
Revigorant !
Le 13 novembre approche…
EM