Fin mai, LCD Soundsystem publiait ‘This Is Happening’, troisième et ultime album du groupe à en croire les déclarations de son leader, l’affable James Murphy. Après l’Ancienne Belgique et les raouts estivaux, les New-Yorkais ont choisi la scène du Vooruit, à Gand, pour y déposer la boule à facettes. Et attaquer son dernier tour ?
Fin des festivals d’été. Retour en club. Pour James Murphy, la transition prend des allures de soulagement. « Les festivals, c’est cool… Mais c’est gigantesque. Ça me semble toujours étrange. » Retour en club, donc, et libération des sens. L’artiste est ici dans son élément. Et ça se sent. A ses côtés, il peut compter sur le soutien inébranlable de six musiciens, dont quelques notables pensionnaires du label DFA. La fidèle Nancy Whang en découd avec les claviers, Gavin Russom triture les machines et bidouille sec, tandis que Pat Mahoney mène le rythme à la baguette. Ailleurs, les lignes de basse rebondissent et les guitares se montrent incisives, totalement agressives.
Centrifugeuse de la culture alternative, LCD Soundsystem se pose un peu là : au carrefour de la collection de disques de James Murphy. Mélomane érudit et producteur avide, l’homme à la tête d’ourson revêt son costume de star (un simple tee-shirt blanc) comme pour mieux appuyer ses goûts musicaux. Murphy est l’antithèse absolue du chanteur sexy. Pour faire triquer sa proie, il présente un autre atout : une passion pour le disco, le punk, le glam et la new-wave. Le tout, passé dans l’essoreuse de son laboratoire electro-rock, donne naissance à une mixture sonique qui colle méchamment à la peau de ce début de siècle.
Pendant tout le concert, les figures d’Arthur Russel, Mark E. Smith, David Byrne ou Bowie s’agitent ainsi sous les hits ultra efficaces du groupe. Chez LCD Soundsystem, l’extase tient en peu de choses : un « Pow Pow » ou un « Yeah Yeah » et tous les corps déplacent leur centre de gravité autour d’un axe imperceptible, ondoyant et détraqué. Dans la joie et la bonne humeur, l’assistance profite de la proximité pour interroger James Murphy :
« Ça va, mec ? »
– « Super ».
« Ça te fait quel âge, là ? »
– « 40 ans. Et vous pensez que je vais bientôt crever, c’est ça ? »
Même dans l’anecdote, le leader de LCD Soundsystem flirte toujours avec la mythologie rock. Mais sans jamais l’embrasser. La mort d’un génie, le déclin d’un héros : autant de clichés qui gravitent autour de la légende. Avec humour et dérision, James Murphy dirige la manœuvre et nourrit les passions obsessionnelles de ses fans. Pour les calmer, il déballe un catalogue de tubes éclectiques et éclatés. Étincelant, le répertoire dégainé mercredi soir à la face du Vooruit procède du véritable best of. ‘Us v Them’, ‘Daft Punk is playing at my house’, ‘Drunk Girls’, ‘All I Want’, ‘I Can Change’,‘Tribulations’, ‘Movement’ ou l’impeccable ‘All My Friend’ qui, au terme d’une montée extatique, atteint glorieusement le sommet, quelque part sous la boule à facettes. Sur scène, LCD Soundsystem n’a peut-être jamais aussi bien sonné.
A l’heure du rappel, ‘Someone Great’ relance la machine. Dans la foulée, ‘Loosing My Edge’ met le feu aux poudres (« I was there ! »). Le concert s’achève sur le désormais classique ‘New york, I love you but you’re bringing me down’, hymne à la vi(ll)e et épilogue épique des prestations de LCD. Et là, plongé dans l’obscurité, rongé par l’angoisse et les menaces de mise à mort, on se met à espérer que ce n’était pas leur dernier concert en Belgique…
Nicolas Alsteen
Pat
10 septembre 2010 à 0 h 26 min
Que le terrain s’appelle Belgique ou Flanders ou autre, la musique qui se joue dessus sera toujours ce qui compte… Besides, NY’s the best!
corto
10 septembre 2010 à 10 h 20 min
J’avais préféré le concert de l’AB, pas grave, on ne se lasse jamais de voir LCD sur scène. Définitivement, l’un des groupes majeurs des années 2000, surtout l’un des seuls à proposer quelque chose de neuf et d’excitant, construit sur des influences séminales (Talking Heads, Eno, Kraftwerk..). James we love you.
chipito bernardez
10 septembre 2010 à 15 h 06 min
Talking Heads : je ne comprends pas la quasi-dévotion qui entoure ce groupe d’ethnico-variété :/
Chasseur Immobilier Toulouse
12 septembre 2010 à 0 h 17 min
Moi non plus….