Timber Timbre : facteur d’émotions

timbertimbre_fil_zuzarte.jpgOblitéré au Canada, le message de Timber Timbre est arrivé, mercredi soir, dans la boîte aux lettres du Botanique. Sous les lumières de l’Orangerie, Taylor Kirk, le leader du groupe, s’est offert au public en première partie du concert de Phosphorescent. Et, vu de la fosse, c’était lumineux.L’automne pointe le bout du nez. Dehors, les températures suivent le mouvement des feuilles. Pour se réchauffer, on se laisse porter dans les rues de la capitale, du côté de la rue Royale où Phosphorescent et Timber Timbre ont posé les guitares.
Véritable révélation de cette rentrée musicale, Timber Timbre est le projet de Taylor Kirk. L’homme est originaire de Brooklin. Aucun lien avec le Brooklyn new-yorkais et la hype de Williamsburg. Chez lui, dans l’Ontario, il n’y a que forêts, collines et campagnes : paysages rêvés pour imaginer des chansons folk robustes et rurales, exigeantes et magistrales.
Quand Timber Timbre attaque son concert, on plonge en apnée dans son univers. C’est qu’en guise de présentation, le Canadien opte carrément pour une échappée vertueuse de près de 15 minutes. L’entrée en matière est risquée, maîtrisée et reçue avec les mérites par une foule attentive, totalement respectueuse. Il faut dire que le freak folk de Timber Timbre fait vibrer des cordes sacrées. Aux confins du blues, de la soul et du gospel, la voix esquisse des psaumes précieux et élégants. La performance vocale est sublime. Elle côtoie sans mal les prouesses d’Antony Hegarty (Antony and the Johnsons) ou les éclats de Devendra (Banhart). Il y a du Nina Simone dans ce corps d’homme.
Au Canada, le disque de Timber Timbre est sorti sur Arts & Crafts, le label des joyeux drilles de Broken Social Scene. En Europe, il est attendu (de pied ferme) le 27 septembre. Et, à n’en pas douter, ce sera une des plus belles choses de cette fin d’année.
Dans la foulée, le concert de Phosphorescent (ukulélé session) semblait moins scintillant. Leader barbu et avenant, Matthew Houck adopte toutes les poses et mimiques de la star rock’n’roll. Mais difficile de lui en vouloir. Car l’artiste gère tranquillement son affaire. Moulé dans un tee-shirt reconverti en débardeur, il se contorsionne et accompagne ses chansons de gestuelles illustratives.
Cramponné à sa guitare, Houck préside à la destinée de son groupe. Ça joue impeccablement. Tellement impeccablement que l’ensemble pâtit d’un supplément d’âme rédempteur. Et là, on se met à regretter l’époque – pas si lointaine – où de sa voix éraillée et bouleversante, l’homme se présentait en solo. Bonne prestation, certes, mais hantée par le souvenir prégnant de jours meilleurs.

Nicolas Alsteen

La session Hiboo d’Live enregistrée le 11 09

Chronique sur Telerama

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