Les têtes chercheuses de Yeasayer foulaient les planches de l’AB ce jeudi. Une quatrième date en Belgique cette année (après le Trix, Werchter et le Pukkelpop) pour les New Yorkais qui étaient fort attendus. Résultat des courses.
L’époque est aux laborantins pop. Les Gorillaz, Animal Collective ou TV on the Radio qui piochent dans tous les styles et dans toutes les époques pour créer la chanson pop du 21è siècle. Les Yeasayer jouent dans la même cour avec plus ou moins de réussite. Après deux albums («All Hour Cymbals» en 2007 et «Odd Blood», beaucoup plus synthétique et dansant, en début d’année) qui ont fait coulé pas mal d’encre dans la presse spécialisée, mais qui ne nous ont pas totalement convaincu, on demandait à voir le phénomène en live. Dont acte.
Difficile de se planter dans une ambiance pareille. L’AB, complète, est chaude comme la braise (Yeasayer a clairement une grosse cote en Flandre) lorsque les lumières s’éteignent vers 21h55. Les New Yorkais n’ont qu’à débarquer comme des empereurs et se lancer dans les harmonies vocales de ‘Madder Red’ pour que le bon peuple soit définitivement acquis à leur cause. Gros effet. En bon américain, le chanteur Chris Keating est particulièrement convainquant lors de ses discours qui caressent dans le sens du poil («Bruxelles est vraiment une belle ville», «On ne pensait pas remplir une aussi grande salle, merci pour l’accueil, vraiment!») avant de revenir sur le premier concert du groupe en Belgique, à Gand. Explosion! Il semblerait en effet que les 2/3 de l’AB venaient de Gand ce jeudi. Bref, l’ambiance est des grandes heures, le groupe a du style (très New Yorkais tendance Artiste avec un grand A, mais du style…) et sait jouer avec le public.
Niveau purement musical, Yeasayer soufflera cependant le chaud et le froid. A des petits bijoux de bricolages pop-disco-electro-funk (‘Rome’) et des envolées néo-psychés d’une pureté pop à s’agenouiller (les titres psyché du premier album) succèdent en effet des passages où le trio (à cinq sur scène) se perd dans des bidouillages sonores sans qu’il ne se passe véritablement rien. On cherche une mélodie qui se cacherait derrière ces feux d’artifice, un truc auquel se raccrocher, que dalle. De temps à autre, un refrain nous prend aux tripes, un rythme ou une fin de morceau nous emporte, mais le tout sonne trop comme la créature de Frankenstein pour nous emballer vraiment. Reste un savoir faire indéniable, mais qui tend à étouffer l’aspect charnel, physique de la musique.
Conclusion: Yeasayer, conceptuellement intriguant, émotionnellement déficitaire.
Didier Zacharie
dam
30 octobre 2010 à 15 h 13 min
pas d’accord. Le groupe s’appuye sur des beats imparables, sur un sens de la mélodie indéniable pour nous emmener dans une jungle musicale. Encore faut il vivre le concert de plein pied dans la foule, dans la fosse et accepter de se laisser triturer par les expérimentations parfois bruitistes mais jamais excessives. Passer derrière le rideau de gros son et laisser la musique prendre le controle. Un groupe généreux, sincère et intéressant même s’il y a eu des moments plus creux. a revivre!
Fabian Borghese
2 novembre 2010 à 14 h 09 min
On oublie surtout de dire qu’ils n’ont joué qu’une petite heure !!! Et ça franchement, c’est dur à avaler !!
yes
2 novembre 2010 à 14 h 50 min
@Lesoir
“qui ont fait coulé pas mal d’encre….”
……
Jon
3 novembre 2010 à 13 h 52 min
Tres bon concert selon moi.
Sans conteste un des groupes les plus novateurs de ces dernieres annees.