Tame Impala : Psyché 2.0

Photo THOMAS BLAIRONEmbarqué dans une tournée fleuve, Tame Impala jetait l’ancre, ce mercredi, à Bruxelles. En plein travaux de rénovation de l’appareil psychédélique, les Australiens avait choisi le Botanique pour partager leurs avancées dans le domaine. A défaut d’innover, les gamins recyclent brillamment la matière.

Un E.P, un album (‘Innerspeaker’) : deux coups de cuiller à pot pour propulser Tame Impala au rang de nouvelle mascotte du rock indépendant. Sous les voûtes en briques du Witloof Bar, chaque musicien tient égoïstement son pilier. Ça joue serré. Guitares, basse, batterie. Scotché à la scène, le public joue des coudes pour apercevoir le quatuor. Si la visibilité est réduite, Tame Impala sait se faire entendre. Disto et réverb gonflées à bloc, le son déboule, énorme et ronflant. C’est du rock psychédélique 2.0.
La formation exhume les parfums sixties pour les confronter aux effluves contemporaines. Et, au final, ce n’est pas sale. Au contraire, les riffs évitent soigneusement de se souiller. Ils privilégient l’harmonie. C’est le paradoxe : Tame Impala est moins cracra sur les planches qu’en studio. En concert, le groupe de Perth plante son rock entre MGMT – en plus couillu – et les Flaming Lips – sans confetti dans le ciboulot.
Jeunes et insouciants, les musiciens passent d’une époque à l’autre sans s’embarrasser des anachronismes. En quelques tours, la toupille glisse des sixties à la fin des années 1980, en plein Madchester. Baggy à mort et bien chargé, complètement stone (Roses), le son monte en puissance et impose la voix éthérée de Kevin Parker. Impressionnant de maîtrise, le chanteur livre une prestation irréprochable. Plus séduisant que l’été dernier au Pukkelpop, Tame Impala passe la vitesse supérieure et se positionne dans le peloton des favoris : capable d’affrioler les cercles spécialisés et de partir à la conquête des masses. Surtout, Tame Impala peut se targuer d’aborder ses concerts avec une brochette d’excellents morceaux. Coups de cœur pour ‘Desire Be Desire Go’ et l’infaillible ‘It’s Not Meant to Be’ où les inflexions vocales de Parker convoquent le fantôme de Lennon. Bref, tout va bien pour les Australiens. Mais s’ils veulent percer au grand jour, les kangourous doivent encore remplir une dernière formalité : signer un tube en or. Dans l’attente, leur reprise de Blue Boy (‘Remember Me’) fait son petit effet. Bien psyché.

Nicolas Alsteen

Tame Impala reprend ‘Remember Me’ :
[youtube uBpm3zqoth0]

Set list :

It’s Not Meant to Be
Solitude Is Bliss
Why Don’t You Make Up Your Mind?
Alter Ego
Lucidity
Expectations
Interlude
Desire Be Desire Go
Sundown Syndrome
Remember Me
Skeleton Tiger / Half Full Glass of Wine


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