Voir The Black Keys et puis mourir

Le duo d’Akron (Ohio) a offert une prestation sèche et bluesy lundi soir à l’Ancienne Belgique flanquant un joyeux boxon dans la salle du Boulevard Anspach.


A l’heure des traditionnels bilans de fin d’année, il y a de forte chance pour que Brothers, le dernier disque en date des Black Keys figure dans le top 10 2010 avec Gonjasufi, Marvis Staples ou Deerhunter.

On n’ira pas jusqu’à écrire que le  duo composé de Dan Auerback et de Patrick Carney est le groupe de la décennie comme on a pu le lire sur quelques forums mais n’empêche. Dans le genre blues sec, rêche, rugueux  et rongé jusqu’à l’os, les Américains sont définitivement des as. Et leur bien nommé Brothers, bien que plus pop, avec toutes les nuances qui s’imposent au terme, est tellement gorgé de riffs et de gimmicks, qu’une fois écouté, il continue à se balader. Rien d’étonnant, ensuite, de se retrouver à fredonner les « Next girl », « Ten cent pistol » ou « Howlin’ for you » sans crier gare.

Une chose est claire, les projets parallèles au groupe –le « Keep it hid » d’Auerback ou la collaboration avec RZA, Mos Def  et compagnie pour Blacrock – ont été bénéfique.

Au point que même si il y aura toujours des puristes pour crier au loup, Dan et Patrick se font rejoindre en milieu de concert par un claviériste et un bassiste pour la relecture live des nouveaux morceaux.

On précisera juste que le public de l’Ancienne Belgique était plutôt bien remonté. Applaudissant, sifflant ou se manifestant joyeusement après un solo ravageur ou une rythmique qui claque tel un fouet censé mettre au pas les fauves sur la piste. Les anciens pensionnaires du label Fat Possum s’en donnent à cœur joie dans un décor sobre où un immense pneu est dessiné sur le drap du fond de scène. Dan et Patrick faisant là une pub involontaire au pneu tueur de Rubber, le dernier film apparemment bien barré de Quentin Dupieux.

Toujours très blues dans ses attaques et dans sa voix tel un Jeffrey Lee Pierce en feu, Dan Auerback n’a cesse de fusionner avec sa guitare. S’arc bouttant sur un gratte comme un bûcheron débiterait une stère, l’homme est impressionnant. Mais pas moins due ce satané batteur qui, l’air de ne pas y toucher, castagne méchamment.

Lorsque la boule à facettes descend, les deux musiciens additionnels en profitent pour débarquer et apportent un groove indéniable.  On est plus dans l’esprit de Booker T and The MG’s. C’est soul et sexy.  Plus rond et chaud. Mais c’est bien à eux deux et à eux deux seuls que reviendra l’honneur de clôturer  ces 80 minutes incandescentes comme de la lave en fusion

PHILIPPE MANCHE

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Photos Dominique Duchesnes


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4 Comments

  1. Mmarsupilami

    16 novembre 2010 à 12 h 16 min

    Y avait aussi un fameux Boxon (fort différent, j’imagine!) avec MIA au Trix au même moment!
    😉

  2. OL

    16 novembre 2010 à 15 h 45 min

    Suis assez d’accord, c’est sec comme un coup de trique! Mais un de meilleurs concerts de l’année pour moi. Quand on voit ce qu’ils balancent juste à deux, l’entente entre ces deux-là fait plaisir à voir, c’est de la haute voltige !!! Et la boule n’est pas descendue, elle est montée 😀

  3. rock_0la

    16 novembre 2010 à 20 h 13 min

    en effet. un son très au delà de toute attente. superbe set du duo (quartet ?) d’Akron hier soir à l’Ancienne Belgique. un tout petit détail pourtant – mon côté pinailleur 😉 – c’est Dan Auerbach pas Auerback.
    A tout seigneur …

  4. Greg

    16 novembre 2010 à 21 h 58 min

    D’accord avec OL, un de mes meilleurs concerts de l’année. Peut-être pas le meilleur groupe de la décennie mais un groupe qui laissera des traces dans nos petites mémoires, à nous amateurs de vrai son sans artifices.

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