Les Américains de Fool’s Gold ont déployé hier soir leurs mélodies africaines sur la scène de l’Orangerie du Botanique. Un concert convainquant en forme de trip interculturel.
Depuis un petit moment, le monde musical anglo-saxon se tourne vers l’Afrique. Il y a bien sûr eu Peter Gabriel et son label Real World, David Byrne et plus récemment Damon Albarn pour déterrer des trésors de musique africaine menacés de rester occultes aux oreilles occidentales sans leur apport. Et puis il y a la nouvelle génération pop qui s’est nourrie de ces compilations et rééditions: Vampire Weekend, Yeasayer ou Animal Collective dans une certaine mesure. Mais parmi ceux-ci, aucun ne va aussi loin dans l’appropriation des sons africains que les Californiens (Los Angeles) de Fool’s Gold dont le premier album est sorti chez nous en début d’année.
Fruit de la collaboration entre le guitariste Lewis Pesacov et le chanteur-bassiste d’origine israélienne (il chante principalement en hébreu) Luke Top, la formation à géométrie variable s’est présentée en quintette hier sur les planches de l’Orangerie. Et l’Orangerie (aux deux-tiers remplis) s’est remuée! Car les Californiens l’ont prouvé, ils savent manier les sons venus d’Afrique. Si les titres de l’album naviguent entre quatre et sept minutes, en live Fool’s Gold n’hésite pas à prendre le temps pour créer une tension, jouant sur la même note pendant plusieurs minutes alors que les percus font office de véritable pouls musical. La guitare est souvent jouée sur une corde dans le style éthiopien, tandis que le chant en hébreu ajoute au côté sacré de cette musique. Le single ‘Surprise Hotel’ fera encore monter la sauce, et de fait, il est difficile de rester de marbre quand tout nous pousse à nous détendre et nous désarticuler, jusqu’à atteindre une sorte de «dérèglement de tous les sens» bénéfique. Musique sacrée, on vous dit!
Les cinq Fool’s Gold termineront leur set assis en rond sur le devant de la scène avec des instruments rythmiques avant de laisser le public chanter pour eux. Une image qui résume bien cette soirée agréable. Car s’ils reviendront pour un titre plus lent et moins convainquant, l’essentiel était dit: d’Addis à Los Angeles, la musique africaine vit.
Didier Zacharie
Jon
19 novembre 2010 à 13 h 56 min
Très bon concert, en effet.
Surprenant que la salle n’ait pas été comble…