Le batteur de Noir Désir, Denis Barthe, a annoncé la fin de l’activité du groupe, au lendemain du départ du guitariste Serge Teyssot-Gay. Il a dit s’exprimer au nom des deux autres membres du groupe.
Le communiqué de presse ce lundi 29 novembre de Serge Teyssot-Gay, guitariste et cofondateur de Noir Désir avec Bertrand Cantat, avait déjà jeté un froid. «Je fais part de ma décision de ne pas reprendre avec Noir Désir, pour désaccords émotionnels, humains et musicaux avec Bertrand Cantat, rajoutés au sentiment d’indécence qui caractérise le groupe depuis plusieurs années» avait fait savoir par écrit le tellurique guitariste. Hier, mardi, toujours par voie de presse, le batteur de la formation bordelaise Denis Barthe, ruinait les espoirs des fans de revoir un jour sur scène les auteurs de Tostaky.
«Noir Désir, c’est terminé» annonçait «Nini» à l’AFP, en précisant s’exprimer au nom des deux autres membres du groupe, le bassiste Jean-Paul Roy et le chanteur Bertrand Cantat. «On ne va pas maintenir Noir Désir en respiration artificielle pour de sombres raisons» ajoutait le batteur en terminant par un petit mot adressé aux fans : «Ce n’est pas la fin du monde». Certes, certes…
Jean-Paul Roy, Denis Barthe, Serge Teyssot-Gay et Bertrand Cantat étaient retournés aux affaires depuis la libération conditionnelle du chanteur en 2007 suite à sa condamnation en prison après le décès dans les circonstances que l’on sait de sa compagne Marie Trintignant. Pas plus tard que l’été dernier, Serge Teyssot-Gay, de passage au festival de Dour avec Zone Libre, nous confirmait l’avancement des travaux tout concédant que «Bertrand a du mal avec les textes».
Le 2 octobre dernier : surprise! Bertrand Cantat remontait sur scène lors d’un festival à Bordeaux avec ses potes d’Eiffel. Récidivant le 13 octobre lors d’un concert de soutien aux victimes du tremblement de terre au Chili en compagnie de Denis Barthe et Jean-Paul Roy. Sergio étant absent «pour une bête raison de calendrier» a précisé le batteur de Noir Désir. Il ne fait toutefois aucun doute que l’avenir du groupe a basculé un soir d’été 2003, à Vilnius (Lituanie).
N’empêche, en plus de vingt ans de carrière, Noir Désir a écrit une des plus belles pages du rock français ouvrant la voie à une volée de groupes hexagonaux de Dionysos à Luke. Dans l’engagement et la lutte comme dans l’éthique.
Noir Désir, c’est six albums studios entre 1987 et 2001. Des compilations, un album de remixes et des albums live. Noir Désir, ce sont ces quatre garçons dans le vent biberonné au son du Gun Club, des Stooges, des Beatles et du Velvet Underground qui sont parvenus, à l’image de leur dernier album Des visages des figures (sorti le 11 septembre 2001 -NDLR) à créer un langage qui doit autant au rock anglo-saxon qu’à la chanson. Se posant comme le chaînon manquant entre le blues hanté et frénétique de Jeffrey Lee Pierce et Leo Ferré ou Brigitte Fontaine.
Noir Désir c’est ou c’était ce formidable groupe de scène porté par la personnalité chamanique et charismatique de Bertrand Cantat. Certains soirs, ces quatre-là n’étaient pas loin d’être le meilleur groupe de scène tout court.
Et puis, perso, on garde des souvenirs très forts de nos régulières rencontres au cours de ces vingt dernières années. De ses soirées où on bavardait à refaire le monde ou tout simplement à raconter des âneries jusqu’à pas d’heure en buvant des coups. Noir Désir c’était cette aventure musicale autant qu’humaine qui faisait partie de nous et qui, du coup, se barre aujourd’hui pour toujours.
Comme nous le rappelait de manière prémonitoire Serge Teyssot-Gay à Paris en septembre 2005: «Il n’y aura pas de fonds de tiroir Noir Désir. Si les morceaux ne sont pas sortis, c’est qu’ils ne passaient pas la barre à l’époque, et c’est toujours le cas aujourd’hui».
PHILIPPE MANCHE
jlp
30 novembre 2010 à 14 h 44 min
Et c’est sans doute beaucoup mieux ainsi.
Merci pour ça, aussi…
jlp
30 novembre 2010 à 15 h 33 min
Et c’est sans doute beaucoup mieux ainsi…
Merci pour ça aussi.
Jon
30 novembre 2010 à 21 h 36 min
John Lennon a dit un jour “french rock is like british wine”.
Noir Désir était l’exemple qui confirme la règle.
Biboyb
30 novembre 2010 à 22 h 04 min
Un putain de groupe de rock s’en va… vraiment dommage
chasseur immobilier
30 novembre 2010 à 22 h 28 min
Ca manque dans le paysage musical français.