Janelle Monae réincarne Bambi à Cologne

Michael, sort de ce corps !… Inutile de prolonger le suspense : Frontstage est en mesure de vous révéler que le « moonwalker » s’est réincarné en Janelle Monae, la princesse de la r’n’b futuriste, l’infante de l’indie soul.

Sa prestation sur la scène du Gloria Theater, lundi soir, à Cologne, ne laisse planer aucun doute : la petite protégée d’Outkast (et en particulier de Big Boi), 24 ans, n’est pas seulement signataire d’un premier album bluffant, ArchAndroid (Warner), c’est aussi une bête de scène dont la filiation est des plus transparentes… Cette voix immense, ces yeux mutins, cette expressivité charmeuse, cette façon de capter l’attention et de tout donner ? Mais oui, c’est Bambi, époque Thriller. Les choristes zombis, sur « Come Alive », finiront par convaincre les plus dubitatifs.

Le set est réglé comme un show hollywoodien, du Monsieur Loyal à haut-de-forme et fausses moustaches aux multiples scènes qui ponctuent le spectacle : Janelle qui trucide les morts-vivants, Janelle qui se prend pour Jackson Pollock, composant un improbable tableau à larges coups de pinceau, Janelle-grande prêtresse qui fait s’accroupir l’assistance surexitée, au grand complet … Au plus fort de la prestation, 11 possédés se sont emparés de la scène. C’est endiablé, trémoussant, captivant. Jamais lassant.

La voix, monumentale, semble couler de source, mi-Beyoncé mi-Lauryn Hill. Les six musiciens, en cravate ou nœud pap et chaussures bicolores, évoquent un big band de Harlem et passent, avec l’aisance du jazzman rôdé, du funk le plus indie à la soul la plus soyeuse. C’est pop, c’est rock, c’est psychédélique. C’est incroyablement métissé.

Sur le tube « Cold War », les projections d’extraits du « Metropolis » de Fritz Lang ont cédé le champ à des scènes de combat du grand Mohamed Ali (cité en référence, sur son album, au même titre que Prince, Tim Burton, Stevie Wonder ou Ziggy Stardust). Et on a l’impression, nous aussi, d’en prendre plein la gueule.

Janelle, aux faux airs d’écolière, est transfigurée. Sa banane permanentée n’est plus qu’une crinière sauvage. Sûr : la petite-chanteuse-du-Kansas-qui rêvait-de-Broadway est bien la diva du future-funk.

Un seul regret, la brièveté de son set… A peine 50 minutes, et un bonus de 10 minutes pour le rappel. Grrrr !…

Ricardo Gutiérrez

Janelle Monae se produit au Botanique, à Bruxelles, le 20 février 2011.

Site officiel : http://www.jmonae.com/


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