Home / CHRONIQUES / (Kanye) West Side Story

(Kanye) West Side Story

par le 23 décembre 2010

Alors qu’on s’apprête à faire péter les bouteilles de champagne, peu de disques font l’unanimité dans les tops de fin d’année. Il en est un cependant abonné aux triomphes, consécrations et places d’honneur. My Beautiful Dark Twisted Fantasy, le cinquième Kanye West, culmine en tête des classements concoctés, pour ne citer qu’eux par Spin, le Rolling Stones, le Times et Pitchfork… Qui dit mieux ? Personne à vrai dire.

C’est dû, en grosse partie, à l’explosion des canaux de consommation (fini le temps où on écoutait tous la même station radio et regardait la même chaîne de télé – de toute façon, elle ne diffuse plus beaucoup de clips…) et au rythme effréné de l’industrie, au nombre vertigineux de sorties. Tout le monde n’écoute plus les mêmes trucs…
Mais revenons en à Kanye. Le natif d’Atlanta, élu le 27 octobre dernier cinquième homme le plus influent de la planète à l’occasion d’un sondage réalisé par le magazine en ligne AskMen.com, le plaçant notamment devant Barack Obama, Bill Gates et son mentor Jay-Z, a sorti un disque pour les masses. Avec des terribles morceaux mais de vrais moments de soupe R’n’B et des chœurs mielleux à faire grimper les ventes de balles anti-stress…

C’est rare de combiner succès commercial et d’estime. Et d’autant plus surprenant que West avait vu sa cote de popularité baisser après la cérémonie 2009 des MTV Video Music Awards. Faut dire que monter sur scène et interrompre la lauréate de la meilleure vidéo féminine, Taylor Swift, pour dire :  « Hey Tay, je suis vraiment heureux pour toi et je vais te laisser finir, mais Beyoncé avait l’une des meilleures vidéos de tous les temps » (le clip de Single Ladies (Put a Ring on It), puis, conspué, adresser un doigt d’honneur à la foule, c’était pas classe. Pas classe du tout du tout. Tout le politique s’en est mêlé. En France, on s’indigne bien pendant des semaines devant une grève de footballeurs.

Le rappeur est rapidement revenu en odeur de sainteté. Que ce soit auprès du grand public. Un temps numéro 1 aux Etats-Unis et au Canada, Kanye avait déjà réussi à écouler 496000 copies de son disque après une semaine dans les bacs. Ou auprès de la presse. Ne tarissant pas de louanges à son égard.

C’est que West est, musicalement parlant, un homme de goût et en même temps un mec ouvert d’esprit. My Beautiful Dark Twisted Fantasy contient des samples de Smokey Robinson et de King Crimson, des Byrds et de Mike Oldfield, de Gil Scott-Heron et d’Aphex Twin. Et Kanye peut aussi bien demander un coup de main à Kid Cudi, Raekwon et son pote Jay Z qu’à Justin Vernon, monsieur Bon Iver.

Alors, même si on ne peut pas s’enfiler son disque sans sauter quelques pistes, voire le début d’un morceau, Kanye West symbolise quelque part la musique d’aujourd’hui. Le recyclage. Le tout est dans tout. Le grand mélange des genres. Reste à savoir si votre disque de l’année est celui que vous avez le plus écouté. Celui qui incarne le mieux notre époque. Celui qui marque un tournant dans l’histoire. Ou celui qu’on écoutera encore dans dix ans. Moi, j’ai déjà du mal maintenant…

J.B.

aussi

commenter par facebook

3 Comments

  1. Jack Jones

    23 décembre 2010 à 14 h 53 min

    et bien c’est bien triste … si c’est ça le meilleur de 2010 on est mal

    Répondre

  2. Rem

    23 décembre 2010 à 17 h 16 min

    Ben au moins, KW fait preuve d’une ambition que de nombreux groupes rocks pourraient envier, du type Deus et Ghinzu, dont le petit succès a coupé les ailes de l’imagination. L’album me fait penser à Kid A dans le genre, avec les boursouflures et les excès qu’implique l’exercice…
    Sinon: 1) Je comprends pas bien en quoi une explosion des canaux de consommation peut favoriser une unanimité…
    2) Pour critiquer justement cet album, il faut au moins être perméable au genre (r&b/rap). Demandez-moi de chroniquer le meilleur ac/dc et je n’y verrai qu’une bande de buveurs de bière qui font du bruit.

    Répondre

  3. giorgi

    24 décembre 2010 à 9 h 38 min

    cet album est une tuerie. je n’y croyais pourtant pas trop au début (moi c’est plutot antifolk, indie, drone/doom ou krautrock à la base pas rap). Une vraie bombe…même si certains ‘lyrics’ sont un peu bancal, la production est exceptionnelle. Faire l’impasse de cet album est le signe d’un manque d’ouverture intellectuelle! Un rassembleur, certes maladroit dans les médias (on purpose or not?!?, c’est l’éternelle ambivalence du personnage), ce Kanye!

    Répondre

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *