Cinq ans de bons et loyaux services prestés en faveur du rock garage, de la pop bubble-gum et de l’électronique vintage qui swingue, ça valait bien une soirée festive. Celle proposée mercredi au Bota par le label de Benjamin Schoos & co fut de fait fort joyeuse.
Le principe est simple et la recette éprouvée : les principaux invités de cette Freaksville Night ont tous droit à un court set avant le gros morceau du gâteau, soit Miam himself et ses Loved Drones. Bien fun que tout cela, donc. Et comme me l’a fait remarquer un camarade, le Sérésien vaut un bon humoriste, sauf qu’il y a peu d’humoristes qui pratiquent aussi bien le rock’n’roll.
C’est pourtant sur un autre ton que débute cette soirée. Blouson de cuir sur robe courte et du rose aux joues : accompagnée de son guitariste, Juliette Wathieu alias Mademoiselle Nineteen livre des versions dépouillées de ses chansons naïves. Rien de péjoratif dans le terme : « Le chagrin & l’amour » et « Je ne vois que vous » sont de ces petits bonbons qui collent parfaitement à la philosophie de la maison.
Laetitia Sadier fait partie des derniers invités en date de la bande. Elle rejoint ainsi au panthéon de Freaksville Alain Chamfort, Lio, Marie France, Jad Fair, Coralie Clément, Man From Uranus, feu Marc Moulin, Mark Gardener, Alister, Elisa Point, Jad Fair et Dogbowl. Sur la scène de la Rotonde, elle joue d’une guitare qui se balade entre jazz et Brésil. « Ceci est le cœur », « The natural child », « Fluid sand » : ses chansons douces qu’elle présente avec une touche d’absurde et interprète d’une voix chaude sont parfaites pour cette vingtaine de minutes de méditation.
Marc Morgan, lui, a fait tomber sa belle chemise de concert dans une flaque en sortant de sa voiture, avant le concert (sic). Il faut croire que ça porte chance : avec son groupe, l’ancien Tricheur mêle l’antique, le nouveau et le jamais gravé sur disque. « Qu’ils reposent en guerre », « À ma merci », « Notre mystère, nos retrouvailles » (joué d’emblée) et autre « Si tu retrouves la mémoire » coécrit avec Rudy Léonet émaillent une prestation électrique où les guitares sont affutées (terrible, Jeronimo !), l’enthousiasme adolescent, les textes ouvragés et l’envie bien palpable. « Quel bon stress », conclut Marc Wathieu sur Facebook. L’album est prévu pour octobre, deux dates d’échauffement sont déjà annoncées (à Huy : le 4 février à l’Atelier Rock et le 25 mars à l’église St. Mengold).
Pas besoin de round d’observation pour Miam Monster Miam : les Loved Drones sont rodés et l’intéressé chaud comme une baraque à frites. Leur rock garage, bourré de clins d’œil et de références, nourri à la série B y gagne encore en saveur avec du visuel (entre le pupitre décoré d’un grand logo anar et les poses de rock star du patron), mais aussi les interventions des invités. Débarquent ou reviennent ainsi Mademoiselle Nineteen, King Lee (« Blues automatik ») et Laetitia Sadier (pour sa version de « Je ne vois que vous » et « Contact », la chanson de Gainsbourg que Bardot chantait en 67 dans sa robe Paco Rabanne). Arrive ensuite Jacques Duvall (« Un homme dont le compte en banque est fleuri grâce à la Sabam », rappelle Benjamin), lequel Duvall arbore pour l’occasion une magnifique sculpture capillaire (traduction : une crête). Et du coup, il dédie son très rentre-dedans « Il doit y avoir un truc » (extrait du premier Phantom) à son coiffeur. Pour les amateurs, c’est Enzo, rue du Pont-Neuf à 1000 Bruxelles… Comme quoi on peut être rock, voire un peu punk et reconnaissant. La reconnaissance, ce mercredi, elle va aussi aux grands anciens : parmi les rappels, comme pour résumer l’esprit de Freaksville, c’est Brian Carney qui s’empare du micro pour balancer le « Blitzkrieg bop » de qui vous savez.
Didier Stiers
Tentative de setlist :
– Intro
– Femme plastique
– J’aurai ta peau
– Roi des paranos
– Blues automatik
– Intoxicated man (Gainsbourg)
– Je ne vois que vous
– Contact (Gainsbourg)
– Il doit y avoir un truc
– Charleroi 2035
– Erotoman
Rappels :
– Blitzkrieg bop
– Femme plastique (lounge version)