L’Anglaise Anna Calvi, nouvelle hype du petit monde rock indé, était hier soir en concert à la Rotonde du Botanique. Tentative d’élucidation du mystère.
Hype: publicité, promotion exagérée de quelque chose. De ce côté, on peut faire confiance au label Domino. A peine était sorti le premier single de sa nouvelle signature Anna Calvi que les qualificatifs de grande fortune pleuvaient: «Nouvelle Patti Smith (merci Brian Eno!), nouvelle PJ Harvey, nouvelle Jeff Buckley…» Rien moins. Allez satisfaire le bon peuple après une telle présentation…
Avouons directement la chose: alors que la belle tentait de tutoyer le toit de la Rotonde, on a eu par instants ce sentiment quelque peu malsain de la regarder telle une bête de foire, une Venus Hottentote, y cherchant quelque chose qui ne venait pas, un truc hors du commun, de l’ordre du mythique ou du légendaire qui devait écrire l’Histoire. Et on se dit alors qu’Anna Calvi est victime de sa presse. A peine deux semaines après la sortie de son premier LP, elle ne vient déjà plus en outsider, mais est, dès sa première tournée en tête d’affiche, attendue comme le Messie – le rock n’était-t-il pas mort il y a un mois de ça?
C’est d’autant plus navrant qu’il y a effectivement énormément à dire et à retirer de ce concert – car talent il y a, indéniablement. A commencer par ce jeu de guitare fluide et tournoyant qui retrouve un peu de la grâce du noyé du Mississipi; cette formule à trois, minimaliste, impeccable, qui permet de ramener la chanteuse assez rapidement sur terre quand elle tend à se perdre dans les hauteurs lyriques – son péché mignon; et puis cette aura qui se dégage d’elle, laissant entrevoir une vie intérieure intense tout en réveillant la libido masculine.
Il faudra pourtant attendre les trois (!) (courts) rappels pour que le mur de distance entre l’artiste et le public s’estompe. Avant cela, le trio s’est lancé dans la présentation de l’album, de manière peut-être un peu trop parfaite. Sans qu’on trouve à y redire, mais sans briser le mur de distance, au contraire. Arrive alors le premier rappel contractuel où Lady Calvi se lâche sur son premier simple ‘Jezebel’ (reprise de Franky Laine que Piaf a popularisée chez nous). Et le public de ne plus lâcher la Calvi, qui reviendra pour deux autres titres, demandant ce que l’audience veut entendre de sa voix douce avant de proposer, sourire timide aux lèvres, un titre d’Elvis pour terminer en beauté («But it has to be the last tune!»).
Alors, «nouvelle Patti Smith, nouvelle PJ Harvey, nouvelle Jeff Buckley…»? On n’a toujours pas d’ avis définitif sur la question Anna Calvi. On va attendre six mois, un an, que la hype se tasse et puis on reviendra à cet album qui, s’il n’est certainement pas de l’ampleur de «Grace», recèle suffisamment de trésors pour qu’on s’y attarde.
Didier Zacharie
Rikai Zaza
10 février 2011 à 10 h 54 min
Enfin un avis nuancé sur ce blog !
Pour avoir assisté à ce concert (bon, au demeurant), je suis totalement d’accord avec Monsieur Zacharie. Du talent, de la présence, mais trop de hype autour de cette chanteuse.
Debehogne
10 février 2011 à 11 h 31 min
Je suis d’accord par contre, il y a eu 4 rappels !! Et Jezebel était le dernier rappel pas le premier et la reprise d’Elvis le 3ème.
Didier Zacharie
10 février 2011 à 11 h 48 min
Premier rappel: Un titre sans paroles jouée seule puis Jezebel avec le groupe;
Deuxième rappel: First We Kiss;
Troisième rappel: Elvis
Ou je me trompe?
Corto
10 février 2011 à 12 h 32 min
Un peu ridicule de la part de la presse de railler la hype autour de la Calvi. La hype, c’est avant tout la presse qui la crée, non ? Ceci dit ce n’est pas vraiment important. Anna Calvi fait-elle de la bonne musique, nous a-t’elle enthousiasmés hier à la rotonde, sans aucun doute.
Sympa également d’illustrer l’article par de vieilles photos (zavez pas les moyens de vous payer un photographe au Soir ?) et de passer sous silence l’extraordinaire prestation du batteur.
Debehogne
10 février 2011 à 12 h 56 min
Autant pour moi je sais pas pourquoi j’ai mis Jezebel après Elvis. Vous avez raison 😉
Rikai Zaza
10 février 2011 à 13 h 56 min
“Un peu ridicule de la part de la presse de railler la hype autour de la Calvi.”
“La presse”, c’est une notion très vague et réductrice. Le Soir n’est pas “la presse”.
Oh ! Voilà que je les défends maintenant 😀
Corto
10 février 2011 à 15 h 10 min
@ Rikai Z
Utiliser le mot “presse” pour évoquer “Le Soir” est ce qu’on appelle une synecdoque. Cela
Rikai Zaza
10 février 2011 à 16 h 14 min
Cela… est-il supposé m’impressionner ? Anyway, merci pour ce beau mot : j’y penserai pour mes prochaines parties de Scrabble.