Fort d’un douzième album depuis 1976, Wire semble s’être abreuvé dans un puits où coule une boisson aussi euphorisante qu’énergisante. Red barked tree, nouvelle galette du groupe, emmené depuis 1976 par Colin Newman, est une petite bombe abrasive et mélodique. Quasi pop, dans le sens où Bob Mould écrivait les perles de Sugar. De tous les groupes post-punk, Wire est certainement celui qui a le mieux vieilli, par rapport à un Gang of Four, par exemple. Et ce Red barked tree pas loin d’être le meilleur album des Anglais depuis 154 (1979).
Le public du Botanique, dans une Orangerie copieusement garnie vendredi soir, s’est vite retrouvé happé par ce déluge de tension, d’énergie et d’électricité. Et dans un répertoire complet où Wire envoyait ses bombes punk mais aussi une sorte de blues vaudou qu’affectionnait le Gun Club, les nouveaux morceaux tiennent magnifiquement la route. Pas étonnant que les Sonic Youth, R.E.M ou Guided By Voices revendiquent l’influence de cette formation novatrice qui faisait escale en Belgique après une tournée du tonnerre en Angleterre avec Madensuyu, en première partie. Notre duo gantois préféré a séduit au Botanique également. Et nous a confié travailler au successeur de D is done.
Pour Colin Newman, l’artificier en chef de Wire, cette énergie s’explique par le travail « incroyable » accompli sur le disque. « Nous avons une maison de disques, concède Newman, avec une totale liberté dans le sens où nous pouvons enregistrer ce que bon nous semble. Les critiques qui accompagnent ce disque sont excellentes et nous jouons devant un public de plus en plus large et dans des salles plus grandes chez nous en Angleterre. »
Une autre clé de la qualité de ce disque, selon Colin Newman, vient du fait que « nous sommes deux à écrire ». De fait, le bassiste Graham Lewis signe la moitié des titres. « Ce sont deux visions, deux regards sur le monde. Une chanson comme “Red barked tree” évoque pour Graham le réchauffement planétaire avec des conséquences que nous connaissons tous comme la fonte des glaces et la hausse du niveau de la mer. Pour ma part, elle résonne en moi comme une quête. Une quête de l’élixir de la vie ou quelque chose du genre. Et les deux visions sont justes. Parce que nous laissons de la place pour l’imagination. C’est de la poésie. Entre Graham et moi, c’est l’histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Graham incarne le verre à moitié vide et moi l’autre. Je suis sans doute le plus positif, ce qui ne veut pas dire que mes textes le sont. Ecrire, c’est notre moyen de communiquer. » Communiquer avant de partager tout cela sur scène avec une précision quasi chirurgicale dans son approche sonore…