Les Anglais de Elbow conjugent attitude saine et triomphe modeste. Leur cinquième album, « Build a Rocket Boys », sort ce week-end.
Il y a des gens avec qui on a directement envie de passer la journée et de refaire le monde en buvant des verres. Guy Garvey (chanteur), accompagné pour l’occasion par le tout aussi affable Peter Turner (basse) fait partie de ces hommes-là. Des mecs sains d’esprit et généreux. Et finalement fidèles à l’image de leur musique. Elbow ou la positive attitude, on aime.
C’est votre cinquième album. On peut imaginer que vous maîtrisez beaucoup mieux le studio qu’il y a dix ans. Que vous avez acquis plus d’assurance et de métier, comme on dit. L’enregistrement de ce nouvel album s’est-il déroulé sur du velours ?
Nous entendons parfois des groupes se plaindre d’avoir de la pression après un succès et de la difficulté d’enregistrer dans la foulée de celui-ci. Beaucoup de musiciens que nous rencontrons nous posent la question. Avec Elbow, c’est le contraire qui se produit. Nous sommes autorisés, nous nous autorisons, à faire exactement ce que nous voulons.
Elbow a toujours dégagé une image saine et positive en terme de rapports humains et de gestion de sa carrière. On ne vous imagine pas avoir la grosse tête…
Physiquement, par contre, c’est autre chose, je le concède (rires). Nous sommes simplement chanceux. Nous avons le studio de nos rêves (le Blueprint à Salford-NDLR) et de mon point de vue, je joue avec les meilleurs musiciens au monde. Nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Ça ne pourrait pas être mieux. Et si tout va bien, c’est que nous avons travaillé en fonction. Ça ne s’est pas construit tout seul.
Nous avons travaillé sur ce nouvel album trois jours par semaine et ce, pendant six ou sept mois. Prendre le temps et apprécier ce que tu fais ne peut avoir que des conséquences positives.
Vous avez beaucoup écrit et enregistré lors de votre dernière tournée. Toutes les chansons étaient prêtes avant d’enregistrer ?
Loin de là. Disons que notre studio portable nous permet d’avoir un « drum beat », des progressions de cordes et j’avais écrit pas mal de paroles, effectivement. En studio, la tendance consiste plutôt à discuter de ce que tu as envie de faire. Mais tant que tu n’essaies pas, tu parles dans le vide.
Nous avons passé pas mal de temps à jouer avec les sons. Sans pression, tu peux te permettre de passer une journée entière sur une partie de piano et l’écouter ensuite le lendemain, à tête reposée. L’ébauche de « Lippy Kids » a été écrite sur la route. Une fois en studio, Pete a commencé à jammer, je me suis mis au piano jusqu’à ce qu’on trouve la mélodie. Il n’y a pas de règles, en fait.
Ecrire sur la route permet de casser la routine de la tournée dans la mesure où toutes les journées ne sont que trajets et attente jusqu’au concert du soir ?
Nous adorons vraiment jouer. Ce que j’essaie de te dire c’est que débarquer en studio sans avoir défriché en amont peut s’avérer intimidant. C’est ce qui nous est arrivé après la tournée du premier album. Tu dois en faire un deuxième, mais tu n’as pas grand-chose donc tu te mets à angoisser… Tout ça pour dire que plus tu as d’idées moins tu auras d’angoisse.
Vous avez senti lors de la dernière tournée et le Mercury Prize, que vous raflez au nez et à la barde des Last Shadow Puppets ou de Radiohead, qu’Elbow montait en puissance et en popularité ?
C’est surtout le Mercury Prize qui nous a fait percuter. Quand on est déprimés, on se regarde sur Youtube et ça nous requinque. Nous sommes tellement fiers parce que nous n’avions jamais rien gagné. Ni à l’école, ni ailleurs.
La musique d’Elbow balance toujours entre rock et introspection. Ce nouvel album n’échappe pas à la règle…
J’écris sans arrêt. J’ai toujours un carnet avec moi et souvent je ne sais même pas sur quoi j’écris. Ce n’est qu’après coup, en voyant des thèmes communs ou des répétitions de mots, que je réalise ce que j’essaie d’évoquer. Le reste du groupe prend la musique tellement au sérieux que je me dois d’en faire autant comme parolier ! Et puis, je veux faire partager mes sentiments, mon insécurité…
Quels disques ont eu, une influence, même inconsciente sur « Build a rocket boys ! » ?
J’anime une émission de radio sur BBC 6. J’écoute donc pas mal de nouveautés et je trouve que beaucoup de disques qui sortent aujourd’hui auraient pu être enregistrés à la fin des années 80.
J’aime beaucoup Beach House, par exemple. Glasser, aussi. Elle a enregistré un album entier sur son ordinateur et c’est superbe. C’est ce qui est chouette avec la musique aujourd’hui, c’est que tu n’as pas besoin de dépenser des millions de livres pour enregistrer un disque. Cette fille a fait un album fantastique. Les structures des morceaux sont atypiques, on sent que sa musique vient de son âme, c’est ce que j’appelle de la « dream pop ».
J’ai aussi beaucoup écouté Ride, My Bloody Valentine et le Velvet Underground. Et je suis toujours aussi sidéré par les textes de Tom Waits, Joni Mitchell, Leonard Cohen et Michael Stipe. Qui est sans doute la plus grande influence du disque même si notre album ne sonne comme aucun des artistes que je viens de te citer.
Elbow sera à Rock Werchter le samedi 2 juillet 2011 sur la scène principale.
Mr Wang
2 mars 2011 à 12 h 54 min
Des gars simples et sympas pour une musique qui parle. Superbe, Elbow! La seule fois que je les ai vus sur scène, c’était à Londres lors de leur première tournée. Ils étaient très calmes et intimidés, presque renfermés sur eux-mêmes. J’aimerais bien les revoir, mais pas à Méga-giga-Werchter, pluôt dans une salle intime…
Mr Wang
3 mars 2011 à 15 h 22 min
Maintenant que tout le monde les connait, je trouve qu’ils apportent moins à la scène musicale.
je les préfèrrais quand ils étaient torturés, à la recherche, ils transpiraient le malaise, des vrais artistes eux au moins.
tdv
4 mars 2011 à 9 h 24 min
Ben… le MAD a beau marteler qu’on peut écouter l’album intégralement… faudra m’expliquer où ils ont caché le lien )-: