Notules électroniques : Nicolas Jaar

Une fois par mois, un petit coup d’œil sur – et d’oreille vers – ce que la musique électronique nous propose de bien et de moins bien. Première livraison : Nicolas Jaar, qui fait partie de ces artistes bombardés prodiges avant d’avoir pu dire ouf. La sortie de son premier album, Space is only noise, a du coup été précédée par buzz insistant.

« Quelle classe ! » « Quel groove ! » « Quelle subtilité ! » Voilà quelques-unes des exclamations qui ont accueilli la poignée de titres sortis au fil des mois passés par ce jeune New-Yorkais d’origine chilienne. Jeune et même précoce : « Haunted by Mulatu Astatke and Erik Satie, Nico started to make organic electronic music in 2004 at the age of 14 », précise obligeamment sa bio.

Nicolas Jaar a en outre bouclé 2010 avec la première compilation de son label Clown & Sunset, Inès, une compile uniquement disponible en téléchargement et sur clé USB, faites de compos personnelles et d’autres signées par ses deux comparses, Nikita Quasim et Soul Keita (dont certains sont persuadés qu’il ne s’agit que de pseudos du garçon, lequel distingue ainsi les différents axes de son travail).

Certains de ceux et celles qui ont fait des précédents  « Mi mujer » et « Time For Us » la bande-son de leurs pérégrinations nocturnes auront probablement froncé les sourcils en découvrant ce Space is only noise. Toutes les petites touches expérimentales tentées par l’artiste de 21 ans ont désormais clairement le dessus, dans ces quatorze titres toujours aussi classes mais portés par une autre ambition.

« Est-ce qu’on peut décrire bien un paysage si on ne le parcourt pas de haut en bas, de la terre jusqu’au ciel, et puis du ciel jusqu’à la terre », demande Jean-Luc Godard, samplé sur « Etre » ? Avec un minimum d’imagination, c’est qu’il en évoque des paysages, ce crossover électronique aux tempos lents (le garçon avoue trouver intéressant de jouer avec le temps). Si cet album dénote une érudition certaine, sans être trop cérébral, il distille aussi une certaine mélancolie, ne manque jamais de groove et se fait même sensuel par instants. « I got a woman » le résume parfaitement en combinant la voix de Ray Charles (chantant ce titre) et un poème de Tristan Tzara (« Pour compte »).

Chez Jaar, le piano doit quelques touches à Eric Satie. On entend du violon, une guitare vaguement western et ces bruitages constamment répétés qui rappellent l’eau ; dans cette drôle de house, il y a aussi un petit quelque chose en prise avec Dame Nature (« Balance her in between your eyes »), et pas seulement des crescendos électro ou des compos hautement hypnotiques (« Space is only noise if you can see »). Et comme dans la nature, les instants de calmes ne sont jamais totalement silencieux. A (re)découvrir !

Didier Stiers

Space is only noise (Circus Company/NEWS)
– Son podcast offert au webzine XLR8R : www.xlr8r.com/podcast/2011/02/nicolas-jaar
– Le label : www.clownandsunset.com


*** NEWS ***

– L’album des Subs, Decontrol, sort ce 28 mars. Le trio passe les jours qui viennent en Australie où son arrivée a été un peu chahutée. A l’aéroport de Canberra, Jeroen De Pessemier alias Papillon est allé se détendre sur le tapis à bagages… jusqu’à l’intervention de la police.

– Dans un genre nettement plus commercial, le Fiesta Club nous fait sa compile. Un cd « urban » et un cd « dance », c’est deux fois pas de risques, avec des gens comme Usher, Aloe Blacc, Nicki Minaj, Duck Sauce, Swedish House Mafia et autres Bloody Beetroots. (Fiesta Club présents One – distr. Universal).

– L’ep de Beth Ditto, intitulé I wrote the book, est dans les bacs. Madame Gossip va poursuivre sa collaboration avec Simian Mobile Disco et pourrait bien être de passage en Belgique lors de l’un ou l’autre festival estival.


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