Il y a deux ans, K-Branding nous avait littéralement arraché la tête avec «Facial», un disque inclassable dans lequel se confrontaient rock expérimental, free jazz et musiques ethniques et cérémonielles. Le trio bruxellois revient aujourd’hui avec le sombre «Alliance». Rencontre.
Si «Facial» était un chaudron mystique, on entre dans «Alliance» comme dans une grotte sacrée. Plus sombre, plus froid, plus minimaliste et abstrait que son prédécesseur, «Alliance» n’est pas sans rappeler les expérimentations sonores des groupes No Wave du début des années 80 comme This Heat ou Swans: «C’était une démarche volontaire. Ce qui nous intéresse dans la no wave, c’est son côté libre… Comme dans le free jazz, c’est une expression instantanée».
Comment a été conçu «Alliance»? «On improvise beaucoup, on joue pendant des heures et puis on réécoute et on segmente. Il y a pas mal de copié-collé, de montage. Mais tout dépend aussi des morceaux, certains ne sont jamais terminés, et pour d’autres comme Assente Cultura par exemple, on n’a quasi rien changé. On a juste ramené à cinq-six minutes un truc qui au départ en faisait 45».
On pourrait continuer à discuter comme ça, mais ça n’aiderait en rien le lecteur à mieux comprendre la musique du trio. Pour faire parler des musiciens de leur musique, rien de tel que de les faire parler des autres. On propose donc au groupe de lister six artistes ou oeuvres qui les ont marqué et ont aidé à façonner le son K-Branding:
Raksha Mancham. C’est le projet du Belge Eric Fabry. En fait, c’est quelqu’un en France qui nous a comparé à Raksha Mancham, c’est comme ça qu’on a découvert. Il a sorti trois albums vinyles dans les années 80 jusque dans les années 90. Il utilisait de la musique thibétaine, c’est très spirituel. C’est parce qu’il avait enregistré tous ses disques qu’on a demandé à Duke de faire «Alliance». Ce serait bien qu’on redécouvre ce groupe.
«The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover», un film de Peter Greenaway. Je choisis ça pour ses ambiances variées. C’est très théâtral comme réalisation, il utilise des couleurs très connotées (un blanc éclatant, vert pétant…) selon les décors. Les couleurs changent quand tu passes d’une pièce à l’autre, en fonction de l’ambiance et de l’état d’esprit des personnages.
Derek Bailey. C’est un musicien anglais de musique improvisée. Pas de mélodie, pas de riffs. C’est ce qui m’a donné envie d’arrêter les trucs carrés à la guitare.
Morton Feldman. Un compositeur contemporain qui a beaucoup traîné avec John Cage. C’est surtout pour son livre «Ecrits et paroles» que je le choisis. Il a écrit des articles super intéressants sur la musique, sur les liens entre musique et peinture…
Alain Neffe. Un musicien belge qui a eu plusieurs groupes comme Human Flesh et Pseudo Code. C’est la scène minimaliste synthé années 80. Il y a un côté incantatoire mais ça reste très minimaliste.
Jooklo Duo. Des Italiens. Ils ont pleins de projets, mais c’est toujours Jooklo quelque chose. C’est de la musique inspirée de la grande époque free jazz, très spirituelle.
Pour terminer, on leur demande quelle serait la meilleure façon selon eux d’écouter «Alliance»? Réponse: «Dans le noir, en n’ayant pas mangé pendant trois jours»… On réfléchit quelques secondes et puis on est bien forcé d’admettre que l’idée n’est pas si absurde qu’elle en a l’air.
Didier Zacharie
“Alliance” (Humpty Dumpty), sortie le 1er avril
K-Branding sera le 27 avril au VK et le 9 juin au Magasin 4 à Bruxelles
Ben Zoulk
1 avril 2011 à 13 h 56 min
En concert le jeudi 9 juin au Magasin 4 de Bruxelles avec les américains de Capillary Action et les anglais de Negative Pegasus
http://pro.ovh.net/~concertsa/M4/site.php?Page=Agenda&ShowDate=1446
kiPO
2 avril 2011 à 14 h 37 min
DU LOURD ! Excellent disque qui se démarque de la production locale
C74
4 avril 2011 à 0 h 51 min
C74 joue en première partie de k-Branding, le 23 avril chez veals and geeks (1000B), esprit noise/nowave es-tu la?
C74
4 avril 2011 à 0 h 53 min
En concert chez veals and geeks avec C74 le 23 avril, esprit nowave/noise assuré