Patrick Wolf et la pop gaie mauve

De passage à Bruxelles, le virevoltant Irlandais a donné le coup d’envoi du week-end : chaud, orageux et versatile. Ou quand un artiste imprime l’air du temps. Si Patrick Wolf passe souvent pour un grand excentrique, vendredi soir, ses mimiques n’ont jamais gâché la justesse de sa pop loufoque, et totalement baroque.

On a souvent craint le pire pour la santé mentale de Patrick Wolf. Au début du siècle, le garçon s’est affirmé en remodeleur barré d’une pop inventive et épique. Avec son sens aiguisé du romantisme et l’introduction d’instruments classiques (violon, piano, harpe), sa musique s’est postée à l’avant-garde de la pop moderne, à quelques encablures d’Arcade Fire et Andrew Bird. Par la suite, le garçon s’est laissé glisser sur le carrousel de l’exubérance, virant un peu fluo et gentiment mégalo. Il y a deux ans, il annonçait une fin de carrière anticipée, avant de revenir sur sa déclaration, de créer son propre label et d’enregistrer ‘The Bachelor’, écrin industriel et portait du jeune homme en cyborg androgyne.

Joué à guichet fermé, le concert de vendredi au Botanique a remis l’Irlandais sur le droit chemin. Visiblement, Patrick Wolf traverse une nouvelle étape de l’existence : il voit désormais la vie en mauve. Cheveux, pantalon, foulard, chemise, chaussures, l’homme au teint pale est mauve de la tête aux pieds. Curieux, mais élégant, il investit totalement la scène, passant du violon électrique à la harpe, du piano à la guitare acoustique. Autour de lui, cinq excellents musiciens aux looks fantastiques s’agitent. Coup de cœur pour le batteur – entre Spinal Tap et Iron Maiden – et les deux jupettes lignées postées aux extrémités de la scène qui, calmement, déposent de beaux arrangements (saxophone, clarinette et violon) sur les chansons de l’animal. Bête de scène, Patrick Wolf semble (enfin) avoir trouvé l’équilibre entre la noirceur appliquée des débuts et l’outrance colorée de ces dernières années.

Son concert louvoie entre passé, présent et futur pour imposer une juste mesure. L’artiste traverse le spectre de ses quatre albums (avec ‘To The Lighthouse’, ‘Hard Times’, ‘The Libertine’ ou le tubesque ‘The Magic Position’) et dévoile les contours d’un disque en gestation (le titre ‘Bermondsey Street’ augure d’un retour en force). Venu tâter son public en petit comité à la veille d’une nouvelle virée internationale, Patrick Wolf a séduit et retrouvé la voie de la raison.

Nicolas Alsteen


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