Avec « Blood Pressures », un quatrième album chaud et sexy, The Kills reste plus que jamais fréquentable.
Construit en 1900, l’American Hotel à Amsterdam fait partie des monuments classés de la cité batave. Situé sur la Leidseplein, à deux pas du Melkweg et du Paradiso, les deux salles mythiques de la ville, ce bâtiment old fashion est aussi célèbre pour son architecture que par la tribu de rockers qu’elle héberge depuis des décennies. Même si l’American Bar, avec ses immenses baies vitrées donnant sur la place, a été réaménagé, on y trouve toujours au mur les photos en noir et blanc des Jagger, Springsteen, White Stripes et compagnie.
C’est au fond de la baie vitrée que nous attendent Alison Mosshart et Jamie Hince, affalés comme deux mauvais élèves au fond de la classe, près du radiateur. Et si Alison crayonne nonchalamment sur un cahier, ça n’empêchera pas la miss d’être disponible. Tout le long d’un entretien détendu, on a perçu et vu la réelle affection et complicité qui unit le duo depuis ses débuts au début des années 2000.
On a le sentiment qu’il est de plus en plus difficile d’inventer quelque chose aujourd’hui. Tout a déjà été vu et entendu et pourtant, à chaque fois, de nouveaux groupes ayant digéré une foule d’influences font leur apparition et présentent une musique originale. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé « Blood Pressure » ?
Jamie : L’idée est évidemment de ne pas se répéter. Nous voulions effectuer un saut des années trente jusqu’aux années nonante avec comme colonne vertébrale, les boîtes à rythmes. (Jamie se lance dans une imitation qui rappelle une rafale de mitraillette d’un vieux film noir).
Quels disques ont inconsciemment nourri « Blood Pressures » ? Howlin Wolf ? Captain Beefhaert ?
Jamie : J’ai écouté en boucle le premier album de Roxy Music. C’est un disque complètement fou. Rien que pour la chanson « If there is something » qui commence comme un boogie boogie. Et au fur et à mesure des couplets, il y a cette mélancolie, ce romantisme, cette tristesse qui s’installe avec la clarinette, le saxophone et le mellotron. Je suppose qu’inconsciemment, c’est ce que j’avais en tête.
Je joue de la guitare de façon excentrique, angulaire. Ma rythmique est saccadée, hachée. Tu sais que c’est moi parce que j’ai cette colère qui m’habite lorsque je joue. De toute façon, je me considère plus comme un guitariste de blues, inspiré par Robert Johnson ou Charlie Patton parce que, comme tous ces mecs-là, je dois être attentif au rythme, à la mélodie et à la ligne de basse.
Par contre, quand je joue au piano, mon jeu est complètement différent. Des chansons comme « Wild Charms » et « Last Goodbye » sont des typiquement Kills sauf que je les interprète avec des instruments peu habituels pour les Kills.
Et vous Alison ? Quel était votre disque de chevet ?
Alison : Je n’ai pas vraiment écouté de musique à part les chansons qu’on enregistrait. J’ai surtout lu des pièces de Tennessee Williams.
Jamie (en s’adressant à Alison) :
N’importe quoi ! Elle lisait L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (poilade générale).
Alison : J’ai également lu Wyndham Lewis, un des auteurs préférés de Don Von Vliet ainsi que White Mischief de James Fox, avec qui Keith Richards a écrit ses mémoires.
Jamie : L’adaptation cinéma de Michael Radford est phé-no-mé-nale…
Alison : Et aussi The Importance of being honest de Steven Lubet.
Alison, vous évoquiez à l’instant Don Von Vliet. Que représentait-il à vos yeux ?
Alison : C’est un tout. Bien sûr, il y a la musique de Captain Beefheart mais il y a ses peintures aussi et l’homme.
Jamie : Pour moi, c’est quelqu’un qui a su conserver toute sa vie la pureté d’un enfant.
Pourquoi ne chantez-vous pas plus souvent Jamie alors que « Wild charms » est plutôt réussi ?
Jamie : Je ne sais pas comment chanter…
Par timidité ?
Jamie : Il doit sûrement y avoir de cela. C’est un processus que je qualifierai de tortueux. Disons que je ne suis pas un parolier extrêmement prolifique. En studio, je dois programmer, jouer les instruments, penser à la production, aux arrangements et j’adore ça. Je ne me considère pas comme un chanteur. Par contre, oui, j’écris, je joue et je produis.
Quand vous dites que le processus est tortueux, c’est parce que vous intellectualisez beaucoup trop ?
Jamie : Exactement. Je pense au rythme, au son et à la forme que prennent les mots. Je peux chanter de façon sonique mais faire gaffe aux mots en même temps me prend la tête. Alison écrit tellement de textes, elle est incroyablement prolifique et elle fait ça bien. Je m’occupe de la musique, elle se charge des textes. Et je suis ravi de cette complémentarité.
On est surpris de découvrir cet hommage au Congos dans « Satellite ». Vous êtes fan de reggae ?
Jamie : Disons, que pour moi, tout est rock’n’roll mais j’aime certains artistes comme Peter Tosh, par exemple.
The Kills est un groupe synonyme de liberté. Qu’elle soit artistique ou musicale. On vous imagine capable d’enregistrer un album gospel à la sauce Kills si ça vous chante. D’où vient cette liberté ?
Jamie : J’aimerai faire quelque chose dans un esprit gospel. Je pense que le prochain album devrait être juste avec une rythmique, pas de guitares et des chœurs.
J’ai essayé de faire de ma vie quelque chose d’extraordinaire et encore aujourd’hui, je suis surpris de la vie que je mène. Et regarde, on est dans un bar où ZZ Top et Dionne Warwick sont venus boire des coups.
Alison : J’ai rencontré beaucoup de gens, à l’école d’art ou dans ma vie, qui dégageaient ce vent de liberté. C’est sans doute pour cette raison que je n’ai jamais eu de vrai boulot et que j’ai toujours cru à ma bonne étoile.
http://www.myspace.com/thekills
lludovic
6 avril 2011 à 8 h 31 min
Même si je regrette un peu la perte d’une certaine “tension” dans leur dynamique, je trouve l’album fantastique (petite critique perso : http://lloungeacts.blogspot.com/2011/03/critique-0022-baisse-de-tension.html)
Bleach
7 avril 2011 à 7 h 43 min
Beaucoup de pose pseudo punk à mon avis. Rien que cette manière de déclarer dans chaque itw leur admiration pour Florence Rey c’est débile. Déjà par rapport aux victimes puis aussi par rapport à Florence Rey qui n’a sans doute pas besoin de ces fans encombrants. Tout ça c’est de la pose pour faire rebelle comme leur attitude sur scène ou les frasques trash avec Kate Moss. Les Kills sont hype mais derrière l’emballage le contenu me semble faiblard à la première écoute. Une ambiance, mais des chansons répétitives un peu chiantes.
LaurentV
7 avril 2011 à 9 h 42 min
L’ère du vide.