Jamie Woon, sensation soul

Avec son tube « Night Air » et l’album « Mirrorwriting », le Londonien Jamie Woon a déjà marqué 2011. Il a rempli l’ABBox mercredi et reviendra au Pukkelpop au mois d’août. Rencontre avec ce nouveau visage d’une pop anglaise croisant soul et dubstep.

Les bonnes fées, qui se sont penchées sur le berceau londonien du petit Jamie, en ce beau jour de mars 1983, n’eurent pas à faire preuve de beaucoup d’imagination pour l ui donner toutes les chances dans la vie.

Ce fils unique d’un père sino-malaisien qui lui a légué des traits fins, tel un lointain cousin oriental de Keanu Reeves, a tout de suite baigné dans la musique. Grâce essentiellement à sa maman, Mae McKenna, dont le frère Hugh, fut claviériste dans l’Alex Harvey Band.

Maman Mae, chanteuse folk écossaise, a un fameux palmarès en tant que choriste pour Björk, Blur ou même Michael Jackson. Plutôt que de lui trouver une baby-sitter, elle l’emmène partout avec elle : « Ma maman avait un tout petit studio dans sa chambre et j’étais toujours fourré avec elle, nous a-t-il confié quelques heures avant son concert bruxellois. Quand j’étais petit, elle a réalisé elle-même trois albums. On s’amusait ensemble. Ses amis musiciens passaient souvent à la maison mais pas Michael Jackson, non. Ils ont fait ensemble un single pour le tsunami en Indonésie mais ce n’est jamais sorti. Michael voulait un chœur et avait donc réuni du monde en studio. Ma mère m’a dit qu’il était très cool. »

Sans jamais forcer le petit Jamie, sa famille le dirige naturellement vers la musique. « Avant d’avoir 15 ans, je voulais être écrivain ou journaliste. Et puis j’ai commencé à écrire des chansons. » Stevie Wonder est son héros de tous les temps, il a grandi en écoutant les disques de Michael Jackson. Faut dire que Jamie est doté d’une voix très haut perchée, quasiment féminine. À 16 ans, il décide de suivre les cours de la Brit School, une institution subsidiée par le Brit Awards Academy. C’est là qu’il apprend ce qui lui permet, aujourd’hui, de produire lui-même son premier album. « Cette école n’était pas très glamour mais avait l’avantage d’être gratuite. Amy Winehouse était l’année en dessous de moi. J’étais dans la section musicale et elle, dans celle du théâtre musical, plus jazz. Mais elle était déjà folle et drôle à cette époque. »

En 2007, Jamie se fait remarquer avec un premier EP, « Wayfaring stranger », la reprise a capella du standard américain de gospel-folk déjà chanté par Johnny Cash notamment. À l’AB, mercredi, Jamie en a d’ailleurs donné, en rappel, une version très inspirée, avec ses claquements de doigts pour seul accompagnement. Jamie a l’habitude de se produire seul avec sa guitare et ses échantillonneurs de boucles. Mais il prend son temps pour confectionner son premier album. « Il me fallait trouver un style, un son propre et avoir suffisamment de chansons. Je voulais une idée forte pour mon premier disque. Il fallait que je le produise moi-même. Je devais trouver ma propre identité. »

Ainsi naît Mirrorwriting précédé par le titre « Night air » qui devient vite un tube et lui vaut d’être classé par la BBC, le magazine Q et le Guardian parmi les révélations à suivre en 2011.

John O’Kane, vieil ami de la famille, qui a travaillé avec maman McKenna, lui donne un coup de main pour les textes. Sa maman chante sur « Night air » et le tout, avec sa voix bien en avant, est nappé sur un lit d’effets électroniques inspirés du mouvement dubstep. « Je ne suis pas issu de cette scène, je n’ai jamais été DJ mais j’ai beaucoup écouté cette musique, des copains en font… »

Au contraire de James Blake arrivé à la soul via la scène dubstep, Jamie Woon a entrepris le chemin inverse. « Je suis arrivé à la musique en tant que chanteur, j’aime cette sensation. Le disque est surtout ma voix. Je ne pourrai pas répéter cela à l’infini. Pour moi, ce disque est un premier chapitre. Le second sera différent. J’aime la production, j’aimerais travailler avec d’autres chanteurs. Faire de la musique instrumentale. Mes premières chansons ont toutes été écrites à la guitare, les nouvelles seront davantage basées sur les grooves. J’aimerais travailler avec des rappeurs, des chanteurs plus extravertis que moi. »

Sur scène, Jamie mêle acoustique et électronique avec des effets sur sa voix, une guitare, deux claviers et un batteur.

Jamie Woon, belle gueule d’ange, ou de gendre idéal, c’est selon, est un soulman qui ne mise pas tout sur son physique. Il est propre sur lui mais n’en abuse pas. « Je n’ai pas mis mon visage sur la pochette, c’est un bon départ. J’ai dû plus me battre pour la vidéo. » La pochette est son nom multiplié dans un graphisme à l’effet miroir très intéressant, comme un totem. « C’est comme ça que le disque a été fait. Seul, à multiplier des couches, sur une longue période de temps. J’aime l’idée d’un nom devenant un objet. »

Romantique, Jamie a invité récemment sa copine à Bruges pour son anniversaire. Un gendre idéal, qu’on vous dit !

Jamie Woon sera au Pukkelpop (du 18 au 20/8). Album Mirrorwriting (Universal).

THIERRY COLJON

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