The Dodos : Bonnes Nuits !

Voilà plusieurs jours que le soleil ne déloge plus du ciel belge. Tout bénéf pour les Nuits. Samedi soir, les serres du Botanique étaient surchauffées à l’heure d’accueillir The Dodos. Sous la boule à facettes, les Californiens ont livré un set brillant.

Sur le coup de 20 heures, le beat claque et résonne sous les volutes de la Rotonde. A tel point qu’on se demande si Laurent Garnier, annoncé pour une prestation de cinq heures sous le Chapiteau, ne s’est pas trompé de scène. La salle est plongée dans un noir profond. Impossible, vraiment, de discerner les traits de l’artiste qui, sur les planches, déplace son ombre et triture le laptop. Un fâcheux problème technique précipite pourtant les présentations : Rodolphe Coster. Touche à tout invétéré, le Belge a déjà croqué la pop (Flexa Lyndo), la chanson (Baum) et le punk-rock (Cafeneon) une guitare à la main. Il se réinvente aujourd’hui en électronicien et la formule lui sied plutôt bien.

Dans sa foulée, l’électronique s’efface pour laisser place aux envolées organiques de The Luyas, quatuor québécois de Montréal. Emmené par le timbre aérien de sa chanteuse, Jessie Stein, le groupe esquisse des mélopées atmosphériques, régulièrement entrecoupées de striées électriques. Entre les notes déposées sur le Wurlitzer, les brames d’un cor d’harmonie et de sobres bidouillages, Jessie Stein sort son épingle du jeu. La voix céleste des Luyas règle la tension à l’aide d’une moodswinger, instrument hybride qui doit autant à la cithare qu’à la gratte électrique. L’appareil culmine sur les hauteurs de ‘Canary Song’ et le concert monte d’un cran. En fin de parcours, The Luyas est rejoint par The Dodos, tête d’affiche de la soirée. On croit alors entrevoir le bouquet final. Mais le plus beau reste pourtant à venir…

Accompagnés d’un troisième larron, le guitariste Meric Long et le batteur Logan Kroeber envahissent l’espace pour défendre la bannière de leur petit dernier, le récent ‘No Color’ où le groupe de San Francisco renoue avec la fulgurance psychédélique de ses deux premiers albums (‘Beware of the Maniacs’ et ‘Visiter’). Son improbable moustache plantée derrière les fûts, un tambourin scotché au pied gauche, Kroeber anime l’univers féérique des Dodos de percussions insolites. Il en faut peu au garçon pour faire sonner un morceau. Si la batterie est minimaliste, ses effets sont incalculables.

The Dodos joue son concert à l’énergie. Sans temps mort. Les mélodies voyagent d’une guitare à l’autre. Mais c’est Meric Long qui accroche tous les mérites sur le manche de sa six cordes. Entre finger-picking et arpèges, le guitariste déambule à travers les chansons et décharge régulièrement l’électricité sur ses précieuses mélodies. The Dodos campe sur la ligne du temps, entre passé et présent. On peut soulever les références (de John Fahey à The Incredible String Band) ou songer à Arcade Fire et profiter de l’instant. Les montées épiques croisent les percussions épileptiques et le concert s’égrène, tout en césures et changements de rythmes. Merci Long tente quelques incursions en français pour s’adresse au public : « Merci, vous z’êtes top très gentils ! » Sur le coup, on a presque envie de lui retourner le compliment. Mais comme on n’a pas élevé les cochons ensemble, on se contera d’applaudir. Encore et encore.

Nicolas Alsteen

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