Le poète des petits riens Philippe Katerine présentait hier son dernier et radical album éponyme au Cirque Royal. Alors Katerine, bouffon plus très drôle ou génie incompris?
Maître Katerine, sur la scène perché, nous tint à peu près ce langage…
Le visuel. D’abord, il faut voir la dégaine. Entouré de ses Katerinettes et d’un groupe minimalo-minimaliste (guitare, basse, batterie, pas de chichi), le poète s’avance vers la lumière: Kilt, veste de training, moustache, casquette et ces bottes en poils de chien qui lui montent jusqu’aux genoux. Rapidement, Katerine tombe le kilt, et le reste. Ce sera donc le style moule-burnes aux couleurs jeans et bedaine sortante qui prévaudra pendant l’heure et demie que durera le spectacle. Car aussi peu sophistiqués qu’ils soient, les costumes et chorégraphies font partie intégrante du show qui sera partie musique, partie stand up théâtral, partie déconne plus ou moins improvisée.
Le son. La première heure du set sera consacrée exclusivement (à l’exception d’un 100% VIP un peu perdu dans le tas) au dernier album, ce manifeste radical à la sauce dada, presque anti-Chanson Française (avec majuscules) tant le parti pris y est minimaliste, direct et premier degré. Evidemment, parmi ces vignettes de «chansons vécues» ou de réflexions chantées dans leur plus simple expression, il y a à boire et à manger. De l’émotion pure, simple et directe (Parisvelib’, Vieille Chaîne), des chansons-slogans à reprendre en choeur avec bonheur (La Banane, Liberté, Les Bisous, Juifs Arabes)… et aussi de l’auto-parodie un peu trop facile que pour mousser (Blablabla, La moustache), soit ce que certains reprochent à Katerine sur son dernier album.
L’autre problème, c’est que la blague ne fonctionne jamais aussi bien que la première fois qu’on l’entend. Or, sous ses airs de ne pas y toucher, Katerine mène un show très mesuré. Et tout ce qui peut apparaître comme de l’improvisation au milieu d’un titre, ou presque, se trouve déjà sur l’album. Ce qui donne ce paradoxe: le concert manque un peu de spontanéité par rapport au disque!
Les choses seront plus vivantes lors des deux rappels, où la communication avec le public sera plus naturelle et où notre homme ressortira quelques bons crus comme Poulet n°728120, Excuse-moi, Le 20.04.2005 (date d’une rencontre fortuite avec Marine Lepen), Borderline et bien sûr le tube Louxor, j’adore dans une version garage un peu maigrelette mais toujours aussi efficace. En somme, que du bonheur!
Le cas Katerine. Alors, Philippe Katerine: comique pas drôle ou génie incompris? Le bonhomme s’est en tout cas créé un personnage de bouffon du roi qui, comme tous les bouffons, sous leurs airs de ne faire que de la déconne, lâchent des vérités qui touchent au coeur des choses! Reste qu’avec son dernier album, Katerine semble être arrivé au bout de ce double, tant il l’a poussé vers le premier degré, sans plus aucun recul, à la limite du caricatural et de l’auto-parodie. Une démarche courageuse et le plus souvent réussie. A moins qu’il ne s’agisse pas d’un personnage? Mais alors!… Quel poète, ce Katerine!
Didier Zacharie
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Philippe Katerine, La Banane
Philippe Katerine, Juifs Arabes
Philippe Katerine, Poulet n°728120
Pitchounet
16 mai 2011 à 16 h 58 min
Héhéhé : on a vu le même spectacle alors ! J’ai aussi trouvé que la fraîcheur du dernier album était un peu diluée par les multiples répétition qu’a dû nécessiter ce show. Mais les Katerinettes m’ont mis de belle humeur. Le final était sublime avec cette débauche d’effets sonores de fin de spectacle…. Ce que j’ai préféré : le côté “stand up”, notamment lorque P.K. s’est vu élire président de la Belgique par le public… Un sacré poète le mec…
Mr Wang
19 mai 2011 à 9 h 35 min
Nous, on a Daniel Hélin. Moins vulgaire et plus authentique!
michel
20 mai 2011 à 7 h 45 min
http://concerts-review.over-blog.com/article-les-nuits-botanique-soir-5-katerine-irma-playboy-s-bend-au-cirque-royal-bruxelles-le-15-mai-20-74240801.html
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