Derrière ce pseudo évoquant plutôt une association louche se cache Matt Elliott. Depuis 1996 environ, année de parution d’un premier véritable album (In version), à une époque où les connaisseurs ne parlent que de drum’n’bass mais aussi de trip hop, un genre qui gagnera finalement ses lettres de noblesse avec les Portishead, Massive Attack, Earthling et autres Tricky, comme lui tous originaires de Bristol. Après quelques années de sommeil, il a relancé 3ef (pour les intimes), en bonne compagnie comme on le verra ce soir sur la scène du Bota.
Marqué dès son plus jeune âge par les chants religieux orthodoxes, dans un premier temps fondateur avec Dave Pearce de Flying Saucer Attack, le garçon affiche aujourd’hui une discographie conséquente malgré sa discrétion. Pour y entrer, essayez You guys kill me sorti en 98… à condition de ne pas déjà être dépressif ! C’est toujours de la drum’n’bass qui est au programme, tendance lugubre, mais on s’y frotte aussi à quelques solides expériences menées sur l’aspect lancinant des boucles sonores. « For all the brothers and sisters » est par exemple une sorte de mélange entre sirène et pleurs. Quant à « An even harder shade of dark », c’est la compo anxiogène par excellence !
Fin 2010, Elliott revenait sous son avatar avec The dark, un album de cinq titres, plutôt attendu. Non content d’avoir réactivé The Third Eye Foundation après une parenthèse singer-songwriter (voir sa trilogie folk et très sombre des Drinking songs, Failing songs, et Howling songs), il remonte sur scène dans le cadre d’un projet collaboratif auquel participent Bracken, Six Ans de Mutisme alias Chapelier Fou et Manyfingers. Cette fois, le Bristolien ne sera plus seul pour mener à bien ses expériences : laptops, violon, guitare et violoncelle de ses camarades seront là pour les épicer encore un peu plus.
Un mot de présentation pour chacun de vos invités de ce soir ?
Ce sont des amis très talentueux, et des artistes qui travaillent aussi en solo ; j’ai donc hâte de les voir à l’œuvre ! Procédons par ordre alphabétique… Chris Adams, je le connais depuis une quinzaine d’années. Nous avons grandi ensemble, musicalement parlant. J’ai eu le privilège d’être impliqué dans certains des disques qu’il a enregistrés avec Hood. Il travaille aujourd’hui sous le pseudo de Bracken et est le moteur du label dubstep Axxo. A Nantes, pendant un concert, il a trouvé la fréquence qui fait voir des fantômes ! C’était une expérience intense et éducative, que de la ressentir ! Sur scène, il sera aussi chargé des basses, en tout cas certaines d’entre elles.
Manyfingers ?
Chris Cole est un vieux pote de tournée. Nous avons parcouru presque toute l’Europe ensemble. Il se produit sous le pseudo de Manyfingers, a beaucoup de talent et est un de mes amis les plus proches. Je serai content de le voir sur scène parce que ça fait longtemps que je n’en ai plus eu l’occasion. J’ai dû assister à un millier de ses performances, mais il arrive toujours à m’impressionner !
Vous serez aussi accompagné par Louis Warynski alias Chapelier Fou…
Il est le plus jeune de l’équipe mais constitue une partie essentielle de la dynamique de 3ef. C’est un multi instrumentiste de talent autant qu’un génie de la technique : pendant les sound checks, on peut souvent nous entendre crier désespérément après Louis pour qu’il vienne nous aider ! Nous sommes sur le même label. Il va devenir une star, et je suis certain qu’il le mérite !
L’idée qui était à la base de Third Eye Foundation il y a quinze ans en est-elle toujours la force motrice aujourd’hui ?
Oui ! Et j’en suis sûr parce que les derniers concerts que j’ai donnés m’ont rappelé exactement ce que je voulais faire au départ avec la musique. C’est différent de ce que je cherche en tant que Matt Elliott. L’idée originelle est d’explorer le son, qui produit un effet intense sur le corps et l’esprit. Prenons un exemple : si vous faites écouter un bruit blanc à quelqu’un et que vous lui dites qu’il y a une compo par-dessous, ou même si vous ne le lui dites pas, chacun entendra quelque chose de différent parce que le cerveau s’est mis à halluciner « auditivement ». Donc, si vous n’utilisez pas de bruit blanc mais des couches de sons et de fréquences, le cerveau de chacun répondra différemment et se fera ses propres connections.
A condition que chaque auditeur consente à un certain effort ?
Bien sûr, cela nécessite un minimum d’efforts. Et ce n’est pas toujours facile. Mais si vous glissez une mélodie sous le son, tout se connecte et le cerveau devrait être satisfait, du moins en théorie.
Certains sons ont un impact immédiat sur le corps…
Les basses fréquences. Quant aux infrabasses, elles peuvent affecter directement le cerveau. Sur scène, nous jouons également avec un élément de chaos, puisque nous disposons de plus d’options que nous n’en avons besoin. Ce qui nous permet d’explorer à chaque fois différentes directions. En même temps, plus le concert avance, plus il devient cohérent pour nous. Mais j’aime cet élément de chaos : j’en jouais beaucoup à l’époque du vieux Third Eye Foundation, et je l’apprécie encore aujourd’hui.
La musique électronique qui se fait aujourd’hui vous intéresse-t-elle encore ?
Disons que j’avais presque renoncé à m’y intéresser, mais je dois reconnaître qu’ici et là, ça m’accroche. Toute une partie de la scène dubstep, bien sûr. J’aime aussi le son développé par Flying Lotus. Le nouvel album de Seefeel est un putain de disque. Sinon, comme souvent, le meilleur est à aller chercher dans l’underground.
Didier Stiers
Third Eye Foundation Night
20.00 – 20.30 : Matt Elliott
20.40 – 21.10 : Six Ans de Mutisme
21.20 – 21.50 : Manyfingers
22.00 – 22.30 : Bracken
22.45 – 23.45 : Third Eye Foundation
The Third Eye Foundation – “Electronique A”
The Third Eye Foundation – “What is it with you”
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