On pressentait une nuit sauvage et électrique et elle le fut. Dans un bar du centre-ville, à pas d’heure, Devil D’Inferno mixait en compagnie de son homologue des Black Lips dans une ambiance rock’n’roll, festive et extrêmement cool.
Quelques heures plus tôt, à 20 h 55 exactement, Experimental Tropic Blues Band balançait la sauce pendant trente-cinq minutes pied au plancher. De retour d’une tournée homérique d’une dizaine de dates aux Etats-Unis, le trio liégeois était impeccablement en place. On attendait évidemment beaucoup des nouveaux morceaux du prochain album. Ça a démarré en force avec « Worm Wolf » et son riff à la Jean-Marie Aerts (TC Matic). « Do it to me » fait le lien entre Captain Beefhaert et Suicide. « The Best burger », souvenir d’Austin, renvoie aux Ramones et à Jerry Lee Lewis.
Les autres morceaux sont épileptiques et tendus avec des racines extrêmement blues grâce aussi à la voix Dirty Wolf dans un registre proche de Muddy Waters. Et, surprise, les Tropic balancent une espèce de slow à la Phil Spector intitulé « Can’t change ». Ah oui, « Sex games » est une bombe atomique et risque d’être un des temps forts des futurs concerts. Si certains fans avaient un avis plus contrasté sur les nouvelles compositions, il est évident qu’avec ce troisième album, Experimental Tropic Blues Band passe dans une division supérieure.
Il n’a pas fallu un demi-morceau des Black Lips pour voir les bières voler. Il y a toujours chez le groupe originaire d’Atlanta une part de joyeux bordel sur scène. Bien qu’un peu cuits par beaucoup de concerts, les Black Lips ne se sont pas moqués du monde pour autant. Là aussi, on découvrait en primeur quelques extraits d’Arabia Mountain, sixième album des Américains.
Si les Tropic puisent une partie de leurs racines dans les années cinquante, les Black Lips s’abreuvent dans les années soixante avec ce son crade qui rappelle les premiers enregistrements des Kinks voir des Beatles. D’ailleurs, le chanteur et bassiste Jared Swiley a la même basse que Paul McCartney. On se surprend aussi à trouver une touche Rolling Stones tout en pensant aussi beaucoup aux Saints ou à Johnny Thunders. Tout cela respirait la fête à plein nez. Certains spectateurs n’hésitant pas à monter sur scène pour se plonger dans le public et ainsi de suite…
PHILIPPE MANCHE
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