Est-ce que c’est encore loin, The Middle East ?

Vagues cousins des Fleet Foxes – comparaison n’est pas raison –, les Australiens sortent un album de perfectionnistes.
Ils ne sont pas les garçons les plus exubérants du monde, Rohin Jones et Jordan Ireland. Clopes, petits biscuits et café aidant, le duo à l’origine du groupe The Middle East se déride pourtant peu à peu. Le premier s’excuse pour un « slurp » pas discret. Le second finit par vous regarder dans les yeux de sous ses tifs qui n’ont pas croisé de peigne depuis pas mal de temps.

La première fois que The Middle East s’était signalé sur nos écrans radar, c’est à l’époque d’un ep, The recordings of The Middle East… Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, d’autant que l’écriture de ces premières chansons date, elle, de 2006… « Oui, du temps a passé et je suppose qu’on a aussi connu pas mal d’expériences de vie. En même temps, ce n’est pas évident de commenter tout ça, nous dit le premier. Nous sommes encore trop « dans » ce disque. Pour l’instant je vois encore les choses en terme de travail, je n’ai pas assez de recul… » C’est son camarade qui assure la touche d’humour : « Nous étions encore des petits garçons, quand nous avons enregistré cet ep. Laissez-nous le temps d’assumer le fait d’être devenus des hommes ! » Et Jones de reprendre : « En même temps, ça fait longtemps que je n’ai plus pensé à ce disque-là. J’ai un peu de mal à me sentir lié par des choses qui appartiennent au passé, si vous voyez ce que je veux dire. »

I want that you are always happy, c’est donc le titre du nouvel album (leur premier, en fait), a coûté pas mal d’efforts à nos deux perfectionnistes. « Ce fut intense, confirme Rohin Jones. Nous avons travaillé dessus pendant une bonne année. Personnellement, ça a mobilisé toute mon énergie mentale pendant la quasi-totalité de cette période. » Leur ambition ? Toute simple : créer quelque chose qui soit au minimum bon. « En tout cas, de notre point de vue. En même temps, nous avions tous les deux quitté notre boulot… Quand nous ne travaillions pas en studio, nous étions sur scène. Et nous avons été pauvres pendant un bon moment ! » Ce qui peut aider, d’une certaine manière. Il en existe aussi, des artistes qui disent être plus prolifiques quand ils sont dans la dèche, psychologique ou matérielle ! « On peut le supposer… En tout cas, les premières plages du disque reflètent les situations difficiles vécues ces dernières années : le stress, les conflits entre nous, le temps passé trop vite… C’est un peu comme si, dès que nous avons commencé à écrire, notre environnement s’est transformé. Garder le cap devenait alors tout de suite plus compliqué. »

Pour partie, leur environnement s’appelle Townsville, dans le Queensland. Un coin où on peut rester à l’abri du monde quand on le veut, ou en faire partie grâce au Net. Mais également le genre d’endroit comme il en existe beaucoup d’autres ailleurs où l’on se met à la musique parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Rohin Jones : « Ces deux dernières années, je crois que nous ne sommes jamais restés plus de deux semaines au même endroit. Je me souviens aussi avoir passé deux mois à la maison sans rien faire, et j’ai écrit quinze chansons, alors que sur l’année passée à bouger, j’ai dû en écrire six au maximum. Ces constants changements d’environnement ont définitivement eu une influence sur le disque. »

Perfectionniste, ce tandem ? Si être perfectionniste, c’est ne jamais être satisfait, alors oui. « Si un autre degré de perfectionnisme implique de ne jamais terminer quelque chose, alors nous ne le sommes pas tant que ça. Mais nous avons certainement dû nous battre pour mettre un point final au boulot consenti pour ce disque. » Jones et Ireland disent être encore novices dans le milieu de la musique et donc ne pas encore avoir assez de maturité que pour sortir quelque chose plus rapidement. D’autant qu’ils font aussi partie de ceux qui aiment toucher à tout, de l’écriture aux arrangements en passant par la technique et la production.

Leur background musical n’affiche rien de bien compliqué… L’un ou l’autre parent qui jouait de la musique, un frère qui écoutait des disques, une sœur souvent au piano, des choses comme ça… « Il y a cette fable qui court au sujet de Jordan, glisse Rohin, mais en fait, c’est une histoire vraie ! Vous connaissez « Clair de lune » de Claude Debussy ? » Oui… « Bon, eh bien… Jord ne sait pas lire les partitions. Mais je me souviens l’avoir vu apprendre à jouer « Clair de lune » en trois ou quatre sessions. Et aujourd’hui, il est capable de le jouer ! » Sous sa tignasse, l’intéressé semble rougir un peu. « Pas tout… Je le joue aux deux tiers, juste avant que ça devienne trop technique. À ce moment-là, je dis que j’ai soif ou que je dois aller pisser et je me barre… »

http://www.myspace.com/visitthemiddleeast

DIDIER STIERS

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