Sacrée météo ! Comme nous l’écrivions mercredi dernier, cette Fête de la Musique qui s’adresse à tous les goûts doit avoir le beau temps pour partenaire pour qu’elle soit une pleine réussite. L’idée est en effet toujours la même depuis son invention, voilà près de 30 ans : faire sortir les gens de chez eux et les pousser à aller écouter des artistes en herbe ou confirmés, dans des endroits parfois même pas toujours dévolus à cela.
Ce samedi, à Bruxelles, « l’endroit » est la place des Palais. Mais le rayon de soleil qui se balade du côté du Parc Royal est trompeur : la météo est plutôt à la pluie. Même passagères, les averses sont abondantes. Du coup, à 17h pile, quand Akro prend possession de la scène avec ses musiciens et ses choristes, c’est encore loin d’être la grande foule. Où est le public ? Dans son ordinateur ? Non, il arrive juste doucement… Tout doucement… L’ancien Starflam va donc à l’essentiel, avec son hip hop authentiquement old school et positif : le son est un peu plus gonflé et moins jazzy que sur son récent Bleu électrique, « Bruxelles plurielle » tombe à pic (mais avec ou sans soleil, c’est pas tout à fait pareil quand même), « Respect » est l’occasion de signaler la sortie en septembre du clip tout juste tourné en Jamaïque (« Que des bonnes vibes ! » On veut bien le croire !) et « Ak Mundele » clôture le set sur un tempo résolument festif.
L’an dernier sur ces mêmes pavés, ce n’était pas réellement la fête pour les Tellers dont la prestation, dans le cadre du Brussels Summer Festival, avait été solidement perturbée par la drache. Un coup d’œil vers les nuages menaçants de ce samedi, et on se demande : « Rebelote ? » Presque : emmenées par une solide section rythmique, les chansons de Ben Baillieux font la course contre l’ondée. Qui prend l’avantage après 20 minutes de concert, avant de s’arrêter avec la sage reprise de Cure (« The lovecats ») puis « Second category ».
Repleuvra ? Repleuvra pas ? Quand les Skatalites montent sur scène, les parapluies ont déjà été dégainés, mais il ne faudra aux Jamaïcains, 47 ans de carrière au compteur mais encore du souffle, qu’un ou deux instrus pour conjurer les éléments. « Hey, here is the sun ! The Skatalites did that ! What do you say ? » On dit merci ! Le groupe enchaîne, annonce l’arrivée de Doreen Shaffer, d’un invité belge (Freddy Loco), les « Dick Tracy » et autres « Guns of Navarone » font bouger les premiers rangs.
A gauche comme à droite de la place, ça circule beaucoup : les fans de ska cèdent la place aux accros de world music. Un type un peu éméché passe son temps à s’en prendre aux poubelles, suivi comme son ombre par un agent de sécurité. Dans la foule, un spectateur a amené… sa poupée gonflable, qu’il ne manque pas de brandir par-dessus les têtes. Les abords du Palais sont désormais bien remplis. Dans une atmosphère bon enfant à défaut d’être échevelée.
Faire bouger, Amadou et Mariam connaissent. Les danseuses donnent l’exemple, les djembés font oublier le thermomètre qui plonge peu à peu. Après tout, ils sont venus pour danser, pour chanter, pour faire bouger, et comme « Batoma », on s’en fout… de la météo. C’est samedi et pas dimanche (A Bamako), on verra demain pour le beau temps. Surtout que Gaëtan Roussel a lui aussi dans son répertoire amplement de quoi faire remuer le public. « Inside outside » et ses accents rock, par exemple. Le solo de batterie sur « Help myself ». Ou encore cette cover du « Psycho killer » des Talking Heads. « On vous a amené une petite chanson pour danser ! » Gentille attention : minuit approche, et un petit vent bien cru va accompagner toute la prestation du Français Chapelier Fou.
Didier Stiers
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