Première chose à faire en entrant sur le site de Couleur Café ou même en plein festival, histoire de se reposer un peu des décibels: se rendre au Cool Art Café. C’est la quatorzième fois que le festival organise cette exposition qui, dans un des hangars du site, permet à tout un chacun dé découvrir un havre de paix à nul autre pareil en festival.
Herman Bertiau en est toujours le commissaire et cette année, le thème choisi est: Do you believe? La foi est donc au centre de ce temple dévolu à la beauté, sous forme de photos, de sculptures et d’installations.
Dès l’entrée, on est happé par l’installation d’Aston Zigo: des chaises d’église en cercle, des kofias musulmans, des tongs à la place des babouches et, au centre, une mare de sang de boeuf , une guirlande lumineuse mobile et un billet de banque. Trop violent ? Les photos de Bruno Morandi prises dans des temples bouddhistes sont là pour reposer l’âme. Que de calme, de sérénité et de paix dans ces gigantesque clichés, rejoints un peu plus loin par des bouquets de couleurs tirées d’une fête de l’Uttah Pradesh.
Tout est saint avec l’installation participative de Michel Liégeois et Mélanie Rutten qui incitent les enfants (ou leurs parents) à décorer des pagodes de Julos Beaucarne avec ses propres fétiches réalisés sur place. Tout est là pour ça. Animisme, bouddhisme, christianisme, judaïsme, islamisme, hindouisme… Tout est là, quitte à passer par un choc des civilisations. Six colonnes (une par religion) se retrouvent masturbées par Ronald Dagonnier alors que l’Américaine Annie Sprinkle, ex strip-teaseuse et actrice porno, activiste féministe écolo-sexuelle, donne sa version forcément hard de la Sex Goddess. Ames sensibles s’abstenir.
L’Iranienne Shadi Ghadirian s’interroge sur la violence quotidienne faite aux femmes. Femmes voilées dont le visage est remplacé par un objet de la vie courante. Les femmes voilées et dénudées d’Herman Bertiau, autant que les Corps Divins de Pierre et Gilles ne sont que beauté et volupté. On passe ensuite aux nombreux fétiches vaudous sous toutes les formes. Masques et objets rituels d’une force incroyable. A l’image de cette église protestante comme il y en a tant aux Etats-Unis. On s’en approche pour découvrir qu’elle est faite d’armes et de munitions. Une maquette vaut plus que de grands discours. Comme le dit Souchon: et si en plus, y a personne…
THIERRY COLJON