Le petit chouchou de Couleur Café, c’est lui. Pour sa troisième venue sur le site de Tour & Taxis, l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly a lancé l’African Revolution devant un parterre conquis d’avance.
Cela fait plus de vingt ans que Tiken Jah Fakoly chante l’Afrique, et l’Europe en redemande. Car il y a bien des choses à apprendre sur le continent noir. Un concert de Tiken Jah, c’est comme des cours d’Histoire-géo et de sciences-po, on en ressort le cerveau tout chaud. L’Ivoirien revendique d’ailleurs l’héritage de Bob Marley et assume son rôle d’«éveilleur de consciences». Car c’est aussi à ça que sert le reggae.
Durant près d’une heure et demi, Tiken Jah aura donc fait passer son message à un public conquis sur un tapis reggae roots sans grande surprise mais efficace. Même si par moments on aurait aimé que l’orchestre prenne les choses en mains et varie un peu de tempo. Derrière, un grand drap annonce le programme: «African Revolution», du nom de son dernier album. Et la révolution africaine passe par nombre de chantiers: dénoncer et combattre les injustices (Je dis non, Françafrique…), évacuer les clichés qui persistent à propos du continent («Viens voir, tu parles sans savoir»), atteindre à l’unité africaine (L’Africain) et pousser le peuple à retrouver sa dignité: «On ne fera pas la révolution avec une jeunesse qui tend la main».
Véritable porte-parole de l’identité africaine, Tiken Jah Fakoly parle autant aux Européens qu’aux Africains. Et c’est peut-être sa plus grande qualité. Son message est simple, direct, souvent amer et parfois naïf. Mais il propose toujours une porte de sortie, un chemin à suivre pour solutionner le problème, quel qu’il soit. En ce il est porteur d’espoir et pousse à aller de l’avant. En tout cas le public de Couleur Café s’y retrouve. Professeur Fakoly peut quitter la scène satisfait, sa parole a été entendue.
Didier Zacharie
Tiken Jah Fakoly, Je dis non
Tiken Jah Fakoly, Africain à Paris