La plaine des bonnes surprises

Plus de 300.000 spectateurs, en assistance cumulée, fouleront la plaine de Werchter d’ici ce dimanche. Après un début tranquillou, les Suédois de The Hives et leur rock garage endiablé ont véritablement lancé le festival. TV On The Radio était tout aussi électrique.

Treize heures. Werchter. Tandis que les festivaliers arrivent gentiment sur l’herbe fraîchement coupée de la plaine flamande, il y a une petite animation au village presse. Seasick Steve, que nous vous présentions dans le MAD de mercredi, détaille l’historique de ses guitares cabossées à Ruben et Paul de Triggerfinger. On branche les amplis et un blues ultra roots s’échappe des enceintes minimales. Les journalistes et équipes de télévision s’installent. On en profite pour faire la pub de nos camarades de Pure FM, qui diffuseront des concerts en direct. Les abonnés à Belgacom TV pourront, quant à eux et ce samedi soir, regarder le concert de Coldplay. Sur ce, on part s’alimenter sur le site, à la recherche d’un bon plan. C’est chose faite avec un roboratif kebab aux piments bien « hot ».

Deux heures plus tard, c’est du lourd. Avec l’ouverture officielle de cette 34e édition. Il faut attendre cinq minutes pour voir arriver sur scène le premier des cinq rappeurs du collectif de hip-hop underground américain Odd Future. On les avait vus en club, à La Chocolaterie à Bruxelles il y a quelques mois. Ça sentait la bière, la sueur et la ganja. Sur la plaine de Werchter, l’effet est moins frontal. Ça n’empêche que c’est toujours autant le bordel. À peine arrivé sur scène, un des lascars disparaît dans le public, le service de sécurité à ses trousses. Un autre asperge le public de sa bouteille de champagne… Tyler The Creator arrive, lui, en chaise roulante, le pied dans le plâtre. On croit à de la flûte mais à voir la gamelle que se prend le cerveau du collectif, et sa grimace, on se dit que ce n’est pas du chiqué. Musicalement, Odd Future Wolf Gang Kill Them All (OFWGKTA) renvoie du côté de Dizzee Rascal ou du Wu Tang lorsque les cinq jeunes gens sont au micro. Et là, notre chouchou Domo Genesis fait des miracles avec son flow tranchant comme une lame d’un moine Shaolin. Il y a de l’énergie punk dans leur attitude qui vire parfois vers le rien à foutre lorsqu’un MC lance un doigt d’honneur ou un autre titre une énorme taffe sur sa pipe à eau. Néanmoins, on tient là, si pas le futur du hip-hop, au moins son présent. Aloe Blacc, dans le frontstage, était plus réservé que ses musiciens qui se sont gentiment dandinés…

Un Led Zep sur la plaine

On retiendra de la prestation emballante, sympa comme tout et très attachante de Seasick Steve, la présence sur scène de John Paul Jones, le bassiste de Led Zeppelin et de Them Crooked Vultures qui a participé à You can’t teach an old dog new tricks, dernier album en date de l’Américain, ainsi qu’un immense capital sympathie qui fait l’unanimité. En vieux briscard qu’il est, ce bon vieux Steve est même parti chercher une demoiselle dans le public, la bien nommée Astrid, qu’il a ensuite fait monter sur scène afin de lui chanter un « Walkin’ man » de circonstance.

Du côté du Marquee, la première bonne surprise du jour est venue de TV On The Radio. Le groupe de New York, qui ne s’était jamais produit ici, dixit son chanteur Tunde Adebimpe croisé une heure plus tôt le temps d’une courte interview, n’a retenu de son dernier album en date (Nine types of light) que les morceaux les plus électriques, pour ne pas desservir une prestation très énergique. Mur du son pour pop et blues urbains, petits accents Congotronics vs Rockers et cuivre pour souligner les détours soul : la bande à Dave Sitek a même failli susciter le premier crowdsurfing du jour. Mais ici aussi, la sécu veillait au grain. Un grain, c’est ce qui menace, au-dessus de la plaine flamande. En début de soirée, à l’heure où Anouk occupe la main stage, le ciel est toujours dans le gris. Sur scène, avec les Queens Of The Stone Age et James Blake notamment, la suite s’annonce autrement plus colorée.

DIDIER STIERS et PHILIPPE MANCHE

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