Il y a des jours comme ça où quelques fantômes du passé remontent à la surface et vous explosent sous le nez. Hier soir, tenez, en clôture de ce premier jour d’Ardentes, après un Stromae se produisant en terres conquises, c’est un peu le sentiment vécu face à The Human League, au milieu d’un public assez clairsemé.
Quel contraste d’ailleurs avec la foule présente au HF6 quasiment une demi-heure auparavant pour faire la fête à Stromae ! Dehors, il ne fait pas vraiment frisquet, mais quand on pénètre dans les lieux, la vague de chaleur est nettement perceptible. En deux beats, le Bruxellois, toujours dans son personnage un peu décalé, a donné le signal de la fête. Et le public ne s’est manifestement pas fait prier pour lui emboîter le pas. De danse : ça bouge dans tous les coins, face à la scène comme autour du bar ou aux abords de la structure. « En face, c’est Liège », lâche Paul, chemise claire et petit pull gris. Et d’en face, la clameur reprend de plus belle.
De la clameur, il y en a eu, pour saluer Philip Oakey, Joanne Catherall et Susan Anne Gayle. Une, en tout cas, quand The Human League entonne cette bonne vieille scie des boums d’antan qu’est « Don’t you want me ». Ça sonne comme un hymne, mais avec l’écho, c’est surtout d’un hymne au passé dont il s’agit. Un passé figé dans le synthétique, presque vidé de sens et de substance. A voir le trio comme ça, enchaîner les « All I ever wanted » et autres « Mirror man » avec ce petit quelque chose de grandiloquent alors que son heure de gloire est loin derrière, on se prend à sourire en coin. La blonde Susan ondule et se déhanche avec toute la conviction du monde, frappe dans les mains, incite la salle à en faire autant, se fait prier avec ses deux camarades pour un rappel (« Being boiled » et « Together in electric dreams », le tube produit par Giorgio Moroder)… Ça fait vrp, et ça manque surtout terriblement de flamme. Un comble, vu l’endroit !
Didier Stiers
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