Un demi-siècle après la création des Rolling Stones, Mick Jagger fonde Super Heavy. Entre soul, rock, pop et reggae, le supergroupe est né d’une illumination dans la jungle de Jamaïque.
J’étais aux Caraïbes, à Lime Hall, en Jamaïque, au-dessus de Saint Ann’s Bay, raconte Dave Stewart, le spiritual cowboy d’Eurythmics. Je suis monté sur une colline à travers une sorte de jungle. Arrivé au sommet, j’ai eu une illumination. La lumière miroitait à travers les feuilles des arbres et c’est comme si j’entendais trois sonos qui jouaient ensemble trois choses différentes. J’ai pensé à une fusion de musiques. J’aime ça, les mix de cultures. J’ai appelé Mick Jagger, avec qui j’avais travaillé sur la B.O. du film Alfie. On s’est mis à parler d’une expérience, d’un mélange de voix et tout est parti de là, de cette conversation entre nous… »
Mick et Dave ont fait chauffer la colle. En Jamaïque, Damian, le plus jeune fils de la star du reggae Bob Marley, a lâché une bouffée de fumée blanche. En Inde, A.R. Rahman, le compositeur oscarisé de la B.O. de Slumdog Millionaire, a interrompu sa méditation transcendantale pour en être. La nouvelle princesse de la soul, Joss Stone, qui travaillait avec Dave sur un nouvel album, a fini d’allumer le pétard : « Tous ces gens avec des styles et des idées différents réunis dans une même pièce, c’était le fun. Je me sentais comme une enfant émerveillée. Ils m’ont regardée et m’ont dit, “OK, calme-toi”. On a fait de la “crazy music” qui ne ressemble à rien de connu. »
Guitare, harmonica et Urdu
Frappé par la grâce, Super Heavy a mis en boîte 22 chansons en une semaine, dont 13 devraient figurer sur l’album attendu pour le 20 septembre. Rock, pop, reggae, musique du monde… Super Heavy électrise les genres pour inventer un son nouveau. Mick interprète même un titre en urdu, « Satyameva Jayate. » « C’est un projet différent de tous ceux dans lesquels j’ai été impliqué jusqu’ici, déclare Jagger au magazine Rolling Stone. Le spectre de la musique est très large et va jusqu’au chant indien. Je joue de l’harmonica, de la guitare, mais tout ne tourne pas autour de moi. Il y a quatre chanteurs dans le groupe et c’est intéressant de voir ce que chacun apporte ».
Quand le groupe s’est réuni pour la première fois en studio, à Los Angeles, personne n’avait de mélodie en poche. Dave, Mick, Damian, Joss et Rahman ont fait du bruit pendant des heures. « Ça ressemblait à un groupe de débutants dans un garage », explique Dave à Rolling Stone, avec Damian qui jammait en répétant « Heavy, heavy, heavy, heavy, super heavy… ». Super Heavy : le groupe venait de se trouver un nom en même temps qu’un son.
Sur le premier single, « Miracle Worker », déjà disponible sur iTunes, ça balance plutôt reggae. Mick Jagger tient sa voix dans l’ombre de Damian Marley et Joss Stone, cachée derrière une ligne de basse rasta. Le plaisir de jouer ensemble est là, à défaut de la révolution musicale promise…
« On a besoin de rejouer tout ça devant un vrai public », s’enflamme Joss. « Je pense qu’on a un son géant et personne n’exclut la possibilité de partir en tournée », ajoute Dave. « Si tout le monde a vraiment envie de nous entendre, je suis sûr qu’on le fera. Mais si le public n’aime pas l’album, on ne prendra pas la route », tempère Mick. D’autant qu’en 2012, les Rolling Stones s’étaient promis de fêter leurs 50 ans de carrière par un retour sur scène. « You can’t always get what you want », Mick.
Jam et clip sur http://superheavy.com