Stephen Malkmus se retrouve avec les Jicks

Trois ans qu’on attend le nouvel album de Stephen Malkmus and The Jicks dont la configuration, le chemin musical de Malkmus, promettait de révéler quelques surprises.
Avec Pavement, Malkmus s’était assuré un succès de critique, un fervent public d’amateurs, et le groupe s’était définitivement imposé comme le fer de lance du Low-Fi, mouvement musical des années 90. Au lieu de se reposer sur les lauriers d’une gloire assurée de connaisseurs, le « Guitar Hero » a joint sa créativité aux Jicks, relativement inconnu, qui n’ont pas manqué l’occasion d’accompagner une pointure. En sont sortis trois albums d’une pop entraînante, délicate, presque parfaite qui n’a ensoleillé les étés de ses amateurs. Puis, en 2008, le quatrième album Real Emotional Trash a laissé les fans et la critique relativement perplexe. L’opus accueille alors les circonvolutions musicales prisées par Malkmus, doublée de mur de son, de accords de guitare bruts et parfois lourds rendant l’album assez inaccessible mais cachait, en son sein, de très belles mélodies.
Quelle chemin prendrait donc le quintet pour leur cinquième album, un an après la reformation temporaire avouée des Pavement qui a laissé, aux Ardentes 2010, un goût de trop peu ? C’est celui, finalement, d’un Malkmus sans, peut-être, de réelle surprise, mais qui conserve toute sa grâce. La premier titre est évocateur, Tigers, c’est Stephen Malkmus, aujourd’hui, qui compose l’album, c’est lui, plus que n’importe qui, plus qu’avant, s’impose dans cet album. En prenant Tigers et la seconde chanson No One is (As I Are Be) qui annonce et personnifie l’album : de la pop, des balades, de longues lignes de guitare entraînantes.
A travers sa musicalité, Malkmus se raconte et un constat clé s’impose, cet album semble le dernier avant un virage annoncé autant le chanteur semble ne pas savoir choisir la voie qui lui est propre. Certaines chansons sonnent indubitablement Pavement avec un rock entraînant mais coupé, régulièrement, pour laisser monter la voix de Malkmus vers les aigus qu’il affectionne : courts, simples et touchants, à l’image de Spazz.
Dans d’autres, on retrouve l’efficacité des premiers albums derrière une mélodie simple qui réussit sans devoir forcer, par sa seule grâce. A la différence que chacune de ces chansons s’allongent par des lignes de guitare, sans voix, Malkmus ne retourne pas vers la pop directe de ses débuts avec les Jicks, il laisse les morceaux flotter d’arrangements musicaux. On peut d’ailleurs voir ici un prolongement évident de Real Emotional Trash dans ce qu’il supprime la simplicité pop au profit d’une balade musicale.
Enfin, le producteur Beck qui s’est ajouté avec beaucoup de sobriété au quintet pour ne pas mettre sa patte mais parsemer quelques chansons, discrètement, de son style. On y retrouve des cœurs qui rappelle d’emblée sa collaboration avec Air, de l’harmonica, des sons électros signés. Mirror Traffic n’est donc ni une déception ni une surprise mais la simple joie de retrouver un ami, quelque temps en vadrouille, et d’écouter sa vie, ses changements, ses évolutions et d’attendre, avec une calme patience, la prochaine rencontre.
Adrien Dewez

http://stephenmalkmus.com/


commenter par facebook

1 commentaire

  1. scat thumb

    8 septembre 2011 à 19 h 12 min

    C’est l’album de la rentrée et sans doute le meilleur solo de Stephen Malkmus.
    D’ailleurs la plupart des critiques (Inrocks, AllMusic Guide,..) sont dithyrambiques.

    Monsieur, au chant et à la gratte, avec deux dames à la section rythmique et un autre Jick aux claviers,et ça fonctionne très bien.

répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *