Omar Souleyman, prince du dabke

Imaginez une musique orientale dominée par de l’électro un rien approximative… Comme si le Casio de Jean-Luc Fonck était trituré par un forcené qui aurait oublié quelques réglages de base. À côté, un second musicien impassible a empoigné un saz, une sorte de luth, électrifié et lui aussi en surrégime. Devant, au micro : un moustachu, lunettes solaires sur le pif, djellaba et keffieh sur le crâne, mélange mélopées, cris gutturaux et claquements de mains pour marquer le rythme irrésistible auquel est soumis le public.

Foin d’ironie, redevenons sérieux deux secondes: ce public sera celui de l’Ancienne Belgique, en ce dimanche sans voitures… Omar Souleyman, le moustachu en question, y montera sur scène dès 15h00. Accompagné de Rizan Sa’id (claviers) et d’Ali Shaker (saz), le prophète du dabke livrera l’une de ces prestations que les Inrocks ont déjà qualifiées d’« ahurissantes ».

Dabke, kesako ? Une danse folklorique qu’on dit originaire du Liban et qui se pratique en ligne. Souleyman, issu de la campagne du nord-est syrien, premier artiste du cru à s’exporter un peu convenablement, l’anime comme personne, même s’il se frotte aussi à quelques autres styles régionaux (chaabi, …). Lui qui a commencé par se faire une réputation comme chanteur dans les fêtes et les mariages, est ensuite devenu l’un de ces classiques « secrets les mieux gardés ». Et un peu à la manière du Staff Benda Bilili ou du Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo, Omar Souleyman n’a mis les pieds en dehors de son pays que récemment. Pendant l’été 2009, pour être exact, le temps d’une tournée internationale.

Deux ans plus tard, sa réputation le précède partout. En février, il était question d’un maxi enregistré avec Björk ! Le disque a vu le jour sur le label One Little Indian et s’intitule Björk – The Crystalline Series – Omar Souleyman Versions. Il faut dire également que le Syrien trimballe une discographie tout aussi ahurissante. Chez lui, elle compte près de 600 enregistrements live et albums studio couvrant la période 1996-2011 ! Les Occidentaux qui voudraient trouver leur chemin de Damas feront le détour par ses quelques hits, comme « Leh Jani » ou « Khataba », mais aussi les albums distribués par les Américains de Sublime Frequencies. Pour l’heure, il y en a quatre : Highway to Hassake (2007), Dabke 2020 (2009), Jazeera nights (2010) et Haflat Gharbia – The Western concerts (2011). C’est déjà ça.

Didier Stiers

Omar Souleyman @ Sonar 2009
Omar Souleyman – “Haram”
Omar Souleyman – “Leh Jani” @ Wassermusik 2010 (Berlin)


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