On commence à le savoir, l’industrie du disque va mal, le CD n’attire plus les foules. Pour les artistes, désormais, promotion, communication et vente de musique se font quasi exclusivement sur internet: albums en écoute streaming via Spotify ou Deezer, titres en vente sur iTunes ou Amazon, sans compter les MySpace, Facebook et autres… La manière de consommer la musique s’est dématérialisée et il faut suivre le mouvement. Mais combien gagne un artiste à l’ère du numérique? C’est ce qu’a cherché à savoir un groupe anglais du nom de Uniform Motion. Et on vous le donne en mille, c’est pas grand chose!
Uniform Motion est un groupe indie-folk anglais qui sort ces jours-ci son troisième album. Ses membres ont voulu savoir quelle part du gâteau digital allait leur revenir avec ce disque intitulé «One Frame Per Second». L’album est disponible sur les désormais classiques plateformes musicales sur le web (iTunes, Amazon, Deezer, Spotify,…), en CD et en vinyle. Mais pas en magasin, pour la bonne et simple raison que Uniform Motion n’est pas signé sur une maison de disques, et donc ne profite pas d’une distribution. Mais d’un autre côté, le fait de ne pas avoir de label leur permet de passer outre le middle-man lors de chaque vente. L’argent obtenu va donc entièrement au groupe. De quel montant parle-t-on exactement? On y arrive. Uniform Motion a calculé les montants qu’il touchait de chaque plateforme sur laquelle le disque est disponible.
Les sites d’écoute en streaming: Spotify et Deezer
Sur la plateforme d’écoute Spotify, le groupe touche… 0,0041$ par chanson écoutée. S’il vous prend d’écouter l’album en entier, ce montant monte jusque… 0,04$. Au bout de 10 écoutes, le groupe se fait 0,40$, au bout de 100 écoutes 4,05$ et au bout de 1000 écoutes, bingo, ce sont 40,50$ qui tombent dans la poche de l’artiste.
Chez Deezer, le principal concurrent de Spotify, les revenus sont presque doublés (0,0083$ par chanson écoutée; 0,0072$ pour l’album en entier; 71,73$ au bout de mille écoutes). Ce qui n’en fait pas pour autant une mine d’or, on aura compris.
Les sites de téléchargements légaux: iTunes et Amazon MP3
L’album de Uniform Motion coûte 8,66$ (8,91€) sur iTunes. Le site d’Apple fonctionne selon un partage 70%-30% en faveur de l’artiste. Il lui en reviendra donc 6,06$ (6,24€) par album vendu. Même système de partage 70%-30% sur Amazon, mais le coût du téléchargement est plus élevé (9,81$).
Ceci étant dit, Uniform Motion ajoute qu’il lui coûte près de 50$/an pour garder son album sur iTunes, Spotify et Amazon. Il faut donc qu’au moins 24 personnes téléchargent légalement le disque pour que le groupe rentre dans ses frais. Ce qui lui fait dire que «c’est plus économique de ne pas vendre sa musique du tout!» C’est légèrement plus viable pour le groupe si vous téléchargez le disque depuis leur site, mais c’est loin d’être du caviar non plus.
Les supports physiques: CD’s et vinyles
Dans le cas qui nous concerne, il n’y pas de maison de disques impliquée. Le groupe est donc seul bénéficiaire des ventes de disques (d’ailleurs disponibles uniquement via leur site web). Enfin, presque. Car il y a le coût de fabrication du CD (à peu près 5$ ou 3,50€), la commission à PayPal et Bandcamp (sorte de disquaire online qui promeut les artistes indé). Du coup, sur un CD vendu 14$ (10€), il en restera quelque chose comme 6$ (4,50€) pour le groupe. En comparaison, le système iTunes/Amazon est bien plus avantageux.
Les ventes de vinyle sont elles légèrement plus avantageuses. Le coût de fabrication est un peu moins cher que celui du CD (4,22$) mais vu le format, la vente par correspondance est un peu plus chère. En gros, pour un vinyle vendu 20€, le groupe touchera la moitié. En clair, le support physique n’est pas économiquement plus avantageux pour les artistes. Surtout quand il faut encore retirer de ce total la part de l’intermédiaire, à savoir la maison de disques…
Conclusion de tout cela? Les vieilles recettes restent les meilleures: si tu veux vivre de ta musique, prends donc la route!
Didier Zacharie
Laurent
17 septembre 2011 à 20 h 27 min
L’article est bien écrit, mais la base de recherche est incomplète voire erronée.
Ce genre de rentrée c’est dans le cas où le groupe traîte directement avec le portail ou revendeur en ligne, ce qui n’est pas toujours le cas.
Avec maintenant 200 revendeurs de musique en ligne, passer 200 contrats est un job à temps plein. Les artistes indé passent souvent par un agrégateur qui envoie les informations dûment complétées à tout le monde dans le format nécessaire.
Il est absolument illusoire de croire qu’on n’a besoin de d’iTunes comme référence car c’était comme à la Fnac auparavant, faut pas croire que parce qu’on a son cd à la Fnac que ça va mieux vendre, et surtout pas négliger le vrai disquaire.
De plus, dans les 30% pris en comm par iTunes, les gars ont oublié de parler du PUBLISHING et donc des droits d’auteur rétribués aux artistes sur base de ces 30% de com! Donc…les auteurs sont certainement US, pays où PERSONNE ne paie de Droits d’auteur quasiment. L’ASCAP (la sabam US) est une guilde sans aucun support d’état. 99% des gens oublient cette manne de blé, souvent aussi importante que les ventes de disques puisqu’elle rétribue les passages en FM.
Il serait bon ton de parfois vérifier les propos des protagonistes et au besoin les corriger, plutôt que de copier-coller à tout va. Si la SABAM lisait ça…LOL.
Fin bon, dis Frontstage, tu crois que tu auras une place pour mon album dans ton contenu rédactionnel au mois de novembre? Ce serait sympa pour un artiste indé Belge qui en aurait bien besoin, lui qui a jamais rien demandé à personne et a vendu plus de 500000 disques. Merci!
david0r
17 septembre 2011 à 21 h 48 min
j’ai vu cet article il y a des mois, vous n’avez rien de plus frais ?
ah oui, sinon le piratage a tué au pukkelpop …
non mais
Bernard
17 septembre 2011 à 22 h 19 min
Ne pas se faire d’illusions: un musicien gagne d’abord sa vie en enseignant ( 1500 à 2000 euros/mois net ), ensuite viennent les concerts ( ou les bals ) et ensuite, tant mieux si vient le succès. Ne pas croire non plus qu’on puisse se dispenser d’une solide formation de conservatoire. Artiste, c’est avant tout les 90 % de transpiration. Le reste, c’est comme la loterie: si on gagne, tant mieux. Si vous voulez faire fortune sans travailler, choisissez une autre voie.
Gael
18 septembre 2011 à 8 h 39 min
Oui…mais cet article ne parle pas de quantités !
L’un des effets du numérique, c’est la reproductibilité exacerbée – dès lors, si deezer reverse peu, mais sur des milliers d’écoutes, ça devient intéressant.
En n’abordant qu’un prix à l’écoute, on perd tout élément de comparaison : oui, la vente d’un CD correspond à 200 écoutes, par exemple. Mais si le site touche des millions de personnes, ça peut être valable, non ?
Je serais très intéressé d’un complément d’informations sur la répartition réelle des revenus d’un groupe à l’ère du numérique… mais une fois compté tout cela !
Usul
18 septembre 2011 à 11 h 04 min
Alors bon évidemment s’ils sont tellement bons, connus et réputés qu’il n’envisagent pas de vendre plus que … 24 albums par an sur iTunes ?!! On manque de bras dans l’agriculture hein donc !
Croyez-vous qu’à la grande époque, une “major” aurait mis de tels bras cassés sur son catalogue de vinyles ?
Imaginons maintenant un petit groupe correct fasse 1.000 téléchargements légaux de l’abum et 4.000 écoutes ça fera déja plus : 6.200 $. Rien de folichon d’accord. Mais un “gros” groupe en vendra vite 100.000 soit 600.000 $
Didier Zacharie
18 septembre 2011 à 11 h 40 min
@Gael: c’est effectivement la question… Mais ça dépend d’un groupe à l’autre selon leur notoriété.
Julien
18 septembre 2011 à 19 h 46 min
Il n’est pas indiqué le montant qu’une groupe gagne en une tournée de concerts… Est-ce voulu? Le but de l’article est fait pour qu’on ai pitié des artistes?
Jerome
26 septembre 2011 à 20 h 30 min
C’est justement parce que la musique sur la net rapporte ne que des sommes dérisoires que l’artiste militant français Duval Mc a eu la bonne idée d’offrir gratuitement son nouvel album en téléchargement gratuit, au rythme d’un titre tout le long de l’année 2011.
Fanch
29 septembre 2011 à 17 h 55 min
C’est aberrant ce qu’on peut lire dans ces commentaires… Les gars, on parle pas de groupes ayant une grande notoriété, de tous les “artistes” qui sont signés par des labels etc… Si vous n’êtes pas musiciens indépendants, vous ne pouvez pas comprendre le sens de cet article.
Le groupe dont on parle est totalement indépendant, il s’autofinance le studio, le pressage des disques, les tournées en van. Ici pas de label, pas de producteur, pas de tour bus, pas de roadies, … Ce sont des passionnés qui essaient de gagner leur croûte en faisant de la musique et c’est pas simple, surtout de nos jours où les gens téléchargent illégalement, d’autres se plaignent du bruit près des lieux musicaux ce qui entraine la limitation des concerts ou la fermeture de ces établissements. Et là, on ne peut plus jouer.
Biensûr, retirer le label, le producteur, etc… limite les intermédiaires et fait une “très légère” rentrée d’argent en plus, mais ça limite aussi la diffusion, la publicité et tutti quanti…
Usul, on ne parle pas de “gros” groupes ici, ce n’est pas le propos de l’article, mais bien d’un groupe indépendant. Évidemment, ils vendront probablement plus de 24 disques, mais ça ne montera sûrement pas jusqu’à 1000… Penses-y avant de parler directement de “bras cassés” 😉
Gilles
2 octobre 2011 à 17 h 32 min
“Conclusion de tout cela? Les vieilles recettes restent les meilleures: si tu veux vivre de ta musique, prends donc la route!”
Situation parfaitement résumée!
Perso j’ai développé mon site d’écoute de musique en ligne qui s’appelle likeTRAX (http://www.liketrax.com) et bon but est de faire découvrir facilement de nouveaux groupes mais surtout pousser les gens a aller a leur concert!